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Isaac Goodhart (Illustrateur)
EAN : 9781534300255
128 pages
Image Comics (20/12/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Does everyone deserve redemption? As the FBI tightens its noose around Eden, Mark and his mother Laura must either choose to let one of their own suffer at the hands of revenge, or help him take a stand against his enemies...the Aryan Brotherhood.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Postal 3 (épisodes 13 à 16) qu'il faut avoir lu avant. Comme il s'agit d'une histoire à suivre, il faut avoir commencé par le premier tome : Postal Volume 1. Il contient les épisodes 13 à 16, initialement parus en 2016, écrits par Bryan Hill, dessinés et encrés par Isaac Goodhart, avec une mise en couleurs réalisée par Betsy Gonia. Matt Hawkins ne coscénarise plus la série, mais garde un oeil sur sa direction générale. Ce tome comprend également les 4 couvertures réalisées par Linda Sejic, et les 4 réalisées par Isaac Goodheart. Il contient aussi les 15 premières pages de Enden's Fall, le crossover entre Postal, Think Tank et The Tithe, 3 séries créées par Matt Hawkins.

Eden est toujours une petite ville située dans Wyoming, effacée des cartes google, effacée des documents officiels, abritant environ 2.190 habitants, tous des criminels. Comme à son habitude, Mark Shiffron (souffrant du syndrome d'Asperger, trouble du spectre autistique) prend connaissance du courrier et ouvre les colis avant de les distribuer aux habitants d'Eden. Dans un colis destiné à Rowan (un ex suprématiste blanc) se trouve la tête de son frère, dans des fleurs de glycine de Chine (Wisteria sinensis) qui masquent l'odeur de la chair. Rowan vit dans une caravane un peu à l'écart de la ville. Tôt le matin il reçoit la visite de Laura Shiffron, la maire d'Eden et la mère de Mark. Elle l'emmène à la poste et lui montre le contenu du colis. le principe est simple : il doit régler ses affaires à l'écart de la ville dont l'existence doit rester ignorée.

Rowan s'occupe de contacter l'expéditeur et de fixer un rendez-vous. En parallèle, le lecteur découvre comment il se comportait avec les noirs avant de finir en prison, qui lui a envoyé le colis, et qu'il tente depuis des jours d'écrire une lettre à une lettre à une certaine Hattie Johnson. La rencontre avec l'expéditeur ne se déroule pas exactement comme prévue. Laura Shiffron décide qu'il a besoin d'aide pour régler le problème. Elle demande à son fils Mark de concevoir une stratégie, Curtis (l'ex boxeur) et Maggie Pendrowski (la serveuse) acceptent de participer à l'opération. Mark Shiffron se retrouve dans la position difficile de devoir demander de l'aide à Molly Schultz.

Au bout de 3 tomes, le lecteur a pris goût à cette histoire mettant en scène des criminels endurcis, ayant réussi à se mettre au vert dans des conditions acceptables à défaut d'être luxueuses, mais devant affronter des conséquences du passé. Il se souvient également que les dessins d'Isaac Goodheart pèchent un peu par manque de rigueur. Pour ce quatrième tome, il a tout de suite l'oeil attiré par la couverture mystérieuse de Linda Sejic, mais sans grand rapport avec l'intérieur. Les 4 autres correspondant chacune à un épisode sont tout aussi réussies. À la lecture, il s'avère que de temps à autre, une proportion anatomique ressort bizarrement. La représentation de l'armure des spartiates (ceux s'apprêtant à livrer la bataille des Thermopyles) fait très bon marché, et peu réaliste. Pour le reste, Isaac Goodhheart a progressé et la qualité de la narration visuelle s'en ressent dans le bon sens.

Le lecteur retrouve et reconnaît facilement les personnages, que ce soit les principaux comme Mark, Laura Shiffron et Maggie Pendrowski, ou les personnages secondaires comme Curtis, Molly Schultz ou encore Jon Schultz. Comme dans le tome précédent, Isaac Goodheart sait les habiller de tenues normales et pratiques, avec quelques changements vestimentaires d'un jour sur l'autre, tout en montrant que Mark a une garde-robe limitée et gérée avec rigidité. Il constate que l'artiste a progressé sur le plan de la justesse du langage corporel. Il peut voir l'âge de Laura Shiffron dans ses déplacements, et dans la façon dont elle s'appuie ou se relâche dans son fauteuil. Il peut voir la retenue dans les postures de Rowan, la manière dont il met en oeuvre une forme de respect systématique quand il s'adresse aux autres. Il lit la dureté inflexible sur le visage de Laura Shiffron, et le manque d'émotion sur celui de son fils. Au contraire, il voit le visage plus parlant de Maggie Pendrowski, ou encore toute l'intensité dans celui de Curtis.

