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Jean Dutourd (Autre)
EAN : 9782070360079
148 pages
Gallimard (07/01/1972)
3.96/5   8642 notes
Résumé :
Tu veux ma mort, poisson pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, j'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ca m'est égal lequel de nous deux tue l'autre. Qu'est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson.
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Critiques, Analyses et Avis (504) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 8642 notes
À la manière d'un évangile, le Vieil Homme et la Mer est une lecture à interpréter, ce qui est la définition même d'une parabole. L'histoire en soi ne présenterait pas grand intérêt si sa valeur allégorique ne nous tracassait point l'inconscient au point de nous questionner de la façon la plus intime.

Quelle est donc l'allégorie qu'a souhaité peindre Ernest Hemingway ? Je vais vous donner mon interprétation et, plus que jamais, elle n'engage que moi et ne signifie pas grand-chose.

Voici donc un homme pauvre, un homme du peuple, comme ils sont des millions, correction, des milliards sur la terre. Il s'échine à essayer de vivre de son travail. Les jours s'écoulent, pareils aux précédents, abîmant chaque jour un peu plus ses vieilles chairs et ses vieux os, dans un combat sans grand espoir, celui de la fortune. Pourtant, à force de s'efforcer, à force de savoirs et de savoir-faire, le vieil homme parvient à accumuler un petit trésor — son petit trésor.

Mais de ce trésor-là, il est écrit, et partout sur la terre, qu'il n'en jouira jamais, car pièce à pièce, il lui sera dérobé, soutiré, par des requins divers. Qui peuvent bien être ces requins ? je vous le laisse deviner. Peut-être bien que les gens impeccablement coiffés qui peuplent les banques et autres malfrats autorisés à dents longues se sentiront (un tout petit peu) visés, qui sait ?

Le vieil homme s'en ira, aussi nu qu'il était venu au monde, et en pleurant tout autant sur ce qui lui arrive que lorsqu'il était nourrisson fraîchement sorti des entrailles chaudes et moelleuses de sa mère qui lui avaient fait croire à une vie facile.

Ce livre a donc une saveur plus aigre que douce, le Vieil Homme Est Amer, en somme, mais n'est-ce pas notre lot à tous ? Aussi a-t-il vu la vraie beauté ; le soleil qui scintille, la mer irisée, le beau poisson arc-en-ciel… le reste n'est que bagatelle. Demeure la fierté du travail accompli dans le cours de sa maigre vie et la sensation, vague, que la chance, au lieu d'un mince clin d'oeil, aurait pu lui sourire jusqu'au bout…

