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Critique de Christophe_bj


« [S]on père, celui qui l'avait élevé, façonné pour le meilleur et pour le pire, […] était aussi celui qui l'avait précipité dans les plus grands désarrois de toute sa vie. » ● Pius Ringeling, né en 1901, un vétéran de la Première Guerre mondiale, est professeur d'allemand, anglais et chimie au lycée de Heiligenstadt à l'est de l'Allemagne. Il est marié à Wilhelmine, professeure à l'école d'infirmières et sages-femmes. Ils ont trois enfants, Magdalena, l'aînée, Hartwig et Friedward, né le 1er septembre 1933. Pius Ringeling élève ses enfants à la dure. S'il ne met que quelques claques à sa fille, ses fils reçoivent le fouet à la moindre incartade. Pour échapper à son père, Magdalena se marie au plus vite avec Karl Lehmann qui a déjà une fille, Gundula, et Hartwig s'enfuit à seize ans en s'embarquant sur un cargo frigorifique à destination des Etats-Unis. A quinze ans, Friedward réussit par un dialogue habile à mettre un terme provisoire aux sévices que son père exerçait sur lui. Il se lie d'amitié avec un nouveau venu au lycée, Wolfgang Zernick, le fils du nouveau cantor de l'église. Ils sont tous les deux de brillants élèves et, arrogants, se tiennent à l'écart des autres. ● le titre, Désarrois fait explicitement référence aux Désarrois de l'élève Törless de Musil, qui est cité dans le roman, de même qu'est cité Tonio Kröger de Thomas Mann. ● Christoph Hein est un conteur hors pair. J'avais déjà énormément apprécié L'Ombre d'un père. Dans ce roman-ci on trouve aussi un père dysfonctionnel. Pius est extrêmement sévère et l'éducation qu'il donne à ses enfants, notamment à Friedward, qui est le personnage principal, va avoir des conséquences sur toute leur vie. ● On a toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qui va arriver après, la tension narrative est permanente et pourtant elle est établie sans effet de manche, sans esbroufe, dans un récit qui va son chemin, avec des surprises. ● le roman évite tout manichéisme ; même s'il est clair que la RDA était une dictature, certaines choses étaient peut-être meilleures à l'Est qu'à l'Ouest et les conditions de la réunification, notamment à l'Université, posent problème. ● Pius est un fervent catholique dans un pays communiste sans que cela paraisse être problématique. En revanche, sa foi s'oppose catégoriquement à l'homosexualité de son fils Friedward, ce qui est une des lignes narratives principales du roman. ● Malgré tout, le roman laisse un peu le lecteur sur sa faim. Les années d'adolescence de Friedward sont racontées avec beaucoup de détails, mais ensuite, l'auteur passe beaucoup plus vite sur ses années d'homme adulte et la fin m'a paru très abrupte. Contrairement à beaucoup de romans contemporains, j'ai trouvé que celui-ci aurait facilement pu compter une centaine de pages supplémentaires. ● Je recommande néanmoins ce beau roman qui se lit avec grand plaisir.
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