Citations sur Dictionnaire amoureux du Cheval (12)
Un cheval, c'est malcommode au centre et dangereux aux deux extrémités. Ian Fleming.
Dans leurs robes de soie bleue nouées d'une ceinture orange, le chapeau relevé sur le haut du front, mèche noire en contrepoint d'un sourire éclatant de loup assoiffé d'amour, l'on dirait des bouquets de soleil tombés du ciel. Lorsqu'ils chevauchent, à l'amble ou au grand galop, les Mongols sont debout. Des points d'exclamation qui volent