AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ged7fr


ged7fr
20 septembre 2020

Nota : j'ai commencé a écrire cette critique environ 150 pages avant la fin. Ça devait être un canevas pour structurer la compréhension d'un livre dont l'accès est difficile : où l'on se sent perdu dans le désert d'Arrakis avec un Fremkit défectueux et un distille qui fuit. Et j'ai l'impression d'avoir tapé dans le mille (ou presque). J'ai donc décidé de ne pas modifier la rédaction, car même si la critique est incomplète, je pense qu'elle révèle la nécessité de l'épilogue. A la dernière page, j'ai éprouvé une grande satisfaction d'une résonance commune, mais je ne m'attendais pas aux twists finaux, où même si on a compris ce qui motivait certains personnages, leurs choix et comportements sont inattendus et surprenants : comme l'expression explosive d'un plan dans un plan, dans un plan...

Voici la critique initiale :

Que savons nous de l'univers de Dune à ce stade. Visiblement la société est foncièrement féodale, aucune liberté ne rêgne ni pour les peuples, qui comptent pour quantité négligeables et qui est corseté par la peur (des pouvoirs), l'angoisse de la survie (sur des planètes pas très hospitalières) et le mauvais espoir (des religions). le scientisme a probablement été réprimé après le mythique jihad butlerien dans un lointain passé. Depuis les peuples vivent dans une forme de stagnation, ce qu'il reste de la technologie a probablement peu changé, quelques technoplanètes entretiennent un artisanat techno-scientifique mais elle est réduite et s'adresse à ceux assez riches pour le payer. le Landsratt, une sorte de parlement, est intimement lié à la CHOM, qui gère les aspects économiques de l'empire. Visiblement la CHOM prélève une forme d'impôt dont les clés de redistribution aux différentes maisons du Landsratt sont prédéfinis, presque immuables, et ne permet pas les initiatives sans une permission implicite ou explicite des trois grandes maisons (Atréides, Corrino, Harkonnen). En fait le duopole CHOM/Landsratt ne permet que de définir l'équilibre des forces entre les trois grandes maisons. La guilde, qui finalement n'est qu'une agence de transport, jouit d'une certaine forme d'indépendance de par leur nécessité à l'irrigation de l'empire. Elle reste plutôt neutre, sauf si son existence à long terme est menacé. le Bene Gesserit dont le but est d'améliorer la politique, la gestion des peuples, tentent d'équilibrer les divisions tout en les alimentant. Elle vise la création d'un dirigeant idéal le kwisatz haderach auquel elle se soumettrait mais voudrait aussi contrôler. Voilà pour la partie réaliste de Dune.

Passons à la partie fantastique, Dune et l'épice. L'épice une sorte de graal qui donne vie à l'empire et ses protagonistes : prolonge la vie, donne des visions du futur, permet de replier l'espace et donc de se déplacer instantanément de planètes en planètes. Une seule source Dune, via un processus franchement étrange. Mais écartons nous légèrement du propos pour une autre considération. Il semble que l'univers est vide, aucune intelligence extra-terrestre n'a été rencontré, mais on la craint et c'est pour cela que l'on conserve les armes atomiques. Visiblement les planètes conquises ont due être terraformé ou adapté avec des animaux et des végétaux provenant initialement de la Terre, même si ses êtres vivants ont légèrement évolué pour s'adapter aussi à leurs environnement. Globalement on n'est pas dépayser : sauf pour l'écosystème du vers d'Arrakis. Est-ce la seule forme de vie alien rencontré, on ne sait pas.

Voilà le décors, dont beaucoup est encore dissimulé par des rideaux et des ombres. Parlons du fracas.

