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Citations sur La lanterne de l'aubépine (10)

Je viens de marais aux fermes efflanquées,
Vieilles terres rapiécées que les pile ou face
De l'histoire ont laissé emmêlées.
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Le brouillard est ici un présage redouté mais l'éclair
épelle la bonté universelle et durant les orages
les parents suspendent aux arbres leurs enfants emmaillotés.
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Quand tous étaient partis à la Messe
J'étais tout à elle. Nous pelions des pommes de terre.
Elles brisaient le silence, lâchées une à une
Comme la soudure pleurant sous le fer à souder :
Maigres douceurs entre nous qui étaient notre partage,
Et étincelaient dans un baquet d'eau claire.
Puis à nouveau le plaisir d'éclaboussures légères
Qui touchaient l'autre et nous rendaient à nous.
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À Wicklow aussi un chien a pleuré cette nuit
en souvenir de Donatus Nwoga

Quand les humains eurent compris ce qu’était la mort
Ils envoyèrent à Chukwu un chien porteur de ce message :
La maison de la vie devait leur être ouverte.
Ils ne voulaient pas finir à jamais perdus
Comme le bois brûlé disparaît en fumée
Et cendres dispersées au vent. Non : leurs âmes
Étaient comme une troupe d’oiseaux croassants
Au crépuscule, revenant aux mêmes perchoirs,
Aux mêmes purs climats, aux ailes étirées du matin.
La mort serait comme une nuit passée dans la forêt :
À l’aube, chacun serait rentré dans la maison de la vie.
(Voilà ce que le chien devait dire à Chukwu.)

Mais le chien oublia la mort et les humains, préférant
Quitter le sentier en trottinant pour aboyer
Car un autre chien, en plein soleil, lui aussi aboyait
Depuis l’autre rive d’une large rivière.

Et c’est ainsi que le crapaud parvint avant lui chez Chukwu,
Le crapaud qui avait entendu les premiers mots
Du message du chien. « Les humains », dit-il
(Et sur ce point le crapaud sut convaincre),
Le humains veulent que la mort dure toujours. »

Alors Chukwu conçut leurs âmes comme des oiseaux
Volant à sa rencontre, taches noires sur le crépuscule,
Vers un lieu sans arbres ni perchoirs
Ni aucun retour vers la maison de la vie .
Et son esprit s’emplit de rouge et de noir tout ensemble
Et, de ce que le chien lui apprit par la suite, rien ne put
Modifier cette vision. Grands chefs, grandes amours
Dans la lumière effacée, le crapaud dans la boue,
Le chien pleurant toute la nuit derrière la maison des morts.
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A dog was crying tonight in Wicklow also
in memory of Donatus Nwoga

When human beings found out about death
They sent the dog to Chukwu with a message :
They wanted to be let back to the house of life.
They didn’t want to end up lost forever
Like burnt wood disappearing into smoke
Or ashes that get blown away to nothing.
Instead, they saw their souls in a flock at twilight
Cawing and headed back for the same old roosts
And the same bright airs and wing-stretchings each morning.
Death would be like a night spent in the wood :
At first light they’d be back in the house of life.
‘The dog was meant to tell all this to Chukwu).

But death and human beings too second place
When he trotted off the path and started barking
At another dog in broad daylight just barking
Back at him from the far bank of a river.

And that is how the toad reached Chukwu first,
The toad who’d overheard in the beginning
What the dog was meant to tell. ‘Human beings’, he said
(And here the toad was trusted absolutely),
‘Human beings wants death to last forever’.

Then Chukwu saw the people’s souls in birds
Coming towards him like black spots off the sunset
To a place where there would be neither roosts nor trees
Nor any way back to the house of life.
And his mind reddened and darkened all at once
And nothing that the dog would tell him later
Could change that vision. Great chiefs and great loves
In obliterated light, the toad in mud,
The dog crying out all night behind the corpse house.
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Voir les choses

