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Critique de Presence


Ce tome comprend les 6 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2011/2012. Il s'agit du cinquième et avant dernier acte de l'histoire. Il faut absolument avoir commencé par le premier tome : Bienvenue à Lovecraft.

L'histoire se situe bien à Lovecraft, mais en 1775. le site est occupé par l'armée anglaise qui soumet à la pendaison ceux qu'elle soupçonne d'aider les rebelles. Il est question de la grotte située sous la demeure Lovecraft et d'un apprenti serrurier. Puis l'histoire revient au temps présent, avec la situation particulière de Bode Locke. Kinsey Locke a découvert une nouvelle clef dont les effets lui permettent de réaliser l'un des rêves les plus courants de l'humanité. Les enfants Bode et leur mère doivent assister à une nouvelle cérémonie funéraire. le récit fait un nouveau retour en arrière en 1988, pour la représentation de la tempête de William Shakespeare par une troupe comprenant Rendell Locke, Erin Voss, Kim Topher, Ellie Whedon, Mark Cho et Luke Carravaggio. Et il est à nouveau question de la clef Oméga.

C'est toujours un moment délicat quand un récit au long cours basé sur un mystère arrive dans ses derniers développements. le lecteur appréhende toujours quelque peu de tomber sur un deus ex machina, une solution de facilité, ou tout simplement une explication trop convenue, trop banale. Les enjeux sont encore plus élevés quand le lecteur sait que le scénariste a construit un récit très structuré où chaque pièce doit s'emboîter parfaitement. La lecture de ce tome m'a laissé pleinement rassuré et satisfait sur la maîtrise des auteurs, et toujours aussi séduit par la personnalité de leurs personnages.

Il est visible que Joe Hill a construit son récit comme un tout, comme un roman. le lecteur a droit dans ce tome à plusieurs révélations sur les clefs et il voit sous ses yeux des pièces disparates s'assembler comme par magie, avec une précision et une rigueur magistrales. de nombreuses particularités liées aux clefs et à leurs cachettes commencent à faire sens. La particularité physique de Dodge observée par un ancien complice dans La couronne des ombres est expliquée, et les liens logiques entre les différentes époques sont révélés. Ce dernier point permet au lecteur d'apprécier toute la dextérité de Joe Hill car ces révélations s'intègrent d'une manière harmonieuse et naturelle dans la structure du récit.

Au-delà de structure habile du récit, Joe Hill n'oublie jamais que l'âme du récit réside dans la capacité des personnages à exister et à susciter de l'empathie chez les lecteurs. Tyler et Kinsey ont droit à la plus grande place sous les projecteurs pour ce tome et pour l'époque actuelle. Pour le reste, le défi de Joe Hill est d'arriver à donner assez de personnalité à l'équipe de 1988. Mission accomplie, en quelques pages ces personnages acquièrent une personnalité distincte, des motivations personnelles, des rêves et des ambitions. Sur le plan de l'intrigue, le lecteur comprend pourquoi il ne les a pas tous encore rencontrés ; sur le plan émotionnel, il regrette de ne pas pouvoir passer plus de temps parmi eux.

Gabriel Rodriguez est toujours aussi impressionnant dans la maîtrise de son art pictural et dans sa façon de se mettre au service du récit, plutôt que de se mettre en avant. Au fil des pages, le lecteur a l'impression que chaque scène est évidente, qu'elle coule d'elle-même et qu'au final chaque image est évidente, sans être bien remarquable. À la relecture, il apparaît que l'histoire combine des éléments disparates répartis sur 3 époques distinctes et que seule une approche construite des images permet de maintenir une unité visuelle. L'absence de heurts visuels ou de moments de stupéfaction graphique souligne la dextérité de Rodriguez. Ce n'est qu'en relisant ces pages, que j'ai pris conscience de la force délirante de certaines cases : une chèvre agressive, l'impossibilité d'éviter, aux passagers d'un bus, la vision d'horreur du corps écrasé, la magnificence de la représentation théâtrale (une double page), le capital sympathie de Mark Cho, etc. À l'instar des tomes précédents, Gabriel Rodriguez continue à apporter la même attention aux décors, à leurs particularités, à leurs spécificités. Chaque personnage dispose d'une conception graphique unique, de tenues vestimentaires cohérentes avec leur caractère. Enfin quand la violence éclate, elle fait vraiment mal car elle s'applique sur des individus réalistes, avec des conséquences plausibles. Il ne faut pas oublier non plus que Rodriguez a conçu l'apparence de toutes les clefs qui bénéficient chacune d'une forme particulière très travaillée (et même le fait que ces formes soient très travaillées est expliqué de manière logique). Les 18 clefs connus sont répertoriées à la fin de ce volume.

Ce cinquième tome est l'occasion de découvrir l'origine des clefs, la particularité du manoir Lovecraft, et ce qui s'est passé après la représentation de la Tempête en 1988. le suspense ne faiblit pas, les personnages sont toujours aussi attachants. J'attends le dernier tome avec confiance et impatience.
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