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Critique de Dixie39


Magda Hollander-Lafon est une sur-vivante. Envoyée dans les camps avec sa mère et sa soeur, elle ne devra d'échapper aux chambres à gaz, qu'à une courte phrase entendue, dite à mi-mots : "tu as dix-huit ans !".
Elle a répondu "dix-huit" lors de la sélection et a découvert l'enfer : la faim, la soif, la violence abjecte, inhumaine et ces interminables travaux de forçats, dans la neige ou sous le soleil, ces appels et ces comptages insensés, à bout de force, à bout de mots...
"Mon baluchon est plein de paroles qui ne sont pas encore venues au monde."

En 1977, elle livre dans "les chemins du temps", des fragments de sa mémoire, des mots épars qui viennent nous heurter comme un constat, un inventaire d'horreur : La parole sort "en jet" comme une réalité, une vérité qu'on vomit...
Quand l'indicible est trop fort et ne laisse à la voix que des bribes, il reste la poésie pour toucher, sentir, partager, transmettre ce qui ne peut plus être porté par un discours.

"Mourir

Elle m'aurait lâchée cette sacrée vie
Si je l'avais laissée faire
 
C'était facile
Un éclair de vertige
Le bonheur fluide d'un instant
 
Mais le Printemps faisait du bruit
Dans ma mémoire si tôt blessée
Et je l'ai entendu
Au-delà des barbelés"

Magda n'obéit pas à un "devoir de mémoire", elle ne reconstruit pas les faits, elle y est fidèle. Elle les laisse éclore et nous les livre en lieu et place de ceux qui ne sont plus : "Si, aujourd'hui, je traverse courbaturée le pont de ma mémoire, c'est pour que vive longtemps le souvenir de celles et de ceux à qui l'on a volé leur vie et qui, jusqu'au bout, ont voulu nous donner le courage de vivre."
Ces quatre petits bouts de pain moisis tendus au creux d'une main.

La seconde et dernière partie est de l'ordre du témoignage, du combat mené pour sur-vivre, vivre et transmettre, ce qui a eu lieu, ce qui pourrait avoir lieu de nouveau :
"Je vous invite à résister aux influences extérieures, à choisir vos sources d'information. N'avalez pas tout ce qu'on vous raconte comme vérité. Lorsque vous êtes témoins d'une situation que vous ressentez comme inacceptable, humainement injuste, faites-vous confiance. Discernez, choisissez et devenez responsables de vos choix. Transformez l'indifférence et l'ignorance en solidarité. L'indifférence et l'ignorance sont, pour moi, la mort de l'homme, la mort de l'humanité."

Et conclure sur ces quelques mots qui ne sont pas les miens, comme beaucoup d'autres dans cette critique ; Mais que diraient-ils de plus que les siens et que ceux de ces enfants, qui pourraient être les miens ?

« C'est un tout petit bout de bonne femme, mais c'est une grande dame, écrit à son sujet un groupe de lycéen. Elle va avoir quatre-vingt-quatre ans mais elle est plus jeune que moi tant elle pétille de vie et d'enthousiasme. Elle dit qu'un regard et un sourire peuvent suffire à rendre la vie et, quand on voit son regard et son sourire, on sait que ce qu'elle dit est vrai. Avant de parler, elle a posé son regard sur toute la salle. Et il l'a illuminée. Elle veut m'appeler par mon prénom, comme elle le fait pour chacun. Elle nous dit que chacun de nous est unique et que cette unicité fait notre richesse. »
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