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Critique de Khiad


Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Armand Henderyckx pour m'avoir proposé son livre en SP via le site SimPlement.

Concernant la couverture, je trouve qu'elle n'attire pas spécialement l'oeil. Néanmoins, je l'ai trouvé intrigante dans le sens où le titre est le neuvième cas, mais c'est un gros huit (à moins que ce ne soit une porte avec deux carreaux ;-) ) qu'il y a dessus. Que signifie-t-il ? J'aime beaucoup la couleur de fond.

Concernant la plume, j'ai apprécié découvrir elle d'Armand Henderyckx, que j'ai trouvé fluide, agréable et pleine de surprises. On y parle beaucoup psychiatrie, mais pas dans un sens professoral lourd, compliqué et ennuyeux. C'est vraiment abordable par n'importe qui. J'ai adoré les citations à la fin de chaque chapitre.

Pour parler du contexte, nous sommes dans un monde dystopique aseptisé où les libertés de chacun sont relativement faibles. À part de rares réfractaires (qui n'ont accès qu'aux magasins de première nécessité, et encore, seulement durant une heure), tout le monde est pucé et a accès aux données médicales des gens qu'il fréquente. L'argent liquide n'existe plus et tous les achats passent par la puce. Tout est tracé et nominatif. Chacun est tenu pour responsable de sa pathologie, si sa façon de vivre est susceptible de l'avoir provoquée. Les interactions avec les autres sont désormais très limitées. Sous couvert d'une vie plus saine, plus facile et moins dangereuse, les libertés de chacun ont fondu comme neige au soleil...

Caroline est psychiatre au sein d'un CNP (Centre National de Psychiatrie), institution qui voit de plus en plus de patients arriver en son sein, à cause de la façon de vivre imposée à la population. Cette dernière souffre de son manque criant de liberté et d'intimité.

Caroline est une bonne psychiatre, malgré une enfance difficile en orphelinat, elle qui a été abandonnée à la naissance, et le fait qu'elle arrive toujours en retard. Mais sous ses airs de femme épanouie et heureuse, on se rend compte très vite qu'elle a elle-même ses propres problèmes, comme son hypersexualité. Elle est aussi très intriguée par le jardinier, qu'elle évite autant que possible, mais qui va finalement l'obséder au plus haut point.

Un jour, elle est amenée, avec son collègue Alexandre (lui aussi avec ses propres TOC), à prendre part à un projet expérimental de leur chef, Pierre. Ce dernier veut mettre en place, sur deux semaines, un groupe de huit patients au pathologies diverses pour qu'ils puissent partager leur histoire, leur vécu, leurs problèmes et puissent s'aider les uns les autres. Ils seront trois psychiatres et une psychologue pour les gérer, les guider et les écouter mais sans barrière médecin/patient.

J'ai eu du mal à comprendre en quoi le concept de Pierre était novateur. En soit, les groupes de paroles sont plus que courants, même s'il regroupent en général, le même type de "malades". J'ai vraiment aimé suivre les interrogations, les souffrances, la curiosité (et bien d'autres choses) de Caroline, ainsi que les témoignages des patients (à la fois si variés mais si proches dans leur souffrance), mais j'attendais surtout avec impatience qu'il se passe quelque chose qui me fasse comprendre l'intérêt de ce projet expérimental. Anthony, très doux et mystérieux, m'a beaucoup intriguée, à l'instar de Caroline.

Une autre question m'a trotté dans la tête : qui est ce neuvième cas, vu qu'il n'y a que huit patients ?

Ce que je peux dire, c'est que chaque témoignage était poignant et que j'ai appris de nombreux noms de phobies. On voit sans problème le travail de fond de l'auteur sur ses personnages qui sont plus que très bien construits et travaillés, ainsi que les grosses recherches en psychiatrie.

Plus les chapitres passaient, et plus je voyais qu'il se tramait quelque chose, que certaines choses étaient bizarres. J'ai eu quelques doutes qui se sont vérifiés par la suite, mais jamais, pas un seul instant, je ne me suis doutée de ce que j'allais trouver à la fin de ce livre. Je tire mon chapeau à l'auteur qui a vraiment bien mis les choses en relations pour arriver à tirer quelque chose de cohérent dans un univers de folie.

Ce livre met plusieurs choses en lumière. Déjà, que les psys sont des personnes comme tout le monde et que, eux aussi, peuvent avoir leurs phobies, leurs TOC, leurs névroses. Ne dit-on pas que les cordonniers sont les plus mal chaussés ?
Il y a aussi une critique de la société qui, à trop vouloir régenter les choses, ne peut que rendre les gens malheureux de par cette perte de liberté collective.
On y parle aussi de deuil, d'écologie, de santé, d'hypersexualité, de nouvelles technologies toujours plus asservissantes...

En résumé, j'ai passé un bon moment entre les pages de ce livre, même si j'avoue m'être demandée où l'auteur avait l'intention de m'emmener. La plume est agréable, documentée sans être lourde ou redondante et les personnages sont très travaillés, ce qui fait que l'on prend plaisir à les suivre. L'univers aseptisé et liberticide fait froid dans le dos. Sans parler de ce twist final si bien amené !
Si vous aimez les romans se passant dans l'univers psychiatrique, ou si vous voulez vous essayer à ce genre, je ne peux que vous le recommander.
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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