AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de florigny


Le 31 mars 1996, Tamara, âgée de 12 ans, disparaît près de chez elle, dans une petite ville du Midwest jamais nommée, dans un quartier pourri où la population sait encaisser, est blindée à force de se frotter à la vie, aux coups durs, au quotidien minable, au perpétuel manque d'argent. Mack et Bank, deux flics et néanmoins amis d'enfance, arrivent sur les lieux et rapidement, il apparaît que cette affaire comporte de troublantes similitudes avec l'enlèvement 7 ans plus tôt de Jamie, la fille de Bank, jamais retrouvée.


Craig Holden imagine dans Les quatre coins de la nuit une intrigue à tiroirs, un étrange jeu du chat et de la souris entre la ville et les deux amis, qui depuis toujours entretiennent des relations ambiguës faites d'admiration, de lâcheté, de doutes, de certitudes, de flottements et d'irrésolutions, d'attachement indéfectible. En alternance, Mack le narrateur, égraine les souvenirs de leur enfance, décrit la lente dégradation d'une ville soumise à la récession et à l'explosion du trafic des drogues, rappelle le déroulement de l'enquête concernant la disparition de Jamie, tandis que Bank rongé de l'intérieur, les neurones embrouillés par la répétition d'une histoire qui l'a détruit ainsi que son couple 7 ans auparavant, écume la ville, ses parcs, ses cités, à la recherche d'indices et au-delà d'une explication.


Avec une force évocatrice peu commune, Craig Holden signe un roman débordant d'humanité, parfois poignant, privilégiant l'atmosphère à l'action, qui aborde avec tact les souffrances subies dès le plus jeune âge, dont il livre avec parcimonie au cours du récit, des indices qui semblent n'être que des broutilles rendant l'évolution du mal imperceptible, avant l'épilogue déroutant, radical et glaçant, aux nombreuses interrogations laissées en suspens, qui plongent aux racines mêmes des actes et des motivations des personnages. La réponse à ces questions lancinantes se situe probablement quelque part entre le oui et le non, entre le noir et le blanc. Quelque part dans cet entre-deux grisâtre où chacun traîne ses failles, ses faiblesses, ses abîmes de rage qu'il doit combler coûte que coûte, quel que soit le prix à payer, car "il est parfois difficile d'affronter ce qu'on a vécu et ce qui nous reste à vivre ». Un grand roman noir ! 
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}