C'est bien notre humanité qui pose problème au capital : notre attachement à des choses futiles qui ne cadrent pas avec le travail abstrait, comme faire ce qu'on veut, passer du temps avec des amis, comme exercer une résistance lorsqu'on nous en demande trop, comme avoir un sens de la justice et de la solidarité, comme ne pas faire attention, comme changer d'avis et de direction. Nous sommes la crise. La crise est notre refus de se soumettre, notre manque de subordination nécessaire.
La crise est une attaque contre nos modes de vie, mais c’est aussi un piège. Le capital nous invite sans cesse à lui rappeler à quel point il nous manque, à quel point nous l’aimons : reviens capital, reviens argent, donne-moi du travail, fais couler l’argent dans nos vies ! Voilà ce qui constitue la base des politiques traditionnelles de gauche : se battre pour le droit au travail. Mais le défi est de mettre la crise à l’envers, casser cet éternel retour à la soumission et dire au capital : « Non. Nous sommes la crise. Notre refus de devenir des robots à ton service est le rocher sur lequel les vagues incessantes de tes attaques viennent se briser. Il est maintenant temps pour toi de te retirer parce que nous avons autre chose à faire de nos vies. Nous voulons créer un monde qui a du sens.
Détruisez le pouvoir de l’argent. Détruisez-le car l’argent est le nerf de cette guerre mondiale déclarée à l’humanité. Détruisez-le car l’argent est la connexion sociale nous reliant, devenue de plus en plus autonome, de plus en plus agressive, et qui menace désormais de tous nous anéantir. Détruisez-le sinon nos victoires se retrouveront prises dans les tentacules de ce monstre qui absorbe tout et qui s’est retourné contre nous.
Ce sont des brèches dans la domination du capital, des espaces et des moments de négation-création, où nous pouvons dire « non » et créer quelque chose de différent, explorer de nouveaux chemins, de nouvelles logiques, essayer d’ouvrir de nouveaux mondes.
Nous sommes au cœur d'une bataille dans laquelle la rage s'intensifie. Le futur de l'humanité dépend de cette bataille. C'est une bataille des rages.
Nous sommes la crise d’un système destructeur.
« Nous avons fait trembler le pouvoir de l’argent. Celui-ci a compris qu’il y avait quelque chose qu’il ne pouvait pas acheter ni vendre, que la dignité avait commencé à faire front. Le pouvoir de l’argent a peur car l’union des dignités signifie son effondrement, la fin prochaine d’un cauchemar, la conclusion d’une phase historique où règnent l’arrogance et la stupidité. » Sous-commandant Marcos
Cela semble simple, mais l’argent est comme le monstre de Frankenstein. Il s’éloigne du processus originel d’échange et se retourne contre ceux qui échangent pour les attaquer.