De la fantasy sans grande fantaisie
Comme souvent dans les romans de fantasy, on nous plonge dans des univers où « s'opposent » deux mondes convoitant la même chose. En recourant à un processus somme toute très classique, ce roman ne fait pas exception. Il confronte, en effet, le monde des riches et le monde des pauvres et leur quête respective de vie. Toutefois, cette quête se révèle différente en fonction du camp auquel vous appartenez. Les pauvres, pour vivre, se doivent de s'échiner au travail pour les riches et de gagner leur subsistance. Cependant, dans le cas où ils n'y parviendraient pas, on leur offre gracieusement la possibilité, chaque mois, de vendre leur sang pour se procurer les « fers-de-sang » qui leur sont nécessaires. Problème : en vendant leur sang, ils perdent du temps de vie. Quant aux riches, toute leur existence se résume à s'approprier cette monnaie de sang qu'ils consomment telle des « comprimés » sublinguaux afin d'acquérir des années de vie supplémentaires. En somme, ces deux mondes se révèlent interdépendants pour soit survivre, soit espérer une fragile éternité. On reconnaîtra à
Sara Holland une recherche d'originalité dans le procédé retenu mais on sent quand même un peu trop la dimension vampiresque qui ne s'assume pas vraiment. C'est clair qu'une saignée chez un extracteur, c'est moins glamour qu'une bande de suceurs de sang.
Afin de préserver la santé fragile de son père dont les séances récurrente de saignée ont déjà bien entamé le capital de vie, l'héroïne, Julie, décide de se faire embaucher comme domestique à
Everless, le temps des fiançailles du prince Roan, l'un de ses amis d'enfance, et Ina, la future héritière du royaume. Alors, oui, vous la voyez arriver à grands pas la romance bien chiantissime… Et je répondrai : oui et non. Certes, Julie éprouve des sentiments pour Roan (elle ne cesse de le laisser sous-entendre tout au long du roman) et, de temps en temps, on sent une petite pointe de jalousie (parce que le Roan, il joue quand même un double jeu). Mais cela ne va que très rarement au-delà de cela dans la mesure où Ina se révèle plutôt sympathique et de plus en plus proche de Julie (Bon, sur ce coup, elle est quand même un peu cruchotte, la Julie). On évite quand même le pire sur cette question d'amourette bien lourdingue.
Quant aux personnages, le problème, c'est que l'auteur n'est pas vraiment une pro en matière de suspense. En effet, elle a la mauvaise habitude de chercher quasi systématiquement à leur donner un double visage. Alors quand cela caractérise un ou deux personnages, cela passe, mais quand on se rend compte que la plupart d'entre eux sont touchés par ce choix narratif guère pertinent, cela en devient un peu ridicule. Concernant Roan, on sent rapidement qu'il y a un petit souci avec lui. Gendre idéal ? Pas sûr. Mais aussi concernant le personnage de son frère, Liam, considéré bien trop vite comme le méchant de l'histoire. C'est tellement gros, que, dès la moitié du roman, on n'attend qu'une seule chose : que Julie finisse par ouvrir les yeux. Sauf que la Julie, amourachée de Roan, elle n'est pas très finaude. En somme, tout est cousu de fil blanc dans cette histoire et c'est ce qui gâche au final l'ensemble de l'intrigue.
La seule chose vraiment intéressante dans ce roman, c'est la partie consacrée à la quête d'identité que Julie va mener la concernant. Car oui, Julie, elle non plus, n'est pas vraiment ce qu'on souhaite nous donner à voir. Je vous laisse le découvrir mais l'auteur nous plonge alors dans une ambiance très mystérieuse et angoissante (mais quand même un peu inspirée de l'univers Harry Potter) qui donne enfin l'impression que ce roman a une qualité. le problème, c'est que cela ne dure que quelques pages avant de retomber dans un classicisme bien morose.
Ma chouchoute à moi
C'est le personnage de Caro, seul personnage véritablement complexe dans cette histoire et digne d'un roman de fantasy. Je vous laisse la découvrir.
Au final, un roman qui se lit mais qui franchement ne m'a pas forcément convaincu car, malgré quelques passages plutôt intéressants, l'ensemble déçoit par le recours à des mécanismes beaucoup trop évidents. Lirai-je le second tome ? Je pense que oui, mais il va falloir que
Sara Holland y mette un sacré coup pour me convaincre d'adhérer à son univers.
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