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Critique de Sarindar


L'élément végétal, aux mille bras tendus vers le ciel et au pied fiché et ramifié en terre, occupe l'espace de l'en-bas vers l'en-haut, des ténèbres à la lumière.

Et si le végétal attirait le féminin, comme nous le dit la mythologie grecque, qui voit l'arbre, surtout le chêne, abriter, en son coeur, une déesse vouée à l'adoration de la futaie et de la sylve, de l'arbre singulier et de l'arbre pluriel, mais dérobée à nos regards ?

Seul l'art pictural et poétique peut se prêter à une forme de révélation de ces nymphes branchues, hôtesses rêvées du Jardin des Hespérides et gardiennes des pommiers aux fruits d'or.

Certaines seraient des promeneuses sous le couvert forestier - les Dryades - et d'autres auraient élu en particulier un spécimen - les Hamadryades -, disparaissant avec l'aimé lorsqu'il est jeté à terre, soit par la foudre céleste, soit par la foudre des hommes, ces tueurs, ces exploiteurs.
Ces déesses seraient donc en partie mortelles.

On doit s'en approcher avec respect et avec amour si on les voit - car l'arbre est beau, l'arbre est paix, l'arbre est vie, comme la femme.

Tels sont les premières remarques qui me viennent après la lecture d' Impromptues.
Les illustrations sont de Friedrich Riehm, au dessin influencé à mes yeux par Moreau, Mucha, Klimt et Dali, sans nier son génie propre, tant l'érotisme qu'il dégage est transparent et troublant, sans obscénité, voile de la vierge et de la nymphe, en habits de nature et de nudité, éclatants et impudiques. Il donne à voir ce que l'oeil ne voit pas, ce qui se cache sous ce qui est là, offert mais insaisissable. Les images livrées ici, forces de beauté qui ont la puissance d'être, s'inspirent du "mythe", de la "légende" à la source, mais font corps avec le texte signé Martine Hermant, qui voyage comme à son aise, au fil des pages, dans cet univers mi-divin, mi-réel, en partie onirique, où l'imagination fait s'interpénétrer la chair, le bois vivant et plein de sève, les forces telluriques et les puissances célestes.

De la poésie à l'état pur, où percent ces mots alignés, assemblés, selon un ordre qui ne naît pas de la raison mais qui vient du tréfonds de l'être dans ce que l'on croit être une "chose", pour s'épanouir en force vitale, énigme séduisante et rassurante avec sa verdure se découpant sur le bleu de l'éther ou sur la grisaille des jours de pluie.

"Libres de chevelure,
Comme autant de doux pièges,
Frileux par nature
De tous les sortilèges.
Suivez les oriflammes
Qui déploient tous leurs charmes
Pour enchaîner votre âme".

Des formes aux mots, tout est en symbiose, dans une éblouissante union de la force et de la fragilité.

François Sarindar
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