Executive Life

Le banquer d'affaires ( Loïc Deraison , Crédit Lyonnais ) n'en croit pas ses oreilles , il croit même à une boutade . et pour cause , il est bien placé pour savoir que François Pinault n'a pas un sou vaillant pour se lancer dans une nouvelle acquisition . On parle de 2 milliards de dollars ( plus de 15 milliards de francs ) . mais nécessité fait loi et aucune piste ne doit être négligée . Une rencontre avec Jean François Hénin ( le Mozart de la finance qui aurait déjà couté plusieurs milliards de francs au Crédit Lyonnais )est donc organisée dans l'hôtel particulier où le groupe Pinault est alors installé . Patricia Barbizet ( bras droit de François Pinault ) et Alain Minc , le fidèle conseiller , y assistent aux cotés du grand patron . L'homme d'affaires confirme son intention de racheter les " Junk bonds "du Crédit Lyonnais mais ce dernier doit le financer . Cela revient , pour la banque à vendre un actif prometteur en échange d'un engagement supplémentaire sur un de ses principaux clients , déjà fragile financièrement . L'avantage est nul .

François Pinault , ami de longue date de Jacques Chirac a fait sien le célèbre aphorisme prêté au chef de l'état : " Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent " . S'il suffisait d'un exemple , l'épisode de La Chapelle-d'Arblay illustre jusqu'à la caricature la méthode Pinault et son absence d'état d'âme . Au cours des années 80 , ce groupe papetier frôle le dépôt de bilan à plusieurs reprises . Il ne doit son salut qu'au soutien des pouvoirs publics qui injectent périodiquement des subsides par centaines de millions de francs . Laurent Fabius ( premier ministre de juillet 84 à juin 86 ) y veille personnellement car la société est installée dans sa circonscription . Mais c'est grâce à Jacques Chirac et à son ministre de l'industrie Alain Madelin que François Pinault emporte une fois de plus la mise . En 88 , il se présente en sauveur , reprend le groupe papetier en empochant les subventions . En contrepartie , il était supposé conserver l'entreprise . Il la vend 2 ans plus tard à un concurrent suédois et encaisse une plus value de plusieurs centaines de millions de francs . Aucun responsable politique n'y trouvera à redire .