La question sous-jacente est probablement de savoir si le libre-arbitre est possible dans un univers où la liberté est absente. Absente dans les faits, n'importe qui est soumis à des allégeances subies ou consentis à ses seigneurs, ses prêtres, ses lois, voire ses choix. La désobéissance se paye généralement par la mort. Voire absente de la trame même de l'univers : si l'avenir est figé, s'il n'y a que destin, il n'y a que soumission et aucune liberté. Mais la liberté n'est pas absolu, elle est un continuum. Il est évident que pour le petit peuple, en tant qu'individus, il n'a guère de choix, il est soumis, réprimé, sinon punis : sa capacité d'action, corollaire d'une liberté, est quasi nulle et compte pour peu. le peuple ne peut acquérir de liberté que collectivement, par exemple par la révolte, c'est ce qui effraie ceux qui ont des pouvoirs en tant qu'individus. Ils ont la libertés de commander, presque sans entrave, d'imposer le destin de celui-ci ou celui-là, mais dans la crainte d'une réaction collective consciente (la révolte, la guerre civile), ou inconsciente (l'extinction, l'effondrement). Deux choix s'offrent alors à eux : la tyrannie ou la soumission librement consentis. On reconnaîtra les choix des différents protagonistes.

Ce dilemme s'applique aussi aux protagonistes qui ont le plus de pouvoir : Paul, Alia, Leto, Ghamina. Ils ont en eux l'expérience du passé et la vision du/des futurs. Une vision panoptique de l'univers et sur ce que peut espérer et faire un individu. La réponse reste néanmoins flou, car il n'est pas facile d'interpréter ce que l'univers recelles par les effets et les transes de l'épice (la porte de la conscience sur l'univers). Il semble que les possibilités de libre arbitre sont réduites. La liberté pourrait être possible, mais elle demeure un paris. A défaut de libre arbitre, peut être ineffable, il est peut-être plus raisonnable de parier sur l'illusion du libre-arbitre, pour ne pas sombrer. L'individu est foncièrement un être actif qui pour se mouvoir doit croire ou choisir un but.

Voilà pour la théorie. Mais qu'en est il dans la pratique ? le peuple Fremen s'est fait flouer. C'est le seul peuple dont on a une description de son mouvement, de sa subjugation qui va le mener à son désespoir. Avant l'arrivé des Atréides sur Arrakis, le peuple Fremen est certainement le seul peuple libre de l'empire. Pas dans ses apparences. D'une part l'hostilité de la planète est telle que l'individualisme n'est pas possible sans provoquer sa mort, voire celle des autres. Tout écart à la norme de survie du groupe est condamné généralement par la mort. D'autre part du point de vue de l'occupant Harkonnen et de l'empire, le peuple fremen est faible, peu nombreux, disperçé et sous contrôle. Mais dans les fait, ils sont libres de leur destion et ont la capacité de garantir cette liberté. D'abord la garantis évidente, ils supplantent militairement les Sardaukar, mais restent cachés. Maintenant leur liberté en tant qu peuple : ils ont choisis un projet à long terme pour transformer la face d'Arrakis. Ce projet est collectif et appartient à chaque fremen en tant qu'être, en tant que but, en tant qu'espoir positif. Lieth les dirige avec leur consentement, il est plus un coordonnateur, un inspirateur, qu'un chef, il a un pouvoir par délégation et pas par légitimité de sang. Et voilà qu'arrive leur "bourreau", qui va leur imposer leur gouvernement par la légitimité du sang : le duc autoproclamé et héréditaire. Les Fremen se laissent subjugué par le fils car il leur démontre qu'il a le pouvoir de leur donner ce qu'ils veulent sans la peine et l'effort qui va avec. Paul les dépossèdent de leur rêve. Pas dans la finalité d'une planète transformée, mais dans la confiscation de la propriété de cette transformation. Je pense que celà explique la férocité du Jihad qui suit l'imperium de Paul. Les Fremen ont une rage inconsciente de cette dépossession et font connaître leur fureur dans la conquête des planètes. Car dans ce jihad rien ne compte plus que cette fureur car la religion qu'ils imposent fondamentalement après trois tomes, on n'en connaît pas le credo, son message (comme on connaît tout le crédo Jedi), car il n'importe pas.

Revenons finalement sur le décors. Parfois nous sommes invité par la situation ou les protagonistes à contempler la beauté subjuguante d'Arrakis. Est ce que cette beauté et la contemplation est un moteur de l'histoire et du destin de Dune, ou juste une respiration. Je ne sais pas. J'en attend quelque chose, mais ce quelque chose ne vient pas, ou alors elle se meut profondément presque imperceptiblement sous les sables de Dune.

P.S : toutes les fautes sont de moi, c'est mon blasphème à la religion grammériste.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}