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4.5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) le : 18/11/1960
Biographie :

Il est politologue et philosophe.
Il est l'auteur de livres sur Sartre.
Il a dirigé le Centre de Recherche et d'Information Socio-Politique jusqu'en 2013.
Il enseigne depuis à l'ULB (université libre de Bruxelles.

Source : Wikipedia, Le Soir
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Vincent de Coorebyter
Après la Seconde Guerre mondiale, le sentiment d’une marche vers l’égalité a régné en maître : les femmes, les jeunes et différentes minorités culturelles ont conquis de nouveaux droits. Le système semblait tenir ses promesses. Et à ce moment encore, la conquête de l’égalité n’empêchait pas le respect de l’autorité. Certaines décisions politiques étaient contestées du fait de leur contenu, mais le principe d’une délégation de pouvoir au profit de professionnels qualifiés restait admis, de même que l’on faisait crédit aux enseignants, aux médecins ou aux scientifiques d’en savoir plus long que le citoyen ordinaire. Aujourd’hui par contre, l’indépendance des élus à l’égard de leurs électeurs, leur droit à s’écarter des attentes populaires, se heurte à un scepticisme radical. L’esprit critique s’est aiguisé, la prétention à s’informer et à juger par soi-même s’est installée, le refus de plier s’est généralisé. On n’accepte plus de décisions au nom de la supériorité présumée de leurs auteurs : de plus en plus de citoyens s’estiment aussi qualifiés que les professionnels de la politique – voire plus, puisque le citoyen est le mieux placé pour savoir ce qu’il désire ou ce qui est bon pour lui. L’égalité est devenue l’ennemi de l’autorité : voter pour en laisser d’autres décider à ma place suppose un degré de confiance qui s’est effondré.

Autre effet de l’individualisme, qui aggrave une tendance immémoriale : la difficulté à subordonner son intérêt particulier à l’intérêt général, à relativiser sa propre situation au vu de celle des autres. Même s’il est loin de s’y réduire, l’individualisme enveloppe une attention privilégiée à sa propre personne, ce qui fragilise la reconnaissance d’intérêts supérieurs, la déférence à l’égard d’idéaux comme la nation ou la collectivité, notions devenues obsolètes. On le voit bien en cette période de pandémie : si les mesures prises sont d’ordre général, on les dénonce au nom de sa situation particulière, on s’estime discriminé ; et si le contexte se prête à des mesures sectorielles, on n’hésite pas, souvent, à user d’un lobbying intense pour bénéficier du meilleur arbitrage possible. La politique est plus que jamais le théâtre d’affrontements entre intérêts catégoriels, qui culminent lors de certains Codeco consacrés à la crise sanitaire et qui handicapent l’adoption de compromis équilibrés : c’est le règne du rapport de force.

Une troisième conséquence de l’individualisme est rarement évoquée, car elle est contre-intuitive. L’individualisme n’est pas synonyme de narcissisme, d’indifférence au regard des autres : il induit au contraire un besoin éperdu de reconnaissance, de marques de respect, de manifestations concrètes de considération. C’est une des racines du « wokisme » dont certains s’inquiètent tant : par-delà l’égalité des droits et la lutte contre les discriminations, ce qui s’exprime de plus en plus est l’exigence de faire respecter sa singularité et celle de son groupe, sans plus admettre que d’autres, élus ou experts, se substituent aux intéressés ou ignorent leur sensibilité. Alors que la théorie de la démocratie repose sur l’idée de volonté politique du peuple, d’attentes de type programmatique qu’il suffirait de traduire en dispositifs légaux – ce que les professionnels de la chose publique ont appris à faire –, émerge aujourd’hui une tout autre attente : celle de preuves d’amour, d’écoute ou d’empathie, en l’absence desquelles surgit un sentiment d’abandon ou de mépris. Le succès des leaders populistes s’enracine dans cette soif de reconnaissance : on les apprécie moins pour leurs décisions que pour leurs signes d’affection ; leur rôle est moins de représenter le peuple que de le choyer.

Les élus qui jugent leurs décisions légitimes parce que rationnelles, fondées sur l’intérêt général ou sur un compromis équilibré, défendent une idée noble mais sociologiquement dépassée de la démocratie. C’est une des raisons pour lesquelles le sentiment de crise démocratique ne faiblira pas en 2022 : notre système politique est débordé par l’époque.

[Journal « Le Soir », 27/12/2021]
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[À propos du vote obligatoire, comme il l’est en Belgique]
Toutes les études montrent que ce sont les couches populaires, moins instruites et socialement moins insérées, qui s’abstiennent le plus de voter; les forcer à le faire permet d’éviter qu’elles soient, en outre, défavorisées au plan politique, qu’elles exercent moins d’influence que d’autres catégories sociales.
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[À propos du scrutin majoritaire (France, par exemple, opposé au scrutin proportionnel (Belgique, par exemple)]
Le premier [avantage] est que, à l’issue du scrutin de type majoritaire, il se dégage généralement une majorité parlementaire et gouvernementale stable, soit de gauche, soit de droite, qui peut mener une politique claire, nettement identifiée, compréhensible pour les citoyens, sans compromis boiteux.
[...]
C’est le deuxième avantage du système : il enclenche une dynamique qui permet de modifier l’ordre des choses, même sur la base d’une simple minorité électorale.
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[À propos des décisions prises à la majorité numérique]
Si ce n’est pas le nombre qui l’emporte, comment trancher ? On en revient à ce principe de base de la démocratie: il n’y a pas d’échelle objective de la vérité politique, aucune procédure rationnelle, aucune tradition religieuse, ou autre, qui nous dise avec certitude qui a raison et qui a tort. Si l’on admet ce point, il faut s’en remettre à la loi du nombre pour deux raisons majeures. D’abord parce que c’est un critère simple, facile à appliquer, et dont on peut vérifier qu’il a bien été respecté. De ce fait, il garantit la paix civile, il permet d’assurer des passations de pouvoir sans discussion, sans risque de troubles. Ensuite parce que la majorité donne satisfaction au plus grand nombre, crée le moins de frustration possible : ceux qui n’ont pas vu leur volonté politique l’emporter sont moins nombreux que ceux qui ont obtenu satisfaction. C’est déjà ça.
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Article 42 de la Constitution belge : «  Les membres des deux Chambres représentent la nation, et non uniquement ceux qui les ont élus. »
[...]
Constitution de 1791 [France]: «  Les représentants nommés dans les départements ne seront pas représentants d’un département particulier, mais de la nation entité, et il ne pourra leur être donné aucun mandat. »
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