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sur 109 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La vie de Herbjörg María Björnsson dite Herra méritait bien un roman. Née sur une île lointaine d'Islande fouettée par la mer, elle n'a cependant jamais eu à subir l'érosion de l'océan, n'ayant jamais cessé de porter la liberté comme un étendard.

Si elle a partagé la vie aux côtés de nombreux hommes et de nombreuses cigarettes, elle doit désormais composer avec l'emphysème, les rhumatismes et un cancer. Et c'est certainement la perspective de la mort qui conduit cette femme de quatre-vingt ans au tempérament bien trempé à raviver sa mémoire pour retracer une vie brûlée par les deux bouts, une trajectoire sinueuse sans concession, sans scrupule entre la rude campagne islandaise et les voluptés parisiennes, des dorures du palais présidentiel de Reykjavik à la pampa poussiéreuse d'Argentine.
Les premiers souvenirs jaillissent en un flot d'impulsions et d'images désordonnées, laissant l'impression d'un récit éclaté n'obéissant à aucune trame linéaire, comme marqué de l'empreinte d'une femme qui aurait vécu sept vies traversées comme un défi. Témoin de la guerre et de la bêtise des hommes dés l'enfance, elle a appris à regarder le monde avec une lucidité décalée. le ton est enjoué, la parole fait preuve d'une spontanéité cinglante et légère sous forme d'expressions revisitées ou de pirouettes littéraires. Il faut reconnaître aussi qu'au crépuscule de la vie, on s'embarrasse moins des convenances et des susceptibilités, on aspire à dire l'essentiel qu'on a tu parfois pendant toute une vie.
Une fois les grandes lignes de cette biographie reconstituées, ce roman se lit comme une aventure enthousiasmante.
Mais l'écriture s'assouplit et la trame devient plus classique lorsque le goût immodéré pour l'aventure ne parvient pas à cacher un regard mélancolique, un coeur lourd et des blessures intimes. le ton se fait alors plus grave. L'indépendance farouche et le féminisme revendiqué se fendent, les mots se font plus tendres à l'évocation d'un père aveuglé dont le coeur résidait toute sa vie durant entre les mains de Herra sous la forme d'une grenade. Sans oublier le chaos de la guerre qui a dépouillé la petite fille de ses rêves.


Même si cette biographie est une oeuvre de fiction, elle raconte avec une lucidité amusée l'Histoire au point de se révéler parfois bouleversante. C'est l'histoire d'un pays d'îles baignées par le soleil et frappées par le vent, de poésie et de silence souvent ignoré, c'est l'histoire d'une guerre, de guerres pendant la Guerre…
Mais ce qui imprime la mémoire du lecteur avant tout : c'est de voir comment une femme en fin de vie peut vous communiquer une folle envie de vivre avec légèreté et sincérité.
Bref, malgré un sens de la narration parfois aléatoire mais accompagné de touches d'humour irrévérencieuses et jouissives, Hallgrimur Helgason est un auteur à suivre. On a le sentiment en refermant le livre d'avoir touché du bout du doigt une authenticité peu commune. Merci à Babélio et aux Editions Presse de la Cité de mettre en lumière de tels auteurs.

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Herbjorg Maria Bjornsson est une femme de 80 ans, à l'agonie (quoique ça fasse déjà 18 ans qu'elle est en fin de vie d'après les médecins !) , vivant dans un garage avec pour compagnons une connexion à Internet et une vieille grenade datant de la guerre.
A travers de très courts chapitres, elle nous raconte ses souvenirs, tels qu'ils lui reviennent en mémoire, dans un joyeux désordre.
Elle nous parle de l'Islande, de la vie de sa mère et de sa grand-mère, de ses enfants ingrats qui ne viennent jamais la voir, de ses maris (toute une succession de Jon!), de ses amants, de son grand-père qui a été le premier président d'Islande, de son père, l'unique nazi islandais, de ses amis perdus, de ses péripéties à travers l'Allemagne, la France ou l'Argentine...
Pendant les 200 premières pages, les souvenirs arrivent un peu en vrac, et il n'est pas toujours simple de s'y repérer, les personnages s'enchaînant les uns après les autres, sans aucun respect de la chronologie. Ensuite, Herbjorg, Herra pour les intimes, s'attache plus particulièrement à ses souvenirs datant de la guerre et là, le récit devient plus fluide.
