Citations sur L'étonnement philosophique : Une histoire de la philoso.. (23)
Tout au long de l’histoire de la pensée, les hommes sont partis de l’idée que la présence de l’être était plus « naturelle » que celle du rien. Cela se voit clairement, en particulier chez les Grecs, qui se sont passés de toute création. La tradition judéo-chrétienne a besoins de la Création pour faire le monde, mais l’être de Dieu est éternel. Dieu en tant qu’être semblait inébranlable. C’est une tendance qui s’affirme, dans les temps modernes, d’accorder dans un certain sens une priorité au non-être sur l’être et en avoir besoin d’expliquer « qu’il y ait quelque chose et non rien ».
Le "sacrificium intellectus" serait le fait d'un homme qui renonce à se servir de la raison, jugée infirme ou profane, afin de s'ouvrir sans réserve à l'inspiration divine. Rien de tel chez Thomas [d'Aquin], pour qui la raison humaine est un don de Dieu. La grâce ne la contredira ni ne la démentira; elle va seulement relayer les efforts de la raison là où ils ne seront plus suffisants.
Ce livre voudrait être une introduction aux grands penseurs du passé qui, chacun à leur manière, se sont efforcés d'élucider les problèmes inépuisables de notre condition, de les comprendre, de les assumer et de les aimer. Car sans ces problèmes, que nous voudrions souvent oublier ou renier, nous ne serions pas des hommes : nous n'aurions ni la possibilité ni le devoir de devenir des êtres libres et responsables. Que nous ayons cette possibilité et ce devoir, c'est ce que nous découvrons le mieux à travers les diverses variantes des étonnements de la philosophie.