AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,38

sur 17 notes
5
3 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le portrait lumineux d'un fils décédé, par-delà le naufrage du deuil.

Comment dire l'obscurité, la pétrification du réel que représente la perte d'un fils ?

Simplement fiévreux, Fabius, le fils du narrateur d'«Adieu sans fin» est décédé pendant son sommeil à l'âge de seize ans, au début d'un hiver rigoureux, un hiver saturé de neige et de nuit pour son père.

«Ce furent des jours sans lumière. La maison sombre était tout ce qui restait au monde. Dans cette demeure évoluaient des êtres que je connaissais de longue date, des proches, des amis, et pourtant j'étais seul avec le gouffre noir au fond de moi. le pire, c'était quand il me fallait dormir. le sommeil est un assassin. le sommeil m'a volé mon fils. le sommeil est un poison qui s'instille sans un bruit dans mes veines. Je me cabrais contre lui, mais j'étais à bout de forces, l'épuisement avait raison de moi et m'entraînait dans les chambres obscures. Je plongeais dans les eaux d'effroi, je me réveillais en sursaut, je criais. Il n'y avait pas de refuge, il n'y avait pas d'issue. L'épouvante était partout, elle s'insinuait dans mes veines, elle attendait patiemment que la fatigue me terrasse. Alors je lui étais livré tout entier.»

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          130
Ecrire sur la perte d'un être cher, a fortiori celle d'un enfant, est une démarche risquée... c'est avec beaucoup de talent et de sensibilité que Wolfgang Hermann s'y est attelé.

Atteint d'une simple grippe, le fils du narrateur -Fabius, dix-sept ans-, décède brusquement. Il venait d'emménager chez son père, ses deux parents étant séparés depuis sa petite enfance.

C'est tout le processus du travail de deuil que dépeint Wolfgang Hermann.

D'abord, le vide. La vie devenue en l'espace d'un instant dépourvue de sens, et l'impression de ne plus faire partie d'un monde que l'on habitait jusque-là avec une évidence naturelle.

Ensuite, la survenance d'une douleur insondable qui s'exprime par un assombrissement général de l'environnement, comme si la lumière et le temps eux-mêmes étaient morts. le corps qui lâche, en écho au brouillard qui anesthésie toute énergie vitale.

Puis l'amorce progressive d'une sorte de cicatrisation. La souffrance, devenant plus palpable, plus dicible, peut être affrontée. L'égrènement du temps, exprimé par le passage des saisons qui mine de rien pénètre l'inconscient de ses manifestations (l'arrivée de la première neige, la floraison du printemps), réinsère dans l'existence. le soutien des autres -l'ex-femme avec qui l'on renoue, alors que l'on se tient tous deux "au bord de la fosse", la petite amie du fils dont on se rapproche-, les souvenirs évoqués ensemble apaisent en faisant surgir par-dessus le drame les bonheurs définitivement acquis.

Émerge alors, au bout du tunnel d'images angoissantes où l'on se sentait enfermé, non pas le salut ou une franche délivrance, mais un faible rai de lumière auquel on se raccroche instinctivement, vers lequel on avance, comme poussé par un flux imperceptible mais puissant : c'est la vie qui attend.

Quel beau roman que cet "Adieu sans fin". Loin de tout auto apitoiement, de toute ostentation dans la détresse, Wolfgang Hermann suscite pourtant à la fois plaisir et empathie, grâce à une osmose réussie entre élégance et sincérité.

L'écriture est travaillée, sans que transparaisse l'effort qu'a dû nécessiter le souci de justesse a priori primordial pour l'auteur. Comme si écrire la douleur, en un réflexe de survie peut-être inconscient, était un moyen de la dépasser, l'effort réclamé par le style et la structure permettant la prise de distance.

Le résultat, c'est un texte à la fois simple et beau, poétique et bouleversant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          30
Le chemin d'un père pour retrouver le vent, la douceur et la lumière. Au travers de l'évocation délicate des souvenirs avec son fils brutalement mort, le narrateur renoue peu à peu avec le fil de la vie autour de lui. La maison redevient peu à peu le lieu d'un autre rapport au monde. Ce livre est aussi celui de la résurrection d'un amour.
Une écriture densément légère, beaucoup de pudeur qu'on sent imprégnée d'un deuil personnellement traversé par l'auteur, et un profond sentiment de paix traversant le livre comme une brise chaude et légère qui ranime la Vie.
Ce livre est un souffle, savamment maîtrisé et pourtant demeurant spontané dans le partage de l'intime et de l'indicible.
Commenter  J’apprécie          20
Cet adieu sans fin, c'est celui d'un père pour son fils mort subitement à l'âge de 17 ans. L'auteur, qui a lui-même perdu un enfant, affirme pourtant que le texte n'est pas autobiographique. Peu importe, car le récit n'est pas un simple témoignage, il est oeuvre littéraire, et à ce titre, la force d'évocation de l'écriture concourt à donner au texte toute sa puissance. On suit, au fil de plusieurs mois, le parcours de ce père, dont on ignore même le nom, de l'abattement total jusqu'aux premières lueurs d'un retour à la vie. Alors certes le sujet est triste, mais le texte n'en est pas lugubre pour autant. Les mots sont justes, ils transcrivent avec grâce ce qui semble pourtant indicible. Alors que plus rien ne semble avoir de prise sur le père, la succession des saisons marque le temps qui passe. Sur le même sujet, on peut lire le texte poignant de la poète danoise Naja Marie Aidt.
Commenter  J’apprécie          22

Autres livres de Wolfgang Hermann (1) Voir plus

Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

auteurs allemands ou autrichiens

D'abord un des phares de la littérature européenne : Johann Wolfgang von Goethe

allemand
autrichien

12 questions
59 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature allemande , littérature autrichienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}