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Critique de Penda


En 90 pages, on pénètre dans l'univers littéraire d'un styliste et dans le coeur de la tragédie américaine. Dans ce corpus de cinq nouvelles, je distingue particulièrement la première et la troisième : "Le fantôme de Rufus Jones" (jubilatoire) et "Son dernier jour" (profond) où l'art de Chester Himes surprend par son économie et sa puissance.
Ainsi l'auteur étend le système raciste des couleurs de peau à la description de l'environnement matériel. L'effet est double, une impression de réalité presque picturale et en même temps le soupçon d'une certaine ironie de l'écrivain : « la boule rouge terne du soleil » (p.19) ; « les filets de vomi verdâtre sous la lumière jaune » (p.24) ; « La flamme éclaira les murs blancs d'un carmin fugitif… » (p.42). Ce souci de la nuance, du coloris, est comme un écho à l'absurdité du système ségrégationniste américain. D'ailleurs, dans « le Fantôme de Rufus Jones » une catégorie de personnes semble devenir « aveugle aux couleurs » (blind color) ce qui ébranle immédiatement les fondements de cette société…. Jusqu'à provoquer une apoplexie !

Je suis également fascinée par la richesse des images créées pour dépeindre le sordide et l'inéluctable, par exemple : « … il n'était pas le premier à rencontrer son Waterloo en la personne d'une de ces filles… » (P. 45) ou pour nommer la chaise électrique : « le voyage éclair » ; « chevaucher les éclairs ». Cet humour ravageur dit en quelques mots le désespoir sardonique, parfois résigné, des victimes d'un crime contre l'humanité pluriséculaire : l'esclavage, sur lequel s'est fondée le concept de vie idéale aux USA : l'American Way of Life… !
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