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Critique de Nastasia-B


À la manière d'un évangile, le Vieil Homme et la Mer est une lecture à interpréter, ce qui est la définition même d'une parabole. L'histoire en soi ne présenterait pas grand intérêt si sa valeur allégorique ne nous tracassait point l'inconscient au point de nous questionner de la façon la plus intime.

Quelle est donc l'allégorie qu'a souhaité peindre Ernest Hemingway ? Je vais vous donner mon interprétation et, plus que jamais, elle n'engage que moi et ne signifie pas grand-chose.

Voici donc un homme pauvre, un homme du peuple, comme ils sont des millions, correction, des milliards sur la terre. Il s'échine à essayer de vivre de son travail. Les jours s'écoulent, pareils aux précédents, abîmant chaque jour un peu plus ses vieilles chairs et ses vieux os, dans un combat sans grand espoir, celui de la fortune. Pourtant, à force de s'efforcer, à force de savoirs et de savoir-faire, le vieil homme parvient à accumuler un petit trésor — son petit trésor.

Mais de ce trésor-là, il est écrit, et partout sur la terre, qu'il n'en jouira jamais, car pièce à pièce, il lui sera dérobé, soutiré, par des requins divers. Qui peuvent bien être ces requins ? je vous le laisse deviner. Peut-être bien que les gens impeccablement coiffés qui peuplent les banques et autres malfrats autorisés à dents longues se sentiront (un tout petit peu) visés, qui sait ?

Le vieil homme s'en ira, aussi nu qu'il était venu au monde, et en pleurant tout autant sur ce qui lui arrive que lorsqu'il était nourrisson fraîchement sorti des entrailles chaudes et moelleuses de sa mère qui lui avaient fait croire à une vie facile.

Ce livre a donc une saveur plus aigre que douce, le Vieil Homme Est Amer, en somme, mais n'est-ce pas notre lot à tous ? Aussi a-t-il vu la vraie beauté ; le soleil qui scintille, la mer irisée, le beau poisson arc-en-ciel… le reste n'est que bagatelle. Demeure la fierté du travail accompli dans le cours de sa maigre vie et la sensation, vague, que la chance, au lieu d'un mince clin d'oeil, aurait pu lui sourire jusqu'au bout…

Au-delà de cette valeur allégorique sublime qui donne tout son intérêt à l'ouvrage, je suis un peu plus dubitative sur l'écriture, la magie du verbe et le plaisir purement littéraire de cette lecture. Personnellement, je n'y ai pas trouvé tout mon compte, d'où mes trois étoiles seulement, bien que certains passages soient d'une poésie minimaliste et épurée qui confine à l'art extrême-oriental, mais tout ceci n'est que mon misérable avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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