AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GeraldineB


Durant les dernières années de sa vie, Hermann Hesse fut un homme serein, capable encore de porter sur le monde un regard émerveillé. En témoignent ces textes et poèmes écrits sur le tard et regroupés dans cet "Eloge de la vieillesse". A 75 ans, ayant accompli sa grande oeuvre, il ne lui reste désormais plus rien à prouver. Il se retire alors loin des mondanités et du vacarme des villes, dans sa propriété de Montagnola. Et c'est dans cette campagne suisse que la mort viendra chercher celui qui l'attendait depuis déjà 10 ans.

Aucune aigreur, aucun regret dans ces textes et poèmes. Hermann Hesse fait preuve d'une grande lucidité et d'une profonde humilité face au temps qui passe, à la vie qui s'effrite peu à peu. Il parvient même à nous faire rire des petites misères du corps humain, en nous narrant sa cure thermale à Baden-Baden et le réconfort qu'il ressent à être le moins souffrant et le plus alerte des curistes. Sentiment bas, certes, mais terriblement humain qu'il nous avoue sans aucune honte, faisant de nous ses joyeux complices.

Ainsi, loin de l'auteur tourmenté que l'on imagine avoir écrit "Le Loup des steppes", le lecteur découvre ici un homme simple, préférant aux salons littéraires le dialogue avec son jardinier. Et tout avec lui, nous ressentons la douceur d'une promenade en forêt, la chaleur d'un café pris chez une vieille dame ou la colère de voir les promoteurs immobiliers envahir les coins les plus sauvages. Nous partageons ces fragments de vie, de cette vie qui va maintenant à petits pas. Il faut beaucoup d'intelligence d'esprit et de coeur pour rire de ses douleurs et ne pas s'irriter de son propre déclin. Hermann Hesse réussit cela, en grand homme qu'il a toujours été. Ses récits sont une leçon d'humilité et d'humanité pour nous tous.

Alors si plus tard, quand je serai bien vieille, au soir, à la chandelle, je n'ai plus que mes livres pour converser, nul doute que je relirai cet "Eloge de la vieillesse". Qui sait, peut-être y trouverais-je la sérénité nécessaire pour continuer à voir la beauté du monde.
Commenter  J’apprécie          8124



Ont apprécié cette critique (76)voir plus




{* *}