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Critique de BurjBabil


Une enquête à charge sur le pouvoir d'achat. le constat est toujours le même aujourd'hui en Avril 2020, avant le grand braquage que nous préparent nos maîtres : le pouvoir d'achat est l'outil d'un grand mensonge.
On rétorquera qu'au regard de la séquence que l'on vient de vivre, ce n'est pas le seul.
On entre donc dans la fabrique des méthodes de calcul de l'INSEE. On apprend que premièrement le logement pèse pour seulement 6% du « panier de la ménagère » (car l'achat immobilier n'est pas pris en compte, seulement les loyers), et qu'un « effet qualité » tire les prix des biens vers le bas.
Comment ? Par exemple votre nouveau smartphone chinois coûte plus cher, mais l'INSEE considère que « vous en avez plus pour votre argent » parce qu'il est plus puissant 2G/3G/4G/danG, et donc inscrit un prix en baisse dans sa base de données. C'est tellement simple et évident que cela laisse pantois.
Herlin appelle ça l'évaluation au « doigt mouillé », pas de la statistique. Après être pantois, cela rendrait méchant.
En gros, si vous rouliez en R5 avec un téléphone filaire (pas pratique) et que vous regardiez vos maître pérorer sur écran cathodique, votre pouvoir d'achat serait stable. Mais puisque vous achetez un Xiaomi octocore, roulez en Hyundai et vous faites décérébrer devant une TV Samsung LED de 52 pouces, vous ressentez une légère baisse de pouvoir d'achat, complètement subjective.
Encore heureux que vous n'ayez pas la triste idée de vous munir de gel hydro alcoolique et de masques de protection inutiles (version début de crise).
Evidemment, s'il s'agit d'acheter un logement, là . . . c'est une perte réelle (Ah oui au fait, ce n'est pas subjectif comme le répète le ministère de l'information) de pouvoir d'achat qui a été particulièrement importante depuis 2000 et la hausse de l'immobilier partout en France, ce qui a mis les budgets des familles sous tension.
Cela éclaire intelligemment la crise des gilets jaunes, crise inconcevable dans un pays où le pouvoir d'achat progresserait d'année en année à moins que ces gens insérés, ayant un travail, soient les débiles que les chiens de garde télévisuels décrivaient semaine après semaine.
Herlin ne s'est pas contenté du blabla journalistique habituel débité par les perroquets certifiés Maastrichoconformes, il est allé rechercher des séries de prix, en analysant par exemple les brochures d'hypermarchés, de façon à suivre le pouvoir d'achat sur un demi-siècle, entre 1965 et 2015.
On constate ce que chacun d'entre nous sait intérieurement (bêtement selon nos maîtres) : une forte progression sur la fin des « Trente glorieuses », une cassure autour des années 80 et une perte prononcée après 2000 avec la hausse de l'immobilier et des matières premières.
Il explique tout un tas de phénomènes dont je pressentais l'existence sans leur donner de nom comme l'effet Cantillon (Richard de son prénom, ce n'est pas une blague) : La structure des prix est continuellement déformée par l'arrivée d'or (historique, remplacer aujourd'hui par argent facile des banques centrales) au profit de ceux qui sont proches de l'or (les grandes banques) et au détriment de ceux qui en sont éloignés (nous, les travailleurs). La richesse des premiers augmente quand celle des derniers régresse.
Pour Herlin la (re)progression de pouvoir d'achat, si elle doit avoir lieu un jour, passe nécessairement par la réindustrialisation, car l'industrie apporte de nets progrès de productivité, qui seuls peuvent générer de vraies augmentations de pouvoir d'achat.
On découvre les très intéressantes études de Jean Fourastié sur le pouvoir d'achat réel exprimé en temps de travail nécessaire à l'obtention d'un bien ou d'un service.
C'est l'objet de la troisième partie de son livre, plus politique qu'économique. On passe de la mesure aux mesures à prendre, c'est très différent. Car les moyens d'arriver à cette réindustrialisation selon l'auteur, sont assez discutables (et c'est bien, il faut discuter, c'est la base même de la démocratie) : il est donc franchement libéral et s'attaque assez violemment à l'état, la protection sociale, aux règles du droit du travail etc . . .
Sa critique rejoint celle d'Emmanuel Todd et son « aristocratie stato-financière » sans aboutir aux mêmes solutions.
« La France, c'est une culture étatiste (impôts + normes) dans le grand bain de la mondialisation, autrement dit l'échec assuré »
Bref, une analyse pertinente car chiffrée, sourcée, expliquée enchâssée dans une théorie économique invitant au débat.
« Nous avons une économie diversifiée, il y a une sorte de « génie français » tout de même, si la France était bien gérée, nous aurions 3% de chômage, et un pouvoir d'achat supérieur aux Allemands, peut-être pas loin de la Suisse, le rêve ! »
Si on analyse cette dernière phrase, alors une conclusion s'impose.
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