Au-delà de cette valeur allégorique sublime qui donne tout son intérêt à l'ouvrage, je suis un peu plus dubitative sur l'écriture, la magie du verbe et le plaisir purement littéraire de cette lecture. Personnellement, je n'y ai pas trouvé tout mon compte, d'où mes trois étoiles seulement, bien que certains passages soient d'une poésie minimaliste et épurée qui confine à l'art extrême-oriental, mais tout ceci n'est que mon misérable avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Ernest Hemingway - le Vieil Homme et la Mer - 1952 : On prête souvent aux génies des intentions qu'ils n'ont pas. Ainsi sur la fin de sa vie quand Picasso traçait un trait sur une toile, tout le monde y voyait l'expression d'une interrogation sur l'au-delà ou une matérialisation de la frontière entre la vie et la mort. L'artiste lui n'y voyait qu'un trait sur une toile et surtout une façon de faire facilement des liquidités en profitant d'un nom devenu au fil des années une véritable mine d'or. C'est un peu la même chose ici, tous les sens ont été donnés à ce livre mais l'allégorie de l'homme face à son destin est l'interprétation la plus souvent reprise par tous ceux qui l'ont commenté. Pourtant de l'avis même d'Hemingway ce n'était qu'un livre sur la pêche et le vieil homme un des compagnons qui l'accompagnaient sur les flots pour vivre cette passion remontant à son adolescence. Evidemment comme il s'agissait de son dernier livre il était facile d'interpréter psychologiquement le combat du pécheur contre les requins et de prétendre que cet engagement homérique avec la mer portait en lui les fruits d'une défaite contre le temps qui passe. L'homme au crépuscule de sa vie prenait enfin sa proie la plus formidable mais faute d'avoir encore les forces de sa jeunesse, il devait l'abandonner non sans combattre aux prédateurs qui peuplaient les grands fonds marins. le vieil homme ne sombrait pas dans le désespoir mais il se résiliait avec fatalisme au sort commun à tous les êtres humains. Car cette vie il faut bien le dire est faite de grands bonheurs certes mais elle est surtout pourvoyeuse de chagrin et de terribles déceptions. "Le vieil homme et la mer" est un chef d'oeuvre erratique qui démontre encore une fois qu'il suffit d'un personnage et de quelques pages habitées pour marquer durablement les lecteurs. En ces temps de surenchère on remplace souvent la qualité par la quantité. Noircir des centaines de feuillets correspond au cahier des charges boursouflé d'une époque déboussolé par l'immensité de l'offre littéraire. Ne voit-on pas des personnes posséder plus de trente mille livres dans leur lecteur numérique. Qui peut lire trente milles livre dans sa vie ? La simplicité de ce petit bouquin malgré le drame qu'il relate est réconfortante, sa brièveté le classe parmi ces plaisirs rapides qu'on prend à deux au coin d'une porte cochère, plaisir fugace qu'on garde toute sa vie en mémoire. "Le vieil homme et la mer" est le mémorandum indispensable d'une littérature américaine tellement foisonnante qu'il est difficile d'en sortir les oeuvres prépondérantes. Avec ce livre Hemingway fermait ici le dernier chapitre d'une carrière qui fit de lui un grand écrivain mais surtout un des grands hommes de ce terrible vingtième siècle… bouleversant
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"Le vieil homme et la mer" est l’un de ces courts romans à l’effet durable comme "L’étranger" de Camus où "La faim" de Hamsun ; ce genre de livre qu’aimait lire Kafka. D’ailleurs, il est un livre populaire de grand mérite littéraire qui constitue une œuvre de maturité pour Hemingway et qui englobe la somme expérimentale de l’homme et de l’écrivain. Le roman est rédigé en 1951, et par conséquent sa dernière œuvre majeure, celle qui a convaincu le comité Nobel à lui décerner le prix de l’année 1954. Il s’agit d’un roman sublime, une œuvre achevée et profonde écrite avec une simplicité surprenante dans un style sobre sans artifice qui peut se lire d’un seul trait (il faut avouer qu’il est captivant et passionnant) et qui respecte le concept d’économie en vogue à cette époque littéraire.

Dans ce roman, on poursuit l’aventure d’un pêcheur, qui plus est un vieillard, qui part à la pêche plein d’espoir et d’enthousiasme après une longue série de malchance. (Deux éléments qui pourraient rebuter beaucoup de lecteurs : la pêche, le personnage du vieillard). Le métier de pêcheur a marqué le corps et l’esprit du vieillard. Ce dernier affiche un stoïcisme exemplaire (" Si tu peux, fais que ton âme arrive,/A force de rester studieuse et pensive,/Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté/(…)/Gémir, pleurer, prier est également lâche./Fais énergiquement ta longue et lourde tâche/Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,/Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler." La Mort du loup, Vigny) vis-à-vis l’indifférence de la nature et des hommes (sauf le petit garçon magnanime) et une vision optimiste de la vie (au contraire de son auteur qui, trop pessimiste, a choisi de mettre fin à sa vieillesse malheureuse). Malgré son indigence et les difficultés d’un métier trop épuisant pour son âge, le vieillard cabochard continue avec persévérance son combat tout seul, avec fierté, contre la malchance et les requins opportunistes avec un héroïsme viril impressionnant qui nous rappelle le héros de Montherlant dans "Les Bestiaires", un héroïsme à la Joe Dimaggio (son modèle dans le roman) qui joue en dépit de sa blessure. Le vieil homme a su meubler sa solitude par ses monologues à haute voix. Et chose curieuse, on ne s’ennuie pas le moins du monde en suivant le pêcheur qui parle à lui-même, qui parle aux poissons aussi comme s’ils étaient de véritables personnes. Il admire ce poisson courageux qui combat pour sa vie ; il mérite tout respect au contraire de ces requins.

