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Critique de Kickou


« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », tu parles Charles (ou tu frimes Joachim) ! Parce que le voyage d'Ulysse c'est surtout, la souffrance et la peur, la mort et les pleurs. Avant de l'avoir lu dans son intégralité, on ne connait de l'Odyssée que quelques épisodes fameux, passés au patrimoine mondial de la culture. Pourtant ce « Roman » ne se réduit pas à ces quelques passages, c'est un texte d'une étonnante modernité narrative (flash-back, changement de narrateur, alternances de dialogues et de scènes épiques ...). L'histoire de ce(s) texte(s) se confond avec celle de l'Ecriture même. Si la littérature c'est la mémoire alors l'Odyssée est le plus grand des livres. C'est à la fois un roman d'aventure, un conte fantastique, de la poésie brute, une histoire d'amour, un incomparable témoignage historique sur la société grecque du 8ème siècle avant J-C ... C'est aussi peut-être un livre sur la réalité de l'Humanité. L'un de mes passages préférés est au chant XIII, lorsqu'Ulysse ne sachant encore qu'il est revenu à Ithaque et qui rencontre un jeune berger, lui raconte une histoire inventée pour ne pas être identifié, c'est alors qu'Athéna qui avait pris les traits du berger en question se dévoile à Ulysse en se moquant de lui en ces termes : « Quel fourbe, quel larron, quand ce serait un dieu, pourrait te surpasser en ruses de tout genre ! Pauvre éternel brodeur ! N'avoir faim que de ruses ! Tu rentres au pays et ne penses encore qu'aux contes de brigands, aux mensonges chers à ton coeur depuis l'enfance ... Trêve de ces histoires ! Nous sommes deux au jeu ... ».
Bien sûr, la traduction (ou plutôt l'interprétation) a une importance capitale pour ce genre de texte, pour ma part, j'ai lu la « version » de Victor Bérard * (1931 - en Livre de Poche) qui a tenté de garder le rythme d'origine, le rythme de l'oralité des aèdes à qui il était destiné.
En lisant l'Odyssée, je pouvais voir au loin et selon la météo, des nuages himalayens au-dessus des rivages bleu-sombre de l'Épire, avec, en fond sonore, le chant des cigales ; Et je pensais qu'au fond, ici-bas, pas plus que dans le coeur des hommes, peu de choses ont changé depuis vingt-huit siècles. Donc 5* pour l'éternité. Allez, Ya Sas.
P.S. : * A l'attention de l'équipe de Babélio ; Victor Bérard n'apparait pas en tant que traducteur dans la fiche Babélio de l'Odyssée, or je crois qu'il est l'un des plus importants traducteurs de l'oeuvre, même constat pour Philippe Jaccottet.
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