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Critique de oran


Analepse : le 15 juin 1939, Frédérique Hébrard a 12 ans. « Riquette », c'est un petit bout de femme espiègle, mutine, à l'imagination malicieuse qui, déjà, manie joliment une plume fertile et délurée notamment pour écrire à son Marc-Antoine des billets doux qu'elle signe avec emphase Cléopâtre parce que la jeune adolescente est aussi amoureuse de l'Histoire et de ses grands héros.
Frédérique est confiée quelque temps aux bons soins de sa grand-mère maternelle (celle de qui elle prendra le patronyme) résidant à Nîmes, une féministe , une de ces femmes qui « à force de crier » ont permis aux générations suivantes « de parler doucement ».
Un cadre austère, celui d'une famille parpaillote, un environnement familial composé de personnes âgées, un peu contraignant pour la jeune-fille en devenir.
Mais la « défaite » va lui permettre de retrouver ses parents – un père conservateurs des musées nationaux : Versailles, Chambord, le Louvre, - une mère archiviste et bibliothécaire.
La famille s'installe, dans un premier temps, au château de Loc-Dieu, dans l'Aveyron qui va accueillir pendant un certain temps une partie des 4 000 oeuvres évacuées du Louvre (notamment les Noces de Cana et la Joconde) Puis, se sera Montauban, et le musée Ingres où sera conservé une partie des tableaux constituant notre patrimoine culturel.
La petite famille trouve à louer un appartement suranné mais qui recèle des merveilles : un dessin original d'Ingres, natif de ce chef- lieu du Tarn et Garonne, un piano et surtout une vaste pièce qui abrite un joyau : une bibliothèque richement garnie , ce sera, décide le père, la chambre de Goethe un Allemand qui n'appartient pas à Hitler mais à tous comme les tableaux du Louvre, comme le mont Aigoual, comme Molière, comme le soleil. Mais Goethe (lui aussi protestant) c'est aussi le symbole, dans cette époque perturbée, du bien sur le mal, de la tolérance, de l'esprit des Lumières, de l'espoir et de la Liberté à retrouver. « Un jour nous serons libres ». « Mit Gott und Goethe. »
1980 : Frédérique Hébrad, se rend, à Montauban. Dans cette nouvelle déambulation, elle fera un constat poignant: l'emprise du mal est, hélas, toujours aussi forte, mais il ne faut pas sombrer dans la désespérance, il faut continuer à croire, espérer en l'humanité « une espèce hybride, bisexuée comme une fleur et qui cherche à se fondre en une seule chair depuis l'Eden perdu, race de Caïn mais aussi race d'Abel, toujours en marche vers l'inatteignable bonheur ».
Un récit autobiographique, imagé, empreint d'humanité, d'humour, qui dit la vie avec réalisme, poésie, qui raconte ses bons moments, les autres aussi les autres, plus douloureux (les arrestations, les déportations…)
Ce livre a été couronné par le Prix Roland Dorgelès qui récompense des journalistes (télévision et radio) qui contribuent au rayonnement de la langue française.
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