"Le vieil homme et la mer" est un très beau texte sur la solitude, la vieillesse, l’espoir, la résistance de l’homme et sa relation avec Dieu. Hemingway a traité tous ces thèmes avec économie et simplicité (il se permet même de commencer son roman par la phrase « il était une fois » ; peu importe quand, l’homme est plus important). On considère souvent cette œuvre comme un livre ouvert à plusieurs interprétations comme l’est d’une manière automatique "La ferme des animaux" d’Orwell, ce genre de livres qui sont des allégories politiques. En ce qui me concerne, je n’aimerai pas souiller une œuvre aussi belle, aussi profonde par des interprétations politiques pour la simple raison de donner une profondeur factice au roman sous prétexte qu’il est terre-à-terre ou ennuyeux sans notre recours. L’histoire de ce roman est simple, certes, un vieillard qui veut pêcher un gros poisson, c’est tout, (et qu’est-ce que l’histoire d’Anna Karénine ? une femme mariée qui s’ennuie, qui aime un autre et qui se donne la mort). L’essentiel n’est pas là. C’est le comment, la manière de raconter qui prime. Comment captiver un lecteur avec cette histoire ordinaire si ce n’est avec la force de la narration, le réalisme des répliques du vieillard et son esprit simple et la portée universelle qu’Hemingway lui apporte. Hemingway confirme son statut de grand romancier « pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l'art de la narration moderne » (le comité Nobel). Ce roman est un aphorisme.
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Le vieux Santiago a la poisse : voilà des semaines qu'il ne ramène aucun poisson dans sa barque. le Petit, qui l'accompagne partout, doit à présent aider sur un autre bateau, sur ordre de son père. Alors le vieux Santiago part tout seul.
Il ne peut pas rentrer les mains vides, pas une nouvelle fois, alors il va plus loin que les autres bateaux de pêche pour tendre ses lignes. Et cette fois-ci est la bonne : le plus grand espadon du monde vient de s'enferrer sur ses hameçons. Mais ramener une bête comme celle-là est une lutte de longue haleine.


A chaque fois que je lis "Le vieil homme et la mer", je me dis "ce coup-ci, c'est le bon, il n'y aura pas de requin". Quand le premier parait et qu'il se prend un coup de harpon, j'espère encore que les autres n'attaqueront pas. Quand Santiago se débarrasse des deux suivants, perdant toutes ses armes… Mais non, ça ne finit jamais et ce foutu espadon, si fier et noble, ce frère battu à la loyale et haute lutte, fini toujours dévoré par les charognards jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien que la tête et les arrêtes.
Ce que j'aime ce livre d'Ernest Hemingway !! le combat du vieux pêcheur ne se fait pas successivement contre un espadon puis des requins, mais contre la vie, la malchance, le sort. La lutte avec le bel espadon est pleine de noblesse, invitant Santiago à déployer toutes ses forces et à profiter de toute son expérience de pêcheur, à se dépasser. Celui avec les prédateurs est sans issue, on le sait dès le départ. Santiago n'a aucune chance de venir à bout des prédateurs, mais il luttera jusqu'au bout, pour "son frère l'espadon", parce qu'il est ce qu'il est.
Le personnage de Santiago tient du héro tragique, qui transcende la malchance et l'acharnement au travers de son acception digne et humble à la fois de son sort. Il me fait penser à toutes ces vieilles gens, qui marchent le front haut, qui n'ont presque plus rien et à qui on pique le peu qu'ils ont encore. le livre est magnifique et le personnage magistral. A lire et relire, puis à relire encore une fois… Vas-t'y savoir, gamin, si la prochaine fois, il n'y avait pas de requin…
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Je n'ai jamais aimé la pêche...

Un homme pour commencer : vieux, fragile, affaibli, "détruit mais invaincu" vogue sur sa barque parce qu'il "est né pêcheur", que c'est ce qu'il sait faire, ce qu'il fait, ce qu'il fera jusqu'à son dernier souffle. Seul, dans sa barque, sans plus avoir le recours d'une assistance jeune et affectueuse auprès de lui, l'homme est dans sa barque, coque de noix posée sur le grand océan.