L'auteur manie le cynisme et la dérision comme un maître mais cet humour noir ne plaira peut-être pas à tous, car certaines phrases pourraient choquer, pour exemple : « Moi, je porte la pâleur de la traîtrise et je patiente, verdissante, perruque grise sur tunique blanc linceul. Comme un juif durant une panne de gaz ».
J'ai dévoré ce roman original où le sarcasme pointe son nez à chaque phrase. Cette mamie très peu orthodoxe m'a émue malgré son apparente froideur et son regard désabusé sur le monde. le titre fait référence à la température à laquelle brûlent les cadavres dans un crématorium, et c'est ce que notre héroïne souhaite après son décès.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour cette découverte, dans la cadre de l'opération « Masse critique ».
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Herra va bientôt mourir, ce n'est qu'une question de jours. Et puis elle en a marre, tellement marre qu'elle a d'ailleurs pris rendez-vous avec le crématorium local pour son incinération, bien décidée à choisir le jour exact de sa mort. Terrée dans son garage avec pour seule compagne une grenade explosive, son unique lien avec le monde extérieur se résume à son ordinateur où elle mène une cyber vie remplie, et ses deux aides à domicile. Herra est légèrement acariâtre, conchie ses enfants dont elle s'est un peu occupée, a beaucoup voyagé, rencontré pas mal d'hommes, vécut nombre de bouleversements politiques, la Seconde guerre mondiale figurant en tête.

Petit bout de femme islandaise, Herra se remémore son passé : son enfance sur une île reculée, sa mère, femme-courage, son père, seul Islandais nazi officiellement connu qui a combattu aux côtés des Allemands, son grand-père, premier président de la jeune république d'Islande, les hommes de sa vie. Tout y passe dans un joyeux chaos littéraire, tout sens dessus-dessous et c'est assez jubilatoire. Vieille femme aigrie, Herra n'épargne personne. Sa vie n'a été qu'un perpétuel combat de chaque instant. Refugiée sous les bombes alliées, perdue en pleine campagne polonaise, violée, maltraitée, elle connaîtra pourtant l'amour, l'amitié, la trahison, l'abandon, mue par un instinct de survie merveilleux et cette volonté de fer qui lui feront croquer la vie à pleines dents, parfois au péril de sa vie. Elle aimera et détestera avec la force et la fougue d'une furie farouchement éprise de liberté.

Hallgrimur Helgason nous livre le portrait d'une femme en marge de son époque, foncièrement cynique, profondément attachante qui tire le bilan de sa longue vie sur terre, sans jamais regretter aucun de ses actes, aucun de ses choix. Sereine face à sa mort imminente, elle balaye de son regard acéré le monde d'hier et d'aujourd'hui, avec une morgue jubilatoire. Hallgrimur Helgason a une plume percutante et offre à travers son personnage des bijoux d'humour noir et de cynisme, de véritables perles littéraires. Sa prose est un coup de poing constant qui surprend, terrasse, fait rire, ne laisse pas indemne. Je pourrais dresser une liste infinie des phrases qui m'ont assommée, et le pire c'est que j'en redemande. Vieillesse, décrépitude, abandon, politique politicienne, écologie, économie, avenir de l'Islande, de l'Europe, du monde, tout y passe. La femme à 1000° est une réussite à tout point de vue, un roman sensible et intelligent. Impossible de ressortir intact de ce type de lecture mais à quoi servirait la littérature sinon. En résumé, ne passez pas à côté d'Herra.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Hallgrimur Helgason né en 1959 à Reykjavík (Islande), est écrivain, peintre et traducteur. Auteur d'une bonne dizaine de romans dont seul 101 Reykjavik était paru chez nous en 2002, voici son nouvel ouvrage La Femme à 1000°.
« Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d'un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l'appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d'Islande, fille d'une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l'exil, connu beaucoup d'hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s'envoyer en l'air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays, l'occasion pour elle de régler au passage quelques comptes. »
Le résumé du roman fourni par l'éditeur a le mérite d'être juste et surtout concis. Ce qui m'ôte une lourde charge de rédaction, car le bouquin fait 632 pages et il est bourré jusqu'à la gueule de faits et d'évènements dans lesquels il m'aurait été difficile de tailler. Et même délivré de cette part de travail, j'avoue ne pas très bien savoir par quel bout le prendre pour vous donner envie de le lire. Car il faut le lire !
Si l'octogénaire aux portes de la mort est l'héroïne du roman de Hallgrimur Helgason, son parcours dans la vie entre 1929 et 1989 est prétexte pour l'écrivain, à se pencher avec un regard critique sur l'histoire de son pays l'Islande, la Seconde Guerre Mondiale et divers autres sujets tous foisonnant d'évènements allant du comique au tragique voire à l'atroce, en passant par la poésie. Dans un tel contexte vous ne serez pas étonnés d'apprendre qu'Herra a beaucoup voyagé, de son île natale à l'Allemagne en passant par le Danemark évidemment (un petit tour au préalable par Wikipédia, rubrique Islande, me parait fort judicieux), l'Argentine, Paris, New York… Elle connaitra le luxe, la misère, les viols, les hommes dès son plus jeune âge. Ses enfants l'abandonneront, elle croisera des gens connus tels John Lennon ou Jean-Paul Sartre.
J'ai parlé de foisonnement mais ce Hallgrimur Helgason est un véritable volcan islandais en pleine activité. Ca prose explose, sa narration déborde à gros bouillons comme la lave d'un cratère, les noms des lieux ou des personnages aux consonances locales difficiles à mémoriser vous enfument et vous asphyxient. L'écrivain fait dans la démesure, ce qui n'interdit pas les scènes intimistes, l'inventivité du scénario laisse pantois. On passe de l'atroce à l'humour noir, car cette Herra au caractère bien trempé, ne manque pas de lucidité et si le corps est presque au bout du rouleau, son esprit n'a pas rendu les armes. Quelque part dans le roman, il est dit que l'une des caractéristiques des Islandais c'est leur silence ; à l'oral c'est peut-être vrai, mais je le déments catégoriquement pour l'écrit !
Un très gros livre fait de très petits chapitres, chacun renvoyant à une époque sans continuité chronologique. L'écriture surprend car le lecteur croisera souvent des mots inventés, des phrases qui claquent comme des sentences. Si vous êtes comme moi, du genre à souligner des passages dans les livres, armez-vous d'un crayon neuf. Quant au titre de l'ouvrage il est à prendre dans un double sens, quand on se fait incinérer « la température du four grimpe à mille degrés » mais Herra la mourante avoue aussi que « l'amour se mesure en degrés, pas en minutes ». Eros et Thanatos une fois encore réunis.
Je sors de la lecture de ce roman complètement épuisé. Parce qu'il est gros, parce qu'il déborde de tout et partout, parce que j'ai ri de scènes mémorables, parce que j'ai blêmi devant des horreurs physiques ou morales. Bien entendu j'en conseille la lecture, mais attention ne le prenez pas à la légère, ce n'est pas un best-seller pour la plage, il sait faire mal.
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1000 degrés est la température à laquelle un corps se consume, nous prévient gentiment Herra, octogénaire islandaise. Impotente et en phase terminale d'un cancer, elle a trouvé refuge dans un garage. Quasiment abandonnée par ses enfants, ses seuls contacts avec le monde se réduisent aux visites quotidiennes d'infirmières et à internet où elle joue avec des profils aussi nombreux que bidons. A l'aide de chapitres ultra courts et d'un verbe caustique et vif, Herra retrace sa vie, un peu comme on lâche des bombes, faisant fi de tout ordre chronologique et de toute bien-pensance. Au-delà de sa destinée singulière, Herra nous raconte son siècle, le XXè, dans une Europe déchirée et mortifère, la seconde guerre mondiale, le sort réservé aux femmes en général, aux Islandaises en particulier. Elle nous amène à découvrir l'histoire complexe de son pays, mal connu, colonisé par les Danois, occupé par les Nazis, devenu miraculeusement une république indépendante en 1944. Entre les lignes, on devine aussi le lien profond qui la relie à la nature, même si on peut également retenir son regard acéré sur la société contemporaine.
