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Critique de Patmarob


« Swoosh » est annoncé comme roman « coup de poing » …. L'auteur, Lloyd Hefner, est quasi inconnu. le traducteur, Frédéric Roux, ancien boxeur et écrivain a relevé le défi : plonger le lecteur dans une histoire soumise à la fureur des mots et rythmée au pas de charge.
La dédicace donne le ton, le livre est dédié à Kurt Schwitters, artiste allemand rattaché au mouvement surréaliste dada, à Quentin Tarantino, dont les films allient esthétisme et violence, et à Michel Ohl, maître de l'absurde, membre du collège de Pataphysique.
La première phrase synthétise, en peu de mots, la psychologie du personnage principal, Sadie : « j'aime l'argent et je n'ai pas de morale ». le jour elle étudie, la nuit elle vend de la drogue à des clients aisés. Son colocataire, un professeur d'aérobic noir au physique impressionnant, se soumet à un seul objectif : être sacré Monsieur Muscle. le quotidien des personnages reflète leur idéal de vie : consommer et paraître. Les objets sont des compagnons dont la marque authentifie la qualité et légitime la possession. Ils sont énumérés, nommés en forme d'avalanche de biens. La société de consommation s'impose à New York en ces années 90.
L'histoire est scénarisée en séquences cinématographiques, rythmées par des références musicales éclectiques. Lafayette, le frère d'Ike, a été retrouvé mort d'une overdose. Ike n'y croit pas…Aidé de Sadie et de ses frères jumeaux (l'un est catcheur, l'autre est travelo), il se lance dans une enquête dont les ressorts ne cherchent pas la crédibilité.
Ils abordent la Mau Mau Alliance, secte dont le mantra est « fils de Cham de la tribu de Shabbazz » …. toute dévouée à un gourou aussi fou que dangereux.
Le rythme, le visuel et le sonore s'imposent. Les onomatopées illustrent cet univers New Yorkais violent. le titre, SWOOSH, traduit le bruit d'une lame de machette qui s'abat sur le sexe d'un ennemi, au final d'une scène aux détails érotiques crus.
Leur recherche les mène à fréquenter le monde artistique de New York : la « peinture » de ce cénacle est sans pitié. L'hypocrisie, la cruauté des échanges définissent un langage ampoulé et codé où l'abstraction est de rigueur. Quant aux oeuvres elles-mêmes… elles servent d'alibis aux super-riches « qui ont déjà tout » ! L'auteur décrit sans concession une société sans scrupule qui fonctionne sur elle-même.
La typographie varie les types et la taille des caractères d'imprimerie. Elle traduit la volonté de la maison d'édition TOHUBOHU de composer un ouvrage visuel et esthétique.
Ainsi SWOOSH apparaît polymorphe. Surfant sur un style trash, il énumère les références artistiques des années 90. Il accumule les objets aux marques de référence, et provoque un rejet de la consommation à outrance.
Roman dérangeant, il ne laisse pas le lecteur indifférent. Si le genre m'est peu coutumier, l'intérêt a été maintenu, particulièrement dans la satire du milieu artistique.
Merci à Babelio pour l'opération « masse critique » et à la maison d'édition TOHUBOHU pour ce livre à la présentation soignée.




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