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Critique de emmyne


Cet ouvrage n'est pas un essai au sens strict. Il s'agit d'un recueil d'articles du célèbre auteur allemand parus entre 1907 et 1945.

Dans ces textes, Hermann Hesse nous livre ses réflexions sur la lecture, s'attachant à en définir la pratique. le propos est érudit et passionnant. le titre de cet ouvrage laisse à penser que l'écrivain propose un catalogue « trop neutre, trop correct » de titres considérés comme « incontournables ». Certes, c'est le sujet du premier article mais cette sélection s'appuie sur une philosophie de lecture. Et ce fut avec surprise et un immense bonheur que j'y ai retrouvé ma propre définition, ma propre pratique.

Hermann Hesse nous parle d'amour. Pas seulement d'amour des livres et de la littérature mais de toute la dimension affective de la lecture, de cette dimension personnelle et sacrée.

La bibliothèque idéale n'est pas une bibliothèque universelle. Elle y ressemble par le choix des classiques mais elle ne répond pas à « ce qui se lit, de passé, de récent ». Une bibliothèque, c'est une intimité. Et une sincérité. Hermann Hesse nous raconte ce rapport vivant à la lecture. Ni distraction sans lendemain ni accumulation de savoirs factices puisque sans valeurs humaines mais bien du développement d'une conscience et d'une personnalité. Ce qu'offre la littérature, ce que nous lui donnons. Un plaisir grandissant, un plaisir qui grandit. Une bibliothèque, c'est le lieu où s'exprime le lecteur, où se raconte le lecteur.

J'ai retrouvé dans ses mots exactement ce que j'attends de la lecture, cet au-delà d'elle-même, ces « affinités électives » pour reprendre le titre de Goethe en hommage à la littérature allemande, à l'un des auteurs essentiels à Hermann Hesse, à l'un des premiers qui m'a emmenée en littérature. Ce mot » collection » avec ce qu'il dit de précieux, de passion. La qualité des lectures, celles qui correspondent à un temps, à un sens. Ne pas lire pour lire. Lire moins, lire mieux. Des lectures qui s'inscrivent. Ne pas posséder des livres pour les posséder. Les accueillir. Il a été troublant de lire mon chemin de lecture sur ces pages, cette dimension émotionnelle et non intellectuelle. Ma propre bibliothèque est modeste. Ne s'y installent que les livres avec lesquels j'ai partagé un moment. Comme des rencontres. Il y a pas que des sourires, il y a des souvenirs. Il y a les silences qui se sont écrits et des absents, aussi. Les petits cailloux des sentiers de lecture. Cela ne veut pas dire que la lecture prend un caractère sentimental ou simplement d'empathie, pas du tout. Cela signifie que la lecture touche au-delà de l'intellect, qu'il s'agit de complétude, d'accomplissement, qu'elle permet justement à l'intellect de ne pas être vain. Une littérature avec laquelle on entretient une véritable relation, pas juste des histoires ou » une histoire littéraire à la place du coeur [... ni ] un programme culturel « .

Hermann Hesse relate son parcours de lecteur. Et bien qu'il dresse un panorama de la littérature européenne, conseillant des oeuvres antiques et de grands classiques, des ouvrages fondateurs, le ton n'est pas à la leçon. Il revient évidemment sur son patrimoine littéraire, notamment le XVIIIème allemand ainsi que sur les textes de la spiritualité indienne et chinoise qui l'ont accompagné. le propos est également celui du lecteur averti et du collectionneur. Il nous parle de réédition, de traduction, de relecture, autant de l'objet livre que de l'oeuvre littéraire.

Les articles suivants, le premier constituant la moitié de l'ouvrage, sont aussi intéressants qu'agréables à lire. Sous différents aspects, Hermann Hesse témoigne de son expérience d'homme de lettres.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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