Isaac Goodheart a également progressé en ce qui concerne la représentation des lieux. L'énorme caravane de Rowan semble posée au milieu de nulle part, d'une grande étendue désertique plate, conférant le sentiment d'isolement qui en découle. le bureau de Laura Shiffron est meublé de manière fonctionnelle, avec quelques éléments plus confortables comme son fauteuil. le plan des 2 maisons où se déroule une fusillade est lisible et cohérent alors que les belligérants passent d'une pièce à l'autre. La cage dans laquelle Molly Shultz est enfermée est crédible, malgré sa situation sortant de l'ordinaire. Les différentes confrontations physiques et armées se déroulent de manière logique, chaque personnage se déplaçant en cohérence avec l'endroit où il se trouvait auparavant, et en fonction des obstacles qui se trouvent dans la pièce. L'artiste fait preuve d'une belle direction d'acteurs qui permet de jauger de leur état d'esprit, y compris dans les séquences mettant en jeu des mécanismes psychologiques complexes. À plusieurs reprises, l'enjeu d'une discussion est de savoir qui aura le dessus sur le plan émotionnel, qui saura avoir le dessus psychologique sur l'autre. En particulier, le face-à-face entre Moly Schultz et Mark Shiffron bénéficie d'une mise en scène parlante qui montre, sans que le scénariste ne doive expliquer par le biais de cartouches de texte supplémentaire. le face-à-face entre Jon Schultz et Laura Shiffron exhale un enjeu psychologique d'une autre nature, mais tout aussi palpable. de ce point de vue, la mise en image fait passer beaucoup d'informations et de sensation sur le plan visuel.

Dès le premier tome, le lecteur avait compris que le sujet principal de la série réside plus dans la pérennité de la ville d'Eden que dans l'histoire des principaux personnages. Avec ce quatrième tome, il prend conscience de tout ce que les scénaristes ont construit. Il voit comment les interactions de Mark avec les autres le font évoluer. Il y a une courte séquence de 2 pages au cours de laquelle Isaac Shiffron donne des conseils à une jeune Laura, rappelant que son ombre plane encore sur les personnages. En seulement 4 épisodes, Bryan Hill sait aussi évoquer les intrigues secondaires pour montrer comment les fils s'entremêlent, que ce soit la mention orale de l'agent Bremble, ou le comportement de Curtis qui rappelle son histoire personnelle développée dans le tome 2. Mais au coeur de l'intrigue, c'est bien la pérennité d'Eden qui est en jeu. Tout tourne autour de ça : les mesures à prendre par Rowan, la décision de la maire de lui prêter assistance, l'enfermement de Molly Schultz, l'avertissement de Jon Schultz sur les agissements de l'agent Bremble, etc.

Bryan Hill raconte donc un thriller tendu, dans lequel chaque action peut déraper et avoir des conséquences néfastes. En outre, chaque personnage est compromis moralement, c'est-à-dire capable d'un comportement imprévisible et violent. le lecteur ne peut pas prévoir comment réagira Rowan (grand colosse avec un aigle allemand tatoué dans le dos tenant en ses serres un blason avec la croix gammée), quel jeu sadique Molly Schultz a pu inventer, comment Curtis (homme noir) va se comporter aux côtés d'un suprématiste aryen. le scénariste joue habilement avec les ressorts habituels, en particulier avec la santé physique de Laura Shiffron. Cela oblige à considérer la question de la pérennité d'Eden d'une autre manière. Il aborde également des questions morales, avec des personnages amoraux au mieux, immoraux au pire. Il parle de racisme au travers de la Fraternité Aryenne, tout en montrant que les relations entre individus ne sont pas jouées à l'avance. Il met en scène des narcotrafiquants complètement oublieux des effets de la camelote qu'ils refourguent, mais tout aussi esclaves du système capitaliste que les autres citoyens. Il évoque la bataille des Thermopyles (480 avant Jésus Christ) à la fois comme une stratégie dont s'inspirer, mais aussi pour évoquer que tous les soldats n'ont pas la même valeur. Certains peuvent être considérés comme des pions et donc sacrifiés, d'autres non. Il s'agit d'une étrange leçon donnée par Laura Shiffron à son fils sur l'art de la gouvernance dans un état d'urgence.

Le lecteur ressort de ce quatrième tome avec l'impression que les auteurs se sont recentrés sur le coeur de leur récit. Les pages du dessinateur ont évolué dans le bon sens, avec des décors moins en carton-pâte et des morphologies mieux maîtrisées. Sa mise en scène et sa direction d'acteur ne sont plus simplement professionnelles, mais sont devenues efficaces, faisant passer des subtilités qui n'ont pas besoin d'être rendues explicites par le texte ou les dialogues. le scénariste met en jeu une nouvelle menace risquant de révéler le pot aux roses concernant Eden, tout en abordant des problématiques politiques, sociales et personnelles sans avoir l'air d'y toucher, encore moins en prêchant. 5 étoiles pour un thriller sec, brutal et humain.
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