Mais attention, point de nostalgie ou de sentimentalisme, aucune concession pour les siens, encore moins envers elle-même. La vieille dame est plutôt une mamy rock, indigne, féministe, provocatrice, tellement lucide que certains la qualifieraient même de cynique. du genre qui garde bien au chaud une grenade à dégoupiller au cas où. Vous êtes prévenus, la femme à 1000° est un roman explosif… chaudement recommandé.
Lu dans le cadre de Masse critique de Babelio
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“Herbjörg María Björnsson. Un nom imprononçable que vous n'êtes pas près d'oublier. » Cette phrase, présente sur la quatrième de couverture, peut paraître quelque peu prétentieuse, mais elle résume finalement très bien l'impression générale se dégageant de la femme à 1000°.
Au fil de courts chapitres, nous voyageons entre le présent d'Herbjörg María Björnsson, surnommée Herra, et son passé. Avec elle, nous voyageons à travers l'Islande, le Danemark, l'Allemagne, la France et l'Argentine ; nous vivons la Seconde Guerre Mondiale, l'indépendance de l'Islande ; nous rencontrons des personnalités comme John Lennon, Evita, Marlene Dietrich ou Jean-Paul Sartres.
Vous l'aurez compris, les quelques 600 pages de la femme à 1000° sont emplies d'évènements d'importance capitale pour l'histoire, de réflexions sur une société en pleine mutation et d'anecdotes riches en détails, ce qui n'en fait pas une lecture facile. Les références historiques sont très nombreuses, tout comme les citations et allusions littéraires, et quelques connaissances préalables sur l'Islande et sa culture se révèlent utiles à la compréhension globale.
Hallgrímur Helgason se sert en réalité d'Herra pour se pencher sur l'histoire de l'Islande. de la pauvreté des îles et de la campagne aux salons de luxe de la résidence présidentielle, un aperçu foisonnant de la société et de son évolution s'offre au lecteur – la beauté des paysages, le silence des habitants, le viol des femmes et leur condition... le tout sur un ton incisif, empreint d'humour et d'ironie, en alternance avec un style plus gave et objectif.
Pourtant, loin d'être réduit à une simple technique narrative, le personnage principal ne passe pas au second plan. Au fil des événements qui ont marqué son existence et la vie d'une nation entière, nous découvrons une personne haute en couleur et au caractère fort, à laquelle nous nous attachons sans même nous en rendre compte. Sans longues descriptions, l'auteur nous fait peu à peu à faire connaissance avec cette femme pleine de contradictions qui, après une vie aux quatre coins du monde entourée de personnages plus intéressants les uns que les autres, se retrouve seule dans son garage en compagnie de son ordinateur et de sa connexion Internet. Une femme, donc, qui malgré son cancer, suit l'air du temps et s'adapte à la société actuelle.
Constamment, nous passons du présent au passé avant de revenir au présent, ce qui est tout d'abord difficile à suivre. Les souvenirs eux-mêmes ne s'enchainent pas toujours dans l'ordre chronologique, mais comme la date est indiquée à chaque fois, on s'habitue vite à ce calendrier quelque peu fantaisiste. Plus encore, cette apparente confusion semble traduire le fil de pensée de l'héroïne, ajoutant une dimension de réalisme à l'histoire.
Le style de l'auteur est, tout comme le roman lui-même, plutôt surprenant. le vocabulaire est recherché et de nombreux néologismes et inventions donnent de la profondeur aux phrases, tout comme les jeux de mots et double sens qui démontrent que la traduction est exemplaire. En résulte une impression de richesse et une abondance de détails qu'il n'est néanmoins pas toujours facile de suivre.
Pour conclure, La femme à 1000° est un roman à la fois intéressant et surprenant, que je recommande à un public intéressé par l'histoire et amateur de belle plume. Ce n'est toutefois clairement pas une lecture facile ; ne vous attendez donc pas à le lire d'une traite, mais profitez des courts chapitres pour l'apprécier peu à peu et découvrir la culture islandaise si particulière.
Je remercie Babelio pour l'organisation de cette masse critique, ainsi que les éditions Presse de la Cité, sans qui je n'aurais sans doute jamais découvert ce roman inattendu et entraînant.

