Gérard Collard recevait dans le cadre du neuvième salon du livre de poche Saint-Maur en Poche 3 auteurs français sur la scène de la Griffe Noire. L'occasion d'en savoir plus sur Frédérique Hébrard, Catherine Velle et David Lelait-Helo...
Elle était une fois de Frédérique Hébrard aux éditions Flammarion
« L'ai-je vécu? L'ai-je rêvé ? Peu importe: je vous le raconte.»
À la veille de ses quatre-vingt-dix ans, Frédérique Hébrard, l'auteur du Château des Oliviers, de la Demoiselle d'Avignon, de la Chambre de Goethe et de tant d'autres succès, se raconte à la première personne. Une vie d'artiste, entre ombre et lumière, qui affiche avec pudeur les cicatrices du bonheur.
9782081395220
Un pas dans les nuages de Catherine Velle aux éditions Anne Carrière
Après le décès dramatique de sa jumelle, Alex, seule pour la première fois de sa vie et brisée de chagrin, trouve refuge sous une nouvelle identité dans les Cévennes pour animer une petite radio locale perdue en pleine montagne. L'endroit est sauvage et inquiétant... comme certains habitants, d'ailleurs. Alex subit des accès de terreur, très inhabituels chez elle. Heureusement, il y a cet Observatoire météo, au sommet du mont Aigoual, qui l'attire comme un aimant. Elle y découvre un horizon et des conditions climatiques extrêmes toujours différentes. À l'image de son existence. Elle y connaît aussi des amitiés nouvelles, et un homme qui la bouleverse et qu'elle commence à aimer. Petit à petit, c?ur et corps bousculés par les éléments, Alex écrit sa nouvelle vie.
Mais on ne tourne pas impunément le dos à son histoire. C'est au moment même où elle croit toucher enfin à la paix et au bonheur que son passé la rattrape soudain, mettant en péril tout ce qu'elle a réussi à construire.
Alex saura-t-elle entendre les voix du vent, des arbres et des êtres qui pourraient l'aider... ?
9782843377839
Romy de David Lelait-Helo et Alain Delon aux éditions Télémaque
Très vite, Romy Schneider a détesté cette Sissi qui lui avait ouvert les portes du succès : ses crinolines étaient une camisole quand l'adolescente, elle, ne rêvait que de liberté. C'est auprès d'Alain Delon qu'elle va découvrir la vraie vie, les plaisirs d'amour autant que ses chagrins, l'autorité de Visconti et les rôles exigeants. Mais bientôt elle répète qu'elle a fait fausse route : au fil de ses personnages de cinéma, elle se consume comme si à chaque rendez-vous elle cédait un peu d'elle-même. Car Romy n'est pas une comédienne de l'extraordinaire, elle est la femme des passions franches et courageuses du quotidien.
9782753303201
Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri de David Lelait-helo aux éditions Anne Carrière
Dès l'enfance, Milou a des ambitions qui ont de quoi surprendre. Dans la cour de récréation, ce drôle de petit garçon aime jouer à la princesse, et faire de ses copines ses soldats. Il s'imaginera aussi un destin dans la peau d'un monstre orange, le Casimir de L'île aux enfants, avant de se mettre en tête qu'il est la plus puissante des reines d'Égypte.
Mais quand il a treize ans, une voix fait chavirer tous ses projets. Celle de Nana Mouskouri.
C'est décidé : il sera cette femme-là !
Que d'embûches... Car Milou n'est pas grec, il ne porte ni lunettes ni longue robe pailletée, il ne sait pas chanter et, pire que tout, il découvre, effaré, qu'il est un garçon.
Pourtant, Milou a plus d'un tour dans son sac...
Son truc à lui, au fil des années, jusqu'au soir de ses quarante ans, c'est de défier le réel pour suivre son rêve. Un rêve qui le mènera bien plus loin qu'il ne l'avait imaginé...
9782843377914
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Mais qu’est-ce qu’on lui a fait ? Mais pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi M. Oppenheimer ! Il était si gentil ! Je suis sûre qu’il n’a jamais fait de mal à personne ! Pourquoi lui en a-t’on fait ? Pourquoi ?
Parce qu’il est juif.
Juif. Etre juif. Juif. C’est donc un crime ? Jésus est juif ! Dans la bible on est tous juifs ! Je n’avais jamais pensé que c’était si terrible d’être juif ! Je croyais que c’était plus difficile d’être protestant depuis que les filles nobles et catholiques au lycée de Versailles, m’avaient dit : « Sale protestante ! »
Il ne faut jamais rien attendre de la vie mais tout en espérer.
LOUIS
Pour certains, notre destin est fixé à l’avance. Dieu a fait son choix parmi nous. Les uns, oui, les autres, non. S’il en est ainsi, la partie est déjà jouée et nos efforts ne sont que des gesticulations dérisoires. Dieu est un despote et la création, un caprice.
Cette immobilité, cette insensibilité devant les angoisses de l’homme l’apparenteraient à une idole dont la face impénétrable ne s’anime que pour manifester son mécontentement. Alors ont fait monter vers lui nos encens, nos prières, nos supplications pour apaiser son courroux, et lui demander ― d’intervenir pour changer la place des pièces quand la partie ici-bas devient trop rude ou trop inquiétante.
