| Une oeuvre profondément juste. Un roman étrangement réconfortant malgré les sujets abordés ; le sentiment d'un monde qui change. Qui ouvre les yeux. |
🌷 « Ce sont de précieuses années, les filles. Faites en sorte qu'elles comptent. »
Nos plus belles années est un roman qui dédramatise beaucoup cette période de notre vie ; cette période complexe où nous ne sommes pas encore des adultes, mais plus complètement des enfants non plus.
J'ai aimé côtoyer la réalité durant ces 421 pages. Je ne parle pas d'une "réalité romanesque",
Clara Héraut nous plonge au coeur d'une vie étudiante grise, une vie étudiante dans tout ce qu'elle a de plus beau à offrir... mais pas que.
J'ai vraiment apprécié le duo des Précieuses Ambre et Jade, cette amitié curieuse et inébranlable qui les lie malgré leurs caractères diamétralement opposés.
🌷 « Nous n'avons jamais vu les choses de la même façon et nous ne le ferons probablement jamais. »
Constater l'émancipation de l'adolescence à travers ces deux personnalités s'est révélé très perturbant et juste à la fois. Peu importe comment vous avez ressenti/vécu vos "plus belles années", les protagonistes sont tellement différentes que l'identification se fera d'un côté ou de l'autre ; les thèmes abordés par chacune résonneront forcément en vous. Et vous permettront – peut-être – de cerner un peu mieux ceux/celles que vous n'étiez pas.
Le gros + de ce livre, d'après moi, c'est l'approche autour de la thématique du consentement. Notre société s'est enfin ouverte au sujet du consentement sexuel ; l'autrice élargit le sujet à celui que je qualifierais de "moral", un consentement (trop) banalisé.
La vie étudiante est une période complexe de doute, de remise en question, de construction. Il est fréquent de s'y perdre en essayant de trouver sa place, d'être entraîné de force dans cette marée étouffante sans parvenir à y sortir de peur d'en être exclu.
🌷 « J'ai toujours peur quand je ne vais pas aux soirées que des souvenirs se créent sans moi et que, après, je me retrouve exclue. Les réseaux sociaux sont terribles pour ça. »
Nos plus belles années aborde cette obligation qu'on peut ressentir, parfois, d'entrer dans le moule de la vie étudiante pour, à défaut d'être différent, être comme tout le monde.
Comment bien présenter ce roman sans évoquer son engagement féministe ? Pour ne pas que ce post soit trop long, je me contenterai d'une citation :
🌷 « un mec ne sera jamais ce que ça fait de se sentir en danger rien qu'en marchant dans la rue. D'avoir tout le temps peur de ce qui pourrait arriver. de jeter des coups d'oeil mécanique par-dessus son épaule pour être sûr de ne pas être suivi. D'enfiler ses écouteurs mais de ne pas mettre de musique. de placer ses clés entre ses doigts juste au cas où. de changer de trottoir, une, deux, trois fois.
De prier pour que ça suffise. Et avoir constamment la preuve que ce n'est pas le cas. »
> Je reste tout de même frustrée de la dernière phrase du résumé qui en dévoile trop – ou, du moins, pousse à la méfiance ! Je pense que le drame aurait encore plus d'impact si le lecteur, tout comme les héroïnes, ne voit rien venir.
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🌷 «Il n'y a pas de cérémonie magique durant laquelle on nous remet les clés du monde. [...] Un jour, on est encore un enfant et le lendemain, on se rend compte que l'on est devenu adulte. Juste comme ça. »