Lien : http://iletaitun-livre.blogs..
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La quatrième de couverture m'avait fait penser au Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. Ayant adoré ce dernier, je me suis précipité sur La Femme à 1000 °, d'autant que j'y voyais en sus l'occasion de découvrir l'Islande, un pays et une culture jusque-là totalement méconnus.
Si le deuxième point s'est avéré, la similitude entre les deux livres est proche du néant. Les deux livres n'ont rien en commun, si ce n'est que leur héros a eu une longue vie atypique. La comparaison s'arrête à peu près là…
J'ai eu quelques difficultés à accrocher au début du roman en raison du découpage volontairement haché des chapitres – Herra raconte ses souvenirs comme ils lui reviennent en mémoire, sans forcément coller à la chronologie des événements. La multitude de noms, leur complexité pour moi, lecteur peu habitué aux patronymes nordiques, ont quelque peu compliqué ma lecture des premières pages. Assez rapidement cependant, Herra se focalise sur les événements, à peine évoqués au départ, se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale – les plus intéressants à mes yeux. J'ai dès lors pu profiter pleinement non seulement de l'histoire, mais également des propos truculents de la narratrice, de son opinion tranchée sur à peu près tout et aussi de l'écriture superbe de l'auteur et de la traduction d'excellente facture (j'en ai l'impression du moins ; je ne connais rien de l'islandais !)
Bref, j'ai passé un très bon moment avec ce livre fort intéressant, fort bien écrit et fort drôle. Je remercie Babelio et Les Presses de la cité pour la découverte !
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J'ai facilement lu le début du livre car les chapitres sont assez courts. Chaque chapitre est daté car l'histoire se déroule de 1929 année de naissance de Herra à 2009, c'est à dire de nos jours avec quelques incursions dans un passé encore plus lointain...
La narratrice, Herbjörg Maria Björnsson dit Herra a 80 ans, elle termine sa vie dans un garage. Elle a un cancer et elle attend la mort, elle a même déjà pris rendez-vous pour sa crémation. Elle est seule avec son ordinateur branché sur internet et les visites quotidiennes de deux aides à domicile. Elle nous raconte sa vie à travers de nombreuses anecdotes car sa famille et sa vie sont plus qu'originales ! En même temps, le lecteur découvre l'histoire de l'Islande.
Dans les 100 premières pages, le récit passe d'une année à l'autre dans un tel désordre que l'on a peine à suivre... Ensuite commence la période de la Seconde Guerre Mondiale de façon chronologique, et donc plus facile à suivre. Hella est née en Islande, elle vivra au Danemark, en Allemagne, en Pologne, à Paris, en Argentine... Elle est la petite-fils du premier président de la République d'Islande. Son père s'engage dans l'Armée Allemande. Hella aura quatre enfants, quatre maris...
J'ai globalement aimé ce roman même si j'y ai trouvé quelques longueurs, j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire de l'Islande. Avant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande est sous domination du Danemark, en avril 1940 le Danemark est envahi par l'Allemagne nazie donc l'Islande se retrouve sous domination de l'Allemagne. le Royaume Uni, craignant que les Allemands occupent l'Islande, s'installe d'autorité en Islande, puis en 1941 ce sont les Américains qui les remplacent, ils ne quitteront le pays qu'en 2006... En 1944, c'est la proclamation de l'Indépendance et la création de la République d'Islande. Sveinn Björnsson (le grand-père d'Hella) devient le premier président de la République.
J'ai beaucoup aimé les chapitres datés de 2009, lorsque Herra raconte son quotidien dans son garage. Elle fume cigarettes sur cigarettes, elle a toujours avec elle une vieille grenade datant de la Seconde Guerre Mondiale. Connectée à internet, elle s'invente plusieurs profils et se fait passer pour Linda une ancienne miss Monde de 1988. le ton est grinçant, plein d'humour noir.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Tout d'abord un grand merci à Babélio et aux éditions Les Presses de la Cité pour ce partenariat. Je suis un peu embêtée pour donner un avis sur ce livre car à la fois j'ai eu beaucoup de mal à le lire et je l'ai trouvé extrêmement intéressant.