Cette version me paraît désespérante, et pour tout dire inacceptable.
Mais alors où est mon erreur ?
LOUIS
Je redescendis vers le presbytère. Le curé était sur le seuil avec Frédérique ; dès qu’il me vit il s’élança vers moi, les deux bras levés vers le ciel, en me criant d’une voix triomphante :
― Elle est païenne ! Elle est païenne !
Que voulait-il dire ? Je regardai Frédérique, souriante, lui transfiguré !
Il m’apprit alors que ma fiancée, que je croyais protestante, n’avait jamais été baptisée, et qu’ainsi le sacrement pouvait nous être administré, ah ! dans une chapelle latérale, n’exagérons pas ! … ; Autrement dit si Frédérique avait été chrétienne nous aurions eu les pires problèmes. Son paganisme aplanissait les difficultés ; allez comprendre !
C'était l'aube, les oiseaux et les bêtes s'éveillaient dans le parc Royal, le grenadier d'Adélaïde au garde-à-vous près de la grille, bonnet de fourrure, uniforme bleu, baïonnette au canon, impassible et immobile, sentit le froid le pénétrer. Il pensa que l'hiver était proche et cela le remplit de joie. Bientôt la neige tomberait et on pourrait se rouler torse nu dans les champs poudreux, plonger dans les eaux chargées de glaçons ! Quel agréable pays que la Kurlande !
LOUIS
Elle et ses nattes m’accompagnèrent jusqu’au salon où se tenaient ses parents. « Voilà Louis ». Elle s’éclipsa et me laissa en présence de ses parents.
André Chamson se tenait debout derrière la table qui lui servait de bureau. André Chamson me désigna par-dessus la table, en me disant : « Monsieur, je vous écoute. » Le temps de m’assoir, le discours que j’avais préparé s’était évaporé. […].
― Eh bien, voilà … Je vous remercie d’abord de m’accueillir à une heure aussi tardive … .André Chamson, d’un léger mouvement de tête m’indiqua que c’était peu de chose.
― … Je suis venu pour … pour que vous sachiez que … Frédérique et moi, nous … enfin …
Ma voix dérapait. […] André Chamson me vit à la peine. Ce n’était pas un homme sans cœur, et il ne fallait pas insister pour qu’il prenne la parole. Il me tira d’embarras.
La vie nous oblige à changer d'espérance comme de vitesse.
Ils furent bien inspirés, les papes d'Avignon, quand ils bâtirent sur le roc leur castel Gandolfo !
Châteauneuf est une fête.
Caves, caveaux, tonneaux, tonnelets, bouteilles à emporter, terrasses fraîches où s'attabler, la rue est une profession de foi. La vigne enserre le village et des flèches mènent les touristes vers les châteaux où, sous des voûtes obscures, on leur fera goûter le vin marqué de la tiare.
FREDERIQUE
J’avale l’alphabet sous forme de pâtes à potage. Tatie a été institutrice et se réjouit de nourrir à la fois mon corps et mon esprit.
« Epelle ta soupe, ma Riquette … »
J’assemble les lettres molles, je forme des mots, j’épelle, j’engloutis … je lis. La famille est dans la joie, et Papa me donne mes deux premiers livres. La Bible et Les Mille et Une Nuits.

Bientôt les gestes se ralentirent. Les petits, suspendus, n'osaient pas bouger. François lui-même, aussi étonné qu'eux de l'histoire qu'il racontait, s'était appuyé à sa bêche - attentif à ce qui allait suivre. C'était une longue histoire de poursuite entre le chasseur et la bête, histoire pleine de péripéties, de feintes, de courses, de halètements, de dérobades dans des paysages sans cesse nouveaux, habités de divinités appropriées - qui les entrainaient au loin, franchissant fleuves, prairies, forêts, mais sachant qu'il faudrait revenir ici même, sur ce rocher, pour que l'histoire trouve son sens et soit bouclée.
Vingt fois la proie paraissait atteinte, vingt fois elle trouvait de nouvelles ressources, mais la distance qui la séparait du chasseur diminuait inexorablement. et tandis que le dénouement approchait, Koba approchait également et venait s'intégrer sans le savoir dans l'histoire que François inventait.
- ... Et alors ? demanda Sylvain.
- Quand le chasseur vit tant de larme dans les yeux de la biche, il eut pitié d'elle. Il abaissa son arc et lui dit : "Va ! je t'épargne."
- Et alors ? souffla Daphné.
- ... et alors, tout d'un coup, sous les yeux du chasseur ébloui, dans la lumière du soleil couchant, la biche prit la forme d'une longue jeune fille blonde qui se tenait debout entre les oliviers.
Koba venait d'apparaître telle que François la décrivait. Elle restait immobile, elle aussi suspendue, étourdie, ne sachant si elle vivait, si elle rêvait.
- Alors il lui dit : "Oh ! toi que j'ai poursuivie si farouchement que mon cœur en souffre encore, es-tu mortelle ? Es-tu déesse ?"
Si bien que Koba s'entendit répondre :
- Je suis mortelle, monsieur.
À cette voix nouvelle, Daphné, Sylvain furent frappés de stupeur. Était-ce vraiment la déesse ? cette grande jeune fille blonde dont venait de parler François; Celui-ci se retourna lentement, à la fois inquiet et amusé.