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Critique de thedoc


Août 1945. Zofia, 18 ans, jeune juive polonaise, est une rescapée des camps de la mort. Après avoir survécu à Birkenau, à l'usine de Neustadt, puis aux marches de la mort qui l'ont entraînée au camp d'internement de GrossRosen, Zofia est enfin libre, libérée par les Russes. Malgré ses traumatismes qui lui causent encore des troubles de la mémoire, elle est enfin autorisée à quitter l'hôpital. Zofia est fragile mais Zofia est déterminée. Elle n'a qu'un seul but : retrouver son petit frère Abeck, le seul membre de sa famille qu'il lui reste. Elle ne l'a pas vu depuis trois ans, depuis leur séparation à Birkenau mais elle en est certaine : il est vivant, quelque part, et elle va le retrouver quitte à parcourir toute l'Allemagne. Elle lui a promis.

« Un nom sur la liste », roman historique de littérature ado, aborde un point souvent négligé dans la littérature de la Shoah : la période qui a juste suivi la fin de la guerre, ces semaines et ces mois durant lesquels les rescapés des camps se sont retrouvés libres mais totalement perdus, ravagés physiquement et mentalement. Pour certains, plus de famille, plus de foyer, plus rien. Pour d'autres, comme Zofia, on peut encore retourner dans sa maison mais l'accueil reste le même que celui durant la guerre : antisémitisme virulent, agressions, pillages… La guerre a pris fin mais pas les préjugés et la haine. Face à cette situation chaotique commence alors à se mettre en place tout un réseau d'aide pour les « personnes déplacées » sous l'égide des Alliés et des organisations humanitaires internationales.
A travers l'histoire de Zofia et sa quête pour retrouver son frère, l'auteure Monica Hesse revient avec émotion et réalisme sur cette période qui a permis à de nombreux rescapés d'entamer un long processus de reconstruction. S'appuyant sur une importante documentation et des témoignages, l'auteure a su mêler des faits et des lieux historiques (le cas des Juifs dans la ville de Sosnowiec, le camp des personnes déplacées de Föhrenwald) à l'histoire personnelle de Zofia. On y découvre le travail administratif de fourmi pour retrouver les personnes disparues, les espoirs et les déceptions, la solidarité, les projets pour partir en Palestine avec le rêve des rescapés de commencer une nouvelle vie sur un nouveau continent. le lent retour aux gestes d'avant, à la joie d'avant, à l'amour d'avant. Et la volonté, toujours, de survivre alors que le monde entier semblait être devenu fou.
Tous les personnages du roman participent à faire vivre ces lieux et cette période, et le personnage de Zofia est extrêmement touchant par le fait qu'il ne cache rien de ses traumatismes. On ne revient pas de l'enfer sans cicatrice. Comme Zofia – souvent perdue dans le dédale de ses souvenirs refoulés – a su coudre l'histoire de sa famille à partir d'un fil, le drame de ses chers disparus se déroule lentement, au gré des souvenirs qu'elle souhaitait oublier. Elle n'en est pas moins déterminée et courageuse dans cette quête de vérité et l'auteure plonge avec aisance le lecteur dans le tourbillon déstabilisant de ses émotions.

Deuil, résilience, solidarité, amour, mémoire des siens, reconstruction, espoir… « Un nom sur la liste » est un livre grave et dense, accessible aux jeunes lecteurs tout en révélant une grande profondeur et une qualité littéraire indéniable.
A lire pour en apprendre plus sur cette terrible époque.
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