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Critique de tiptop92


Louis Hémon - Maria Chapdelaine - 1913 : Grand classique de la littérature canadienne, "Maria Chapdelaine" aurait pu être écrit par Pierre Loti, écrivain dont Pierre Hémon l'auteur imitait quelque peu le style. Il était fort estimable de posséder comme son illustre devancier cette capacité de changer en émotion pure une poignée de mots jetés sur une page blanche. L'écriture était simple comme les acteurs de ce roman qui jour après jour travaillaient la terre en se battant contre les éléments et la nature hostile. Il en fallait de la robustesse et du courage pour que chaque jour, chaque semaine, chaque année aussi l'aube se transforme en chant du départ vers des travaux dignes de ceux affligés aux forçats coupables des pires méfaits. Alors que les hommes s'usent à la tâche défrichant constamment une foret envahissante pour faire pousser le grain, les femmes assurent le train de vie de la maison. Mais leur sort est peu enviable lui aussi car toute la journée il faut tenir l'intérieur, préparer la nourriture pour les travailleurs affamés, entretenir un potager entre autre, le tout sans eau courante et sans les facilités de la vie moderne. La famille est alors le ciment qui permet à tous ces gens de se soutenir, de vivre et de connaitre le bonheur. Maria Chapdelaine se distingue des autres jeunes femmes de la communauté par sa beauté et par sa grâce. Il est temps pour elle de se marier et alors qu'elle a le choix entre épouser un paysan comme ses frères ou un commerçant qui l'emmènera à la ville pour vivre une vie confortable de femme de notable, Maria choisit François Paradis un homme des bois qui fait commerce de la fourrure. Peu de choses pourtant les ont liées jusque-là, l'effleurement d'un regard, la torture d'un manque qui ne se définit pas encore, une lumière qui les environne et que rien ne peut assombrir. C'est lors des nombreuses veillées qui rassemblent les habitants de ce pays de misère que ces deux-là se sont aimé sans jamais se le dire. Mais le bonheur qui se présente à eux va se perdre en même temps que François dans le froid implacable d'un hiver précoce. "Maria Chapdelaine" dans son écriture empreinte de sobriété et de noirceur dramatisait l'image d'Épinal du joyeux colon défricheur de nouveaux territoires pour le bien être de l'humanité. Les coups du sort et la mort comme celle de la mère épuisée par des années de labeur faisait basculer alors l'équilibre fragile qui permettait à cette société de tenir debout. Ce livre poignant devait sa célébrité en France à une adaptation télévisuelle qui eut beaucoup de succès dans les années 80 avec l'oubliée Carole Laure en vedette. le lire c'est sentir encore les odeurs fortes d'érable et de pin qui sont les marqueurs d'un Canada légendaire mais si dur pour ceux qui l'ont construit et exploité... déchirant
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