La femme à 1000° est pour moi un roman très long, mais aussi très lent. Les phrases alambiquées tout comme l'ordre non chronologique des faits ne m'ont pas facilité la lecture. J'ai eu beaucoup de mal à m'y retrouver parmi toutes les réflexions et tous les souvenirs d'Herra, la narratrice, qui viennent au fil de ses pensées complètement désorganisées. J'ai parfois eu du mal à trouver de l'intérêt à ces souvenirs, et je crois que l'humour noir n'est en fin de compte pas ma tasse de thé.
Par contre, sur certains points, j'ai trouvé ce roman vraiment très intéressant. D'abord le vocabulaire de l'auteur est très riche, et même si cela ajoute une difficulté supplémentaire à la lecture, c'est très appréciable. Voilà une phrase qui m'a marquée et bien fait sourire : « Les jours suivants, je fus un petit chaperon rouge dépourvu de panier, errant dans les bois, et regrettant particulièrement de ne pas avoir dans ma besace quelques carottes et navets du jardin de notre Seigneur, bien que je fusse encore dans une fureur noire contre ce céleste crétin. »
L'attrait principal du livre réside à mon avis dans les réflexions d'Herra sur l'Islande, sa société, son histoire, sa géopolitique, etc. Plus que jamais ici j'ai l'impression de découvrir ce pays en détails sans y avoir jamais mis les pieds. Encore une fois la précision du vocabulaire employé me permet de « voir » les paysages des fjords, ses habitants, de les entendre. J'aime écouter Herra parler de l'Islande, que ce soit avec sarcasmes, amour ou nostalgie. J'aime m'entendre expliquer pendant plusieurs pages pourquoi l'Islandais est une langue qui ne se parle pas. Tout cela est tellement vivant. Finalement ce roman m'aide même à comprendre pourquoi je n'ai pas aimé L'embellie d'Ava Audur Olafsdottir l'année dernière et pourquoi je l'ai trouvée si froide.
En fin de compte, je ne peux que conseiller la lecture de ce roman à tous les curieux qui sauront passer au-dessus des difficultés du texte. Lisez-le, il parlera de lui-même, bien au-delà de ce que je pourrai en dire.
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Enfermée dans un garage avec pour seule compagnie un ordinateur et une vieille grenade, Herbjörg Maria Björnsson se remémore sa vie. Jeune fille seule dans l'Allemagne de la guerre, elle sera ballotée de Hambourg à la Pologne, connaissant des hommes, des bons et des moins bons, qui changeront sa vie.
Sincèrement, j'adore ce genre de livre quand ce sont des personnes âgées qui racontent leur vies mouvementées et là, j'ai été servie. Herra est une vieille peau cynique, que rien n'effraie et qui en a vu des vertes et des pas mûres. Sa vie est fait de haut et de bas, enfin surtout de bas. Jeune fille perdue au milieu de la Seconde Guerre mondiale, maltraitée, passant d'un pays à l'autre, d'une guerre à l'autre sans cesser de continuer à avancer. Après avoir vécu toutes ces aventures avec elle, on plus trop envie de connaître les hommes !
Le récit est construit comme une mémoire, qui ouvre ses tiroirs un par un. Chaque chapitre conte un bout de la vie de l'auteure, ce n'est pas vraiment dans l'ordre. On suit le cheminement de pensée de Herra, un peu difficilement au début mais avec grand plaisir au fil des pages. de plus, les chapitres sont assez courts (au maximum 10 pages), ce qui permet d'avoir un récit fluide bien que décousu sur le plan chronologique.
Le gros gros point de ce roman sont les descriptions de l'Islande, de cette île aux millions d'îles. J'ai voyagé à travers l'océan Atlantique, montant vers ce Grand Nord pour découvrir une île aux milles facettes que j'ai maintenant, terriblement envie d'aller visiter ! On découvre aussi l'Allemagne des bombardements, déchirée, perdue qui tente de se reconstruite mais qui chaque nuit est de nouveau détruite. On suit son cheminement au milieu de ce monde détruit, espérant qu'elle arrivera enfin à bon port !


Un livre très riche qui ne plaira pas à tous mais qui fait passer un bon moment à chacun !
Lien : http://leslecturesdeollie.bl..
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