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Critique de brigittelascombe


C'est, après avoir connu la gloire avec son roman le soleil se lève aussi, et, dans une époque charnière entre son dégoût de la guerre de 14-18 et son engagement contre la guerre civile d'Espagne qu'Ernest Hemingway (écrivain,poète,nouvelliste et journaliste américain couronné par la suite par le prix Pullitzer pour le vieil homme et la mer le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre) a écrit Vertes collines d'Afrique.
Passionné de chasse,de pêche et de nature, il conte, dans ce récit autobiographique, ses exploits de chasseur. Une chasse au gros gibier vers le sud du Kenya chez les Masaïs (au cours d'un safari avec femme,chauffeur,guide et compagnons de route de différentes nationalités).
Ernest Hemingway, dans une langue colorée, parfois poétique, parfois sobre ou imagée (ex:"la brune rift valley" à la route de sable rouge" avec en toile de fond "le scintillement du lac Manzara" ou "la route était une piste par dessus des gradins de rochers épais,usée par les pieds des caravanes et les troupeaux") nous relate les paysages sublimes africains et (parfois lorsqu'ils ne sont pas poussière) leurs vertes collines (aux forêts touffues).Il oppose le statut des chasseurs parvenus (aux discussions intellectuelles élaborées:de bons mots ironiques sur les écrivains de l'époque) aux simples guides miséreux (et les tribus locales dénuées de tout) attirés par l'appât du gain (mépris des "Nègres" et "Indigènes" au dialecte frustre?). Dans un désir écologique, il dénonce toutefois "l'étranger qui détruit, coupe les arbres" et épuise la terre alors que les indigènes vivent là en harmonie.
Son angoisse de mort est ici transcendée dans ce sport (pour lui) valorisant qu'il voit comme une compétition avec gain de trophées (en cornes) plus qu'une tuerie et le partage d'une passion dans un groupe uni par le même désir de traque; un séjour qui s'apparente (pour lui) à une quête du bonheur dans un paradis terrestre peuplé de koudous,rhinocéros,buffles,pintades....
Le registre émotionnel est riche entre attente,douleur de la marche,excitation,découragement,joies de la victoire, fierté. L'ironie est omniprésente dans cette chasse au "koudous".
Vertes collines donne au lecteur de bonnes indications sur la personnalité narcissique voire exhibitionniste d'Hemingway oscillant entre prestige et désespoir, mais j'avoue ne pas avoir apprécié (n'aimant pas spécialement la chasse, mais ce livre est un livre familial) le rituel du dépeçage et les plaisanteries du style: les hyènes touchées dans leur chair qui tournent en rond et, folles de douleur, se délectent de manger leurs propres intestins. Sadique Hemingway (par ailleurs fan de courses taurines)? On ne peut que se réjouir que la sagesse diffusée (quelques années plus tard) dans le vieil homme et la mer, (où le vieil homme apparaît victorieux dans sa défaite) ne vienne contrebalancer ces vertes collines entachées de sang! A moins que la sagesse, justement, ne soit d'admettre son propre passé et ses propres failles?
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