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Critique de TableRonde


Allez savoir pourquoi, les Cigares du Pharaon ont-ils bénéficié d'une mise en couleur tardive (1955), très tardive, près de dix ans après toutes les autres (entre 1943 pour la majorité et 46 et 47 pour les derniers).
Aussi, bénéficie-t-il d'une somptueuse reprise du scénario, des dessins et de la mise en couleurs. Hergé est au sommet de son art graphique. Il est vrai qu'un travail énorme a été réalisé entre la version initiale et celle en couleur. Certains passages ont été densifiés, tandis que d'autres ont été supprimés.
Il est amusant de noter que l'album qui est présenté à Tintin a été modifié dans le temps : en N&B, il s'agit de Tintin en Amérique qui vient de sortir chez Casterman (bonne publicité au passage), dans la première version couleur il s'agira de Tintin au Congo (version couleur bien évidemment), tandis que plus tard ce sera Objectif Lune (c'est normal, Tintin a définitivement assis sa notoriété mondiale). Ce dernier constitue un anachronisme, si on considère les aventures comme une suite réglée d'aventures et non comme un tout.
Les Cigares, c'est aussi le vrai début de la constitution du Monde Tintin.
• A tout seigneur, tout honneur : les Dupondt (X33 et X33 bis en N&B) qui poursuivent Tintin dès le début de l'histoire et qui le sauvent du peloton d'exécution pour mieux l'arrêter.
• Rastapopoulos (certes nous l'avions vu en Amérique au fameux banquet final, mais ni l'un ni l'autre ne se reconnaîtra sur le pont de l'Epoméo). Leur première véritable rencontre sur le bateau de croisière initiera leur rivalité qui ne fera que s'accroître, non seulement au fil de l'histoire mais aussi de la saga.
• le senhor Oliveira da Figueira (de Lisbonne).
• Allan Thompson, dans une certaine mesure. En effet, dans la version N&B, on ne le voit pas, ni n'est nommé. En revanche, il a pris du galon, car il est désormais capitaine. Certes me direz-vous, il commande le bateau, mais dans ce cas, il devrait être appelé commandant. Bref, passons.
• le cheik Patrash Pacha (sans que son nom ne soit dévoilé pour autant).
• On est en droit de citer, un premier savant fou (d'une longue série qui aboutira à Tournesol). Dieu sait qu'il y a ici des histoires de fous !
C'est aussi l'ancrage dans la réalité, avec la rencontre d'Henry de Monfreid en pleine Mer Rouge.
Bon, et l'histoire dans tout cela ?
Cet album aurait pu/dû tenir en trois pages, car il s'agit d'une croisière (Tintin en vacances, c'est rare !) qui doit l'amener en Chine.
Mais un égyptologue cyclonesque du nom de Siclone vient rompre la douceur et l'oisiveté de la croisière. Dès cet instant, tout part en vrille. Encore un peu à l'instar des aventures précédentes, l'album est une succession de courtes histoires, dont le fil conducteur est ce sigle mythique de Kih-Oskh. L'histoire peut se scinder en trois épisodes selon les trois pays traversés : l'Egypte, le Golf Arabique, l'Inde sont les pays « visités », auxquels on peut ajouter la Mer Rouge.
Bateau de croisière, sarcophage à dos de dromadaire ou comme embarcation de fortune, boutre, cheval, traversé du désert à pied, petit avion, éléphant, train, voitures dont une de sport, ambulance, tels sont tous les modes de déplacement de Tintin dans cette aventure. C'est dire qu'il y a du rythme !
Certains tintinologues, dont Renaud Nattiez, considère les Cigares du Pharaon comme l'album charnière. Il y a un avant et un après, c'est même la définition d'un mot encore beaucoup plus qui est celui de rupture.
Fort de tous ces aspects, il constitue un album important dans les aventures de Tintin. Une lecture à plusieurs s'impose désormais dans les aventures de Tintin.
A lire et relire.
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