Inishbofin un dimanche matin.
Soleil, fumée de tourbe, mouettes, embarcadère, diesel.
Un par un on nous aide à descendre dans un bateau
qui chaque fois plonge et se tortille
Effroyablement. Nerveux, nous sommes assis serrés
À deux ou trois sur des bancs de traverse,
Dociles, étrangers soudain proches, personne ne dit rien
Sauf les marins quand les plats-bords s’enfoncent,
Prêts, dirait-on, à prendre eau à tout instant.
La mer était fort calme, mais néanmoins,
Lorsqu’à la ruade du moteur notre passeur
Prenant le gouvernail perdit presque l’équilibre,
Je m’effrayai des dérobades balourdes
De notre embarcation. Ce qui faisait notre sûreté –
Rapidité de réponse, élasticité, élan –
J’en étais mort de peur. Et tout le temps
D’une traversée calme et sans accroc
Sur une eau immobile, profonde et transparente,
Il m’a semblé que c’était d’un autre bateau,
Voguant haut dans les airs, que j’observais
Combien précaire était notre avancée dans le matin,
Et impuissant j’aimais nos têtes nues, courbées, dénombrées.
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Mint

It look like a clump of small dusty nettles
Growing wild at the gable of the house
Beyond where we dumped our refuse and old bottles :
Unverdant ever, almost beneath notice.

But, to be fair, it also spell promise
And newness in the back yard of our life
As if something callow yet tenacious
Sauntered in green alleys and grew rife.

The snip of scissors blades, the light of Sunday
Mornings when the mint was cut and loved :
My last things will be first things slipping from me.
Yet let all things go free that have survived.

Let the smells of mint go heady and defenceless
Like inmates liberated in that yard.
Like the disregarded ones we turned against
Because we’d failed them by our disregard.
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Menthe

Bouquet de petites orties poussiéreuses,
Herbes folles au flanc de la maison,
Elle poussait derrière les déchets et les bouteilles vides,
Jamais verdoyante, presque invisible.

Disons-le : elle était aussi une promesse,
Une fraîcheur dans l’arrière-cour de notre vie,
Quelque chose d’inachevé mais de tenace
Qui flânait parmi les allées vertes.

Petits coups de ciseaux, lumière du dimanche
Matin où l’on coupait la menthe avec amour :
Restera cela même qui m’échappe aujourd’hui.
Donnez leur liberté aux choses qui survivent.

Que les odeurs de menthe se fassent capiteuses, démunies,
Prisonnières qu’on libère en cette cour,
Victimes de notre indifférence que nous condamnons
Pour les avoir trahies par notre indifférence.
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Seeings things

Inishbofin on a Sunday morning.
Sunlight, turfsmoke, seagulls, boatslip, diesel.
One by one we were being handed down
Into a boat that dipped and shilly-shalliied
Fearsomely every time. We sat tight
On short cross-benches, in nervous twos and threes,
Obedient, newly close, nobody speaking
Except the boatmen, as the gunwales sank
And seemed they might ship water any minute.
The sea was very calm but even so,
When the engine kicked and our ferryman
Swayed for balance, reaching for the tiller,
I panicked at the shiftiness and heft
Of the craft itself. What guaranteed us –
That quick response and biyoncy and swim –
Kept me in agony. All the time
As we went sailing evenly across
The deep, still, seeable-down-into water,
It was as if I looked from another boat
Sailing through air, far up, and could see
How riskily we fared into the morning,
And loved in vain our bare, bowed, numbered heads.
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Apparitions

Inishbofin un dimanche matin.
Soleil, fumée de tourbe, mouettes, diesel, cales des navires.
On nous aidait à descendre l’un après l’autre
Sur une embarcation que chaque passager faisait tanguer
Dans un vacillement sinistre, avant de nous serrer
Sur les bancs de traverse, par petits groupes craintifs,
Obéissants et mal à l’aise ; nul ne parlait que l’équipage
À chaque immersion des plats-bords
Qui semblaient près de prendre l’eau.
Malgré le calme de la mer,
Les secousses du moteur obligeaient le pilote
À maintenir son équilibre en manoeuvrant la barre :
La réticence et le poids de l’embarcation m’emplissaient
D’épouvante. Cela même qui garantissait notre salut
– soubresauts, légèreté, mouvement –
Faisait ma terreur. À chaque instant
De cette traversée, à la surface régulière
D’une eau profonde et calme, dont on voyait le fond,
C’était comme si j’observais la scène de très haut,
Sur un autre bateau voguant parmi les airs, effaré
Par les périls de cette plongée dans le matin,
Et j’avais pour nos têtes nues,
Courbées, comptées, un inutile amour.
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