Un océan pour poursuivre : vaste, immense, dur, un véritablement monde de requins et de méduses, peuplé aussi de bêtes magnifiques, tel l'espadon, qui apportent à l'homme nourriture, émerveillement et orgueil.

Une lutte entre l'espèce humaine et l'espèce animale dans un environnement naturel liquide, profond, à la fois source de vie et de mort. Un duel entre un homme et la mer, incarnée par un poisson immense, plus grand que la barque de l'homme. Une lutte entre la possession et la dépossession ; la survie et le besoin de vaincre face à la domination du plus fort, du plus féroce, du plus prédateur.

Je n'ai jamais aimé la pêche ; d'ailleurs, je ne comprends pas comment on peut aimer la pêche.

Pendant la lecture des 149 pages de ce roman aux allures de conte philosophique, mon cerveau a continuellement oscillé entre deux niveaux de lecture : le figuratif (les gestes de la pêche, la lutte pour tuer le poisson, les petites habitudes familières entre le "vieux" et le "gamin"...) et le psychologique sans jamais réussir à se fixer durablement sur l'un ou l'autre et ma lecture en a été compromise.

Cette oeuvre est hissée tellement haut dans l'estime des lecteurs depuis des décennies que, c'est plus fort que moi, je m'attends à chaque page à être transcendée par le style de son auteur et/ou sa narration et, hélas, je n'ai pas été transcendée, ni même touchée à vrai dire.

Je n'ai jamais aimé la pêche ; je m'y suis toujours ennuyée... une fois de plus, ça s'est vérifié.


Challenge NOBEL 2013 - 2014
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- Poisson, dit le vieil homme, il va bien falloir que tu meurs. Faut-il que je sois tué, moi aussi ?
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A présent, seul et hors de vue de la terre, il était amarré au plus gros poisson qu'il eût jamais vu.
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Mais l’homme ne doit jamais s’avouer vaincu, dit-il, un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu.
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Il eut beau pomper tant et plus, rien ne se produisit. Le poisson s'éloigna lentement et le vieux ne put le hisser d'un centimètre. Sa ligne était solide et faite pour les grosses prises. Cependant, elle était si tendue contre son épaule que des gouttelettes en jaillissaient. Le filin émettait dans l'eau une espèce de sifflement sourd; le vieux halait toujours, s'arc-boutant contre le banc et se penchant en arrière pour mieux résister. Le bateau commença à se déplacer doucement vers le nord-ouest.
Le poisson tirait sans trêve; on voyageait lentement sur l'eau calme. Les autres appas étaient toujours au bout de leurs lignes; il n'y avait qu'à les laisser. Je voudrais bien que le gosse soit là, dit le vieux tout haut. Me voilà remorqué par un poisson à présent et c'est moi la bitte d'amarrage ! Si j'amarre la ligne trop près, il est foutu de la faire péter. Ce qu'il faut, c'est se cramponner rant que ça peut et donner du fil tant qu'il en demande. Dieu merci, il va droit devant lui, il descend pas.
"Qu'est-ce que je fais si il se met dans la tête de descendre? Je me le demande. Qu'est-ce que je fais si il coule et si il crève? je ferai quelque chose. Y a plein de chose que je pourrai faire."
Il maintenait la ligne contre son dis et guettait l'inclinaison qu'elle gardait dans l'eau; pendant ce temps-là, le bateau voguait à bonne allure vers le nord-ouest.
"Ça, ça sera sa perte, pensa le vieux. Il peut pas mener ce train-là à perpète."
Quatre heures plus tard, le poisson nageait toujours, en plein vers le large, remorquant la barque, et le vieux s'arc-boutait toujours de toutes ses forces, la ligne en travers du dos.
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- Eh bien, alors, bonsoir. Je te réveillerai demain matin.
- C'est toi qu'es mon réveille-matin, dit le gamin.
- Moi, c'est mon âge qu'est mon réveille-matin, dit le vieux. Pourquoi que les vieux se réveillent tôt? C'est-y pour avoir des jours plus longs?
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