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Critique de Lekarr


« Criminels de guerre » fait partie des quatre romans de SF que P-J Herault a publié aux éditions de l'Officine entre 2005 et 2008 soit une bonne dizaine d'années après ses dernières parutions dans la collection Anticipation du Fleuve Noir. Ces quatre romans - ainsi que ceux publiés aux éditions Rivière Blanche – marquent un tournant dans l'oeuvre de l'auteur parce qu'ils signent son retour dans le petit monde de la science-fiction française mais surtout parce qu'ils lui permettent de s'affranchir du format limité en termes de pages auquel il avait été astreint jusqu'alors. Il va dès lors avoir les coudées plus franches pour développer son univers et apporter ainsi davantage de profondeur à ses histoires.
Cela se ressent dans la précision de ses descriptions, dans son soucis du détail et ce, quelques soient les lieux visités (planètes, satellites, stations orbitales…), les outils utilisés (machines, systèmes informatiques et de transmission, vaisseaux spatiaux…) et les modes de vies des hommes et des femmes du futur. La SF de P-J Herault est une SF du quotidien où tout est expliqué, où le moindre fait, la plus petite invention semble non pas seulement possible ou même plausible, mais vrai.
De la même manière l'auteur prend tout son temps pour introduire ses personnages. Il le fait tranquillement et de façon presque anodine. Cela lui permet de faire émerger les caractères petit à petit, sans être contraint de recourir à des stéréotypes brossés en deux ou trois lignes. Et c'est d'autant plus important que les rapports humains sont au centre de ses romans, lesquels sont presque toujours des histoires d'amitié, de rencontres et d'honneur. « Criminels de guerre ne fait pas exception à la règle puisqu'on y suit un ancien soldat qui se porte à l'aide d'un ancien camarade de combat et qui va devoir s'appuyer sur l'expertise et le soutien d'individus rencontrés en cours de route pour sauver son ami puis faire cesser un gigantesque complot. Amitié, rencontres, honneur, un schéma héraultien classique au service d'une intrigue un peu moins guerrière qu'à l'accoutumée.
L'action, la vraie, avec combats au thermique et au désintégrateur moléculaire, n'intervient que dans le dernier tiers du roman. Elle est plutôt bien orchestrée et permet d'évacuer la tension qui s'était accumulée. Elle permet aussi de clore rapidement le récit et de démontrer que notre retraité de héros en conservait encore sous la semelle ! Mais il faut bien avouer que cette partie du roman avec ses scènes d'infiltration et d'interrogatoires ou ses opérations commando n'est pas la plus passionnante. Je lui ai préféré, et de loin, tout ce qui précède, les démarches entreprises pour se protéger d'institutions dévoyées, la réunion de toutes les bonnes volontés pour faire front, la préparation de la contre-attaque…
Quant au thème du roman, il est bien évident que c'est la guerre d'Algérie et certaines de ses conséquences qui le lui ont inspiré. Une guerre opposant une confédération à ses colonies, l'envoi au combat de simples appelés du contingent, les porteurs de valises… : le parallèle avec ce conflit auquel l'auteur a lui-même participé, est en effet incontestable. P-J Herault n'hésite d'ailleurs pas à nous faire part de ses réflexions, notamment sur la responsabilité des politiques qui se défaussent sur les militaires des tragiques résultats de décisions qu'ils ont pourtant prises. Et pour ce qui est de ces fameux criminels de guerre, le sujet est expédié en une phrase définitive mais au combien vraie : « La guerre elle-même est un crime, un point c'est tout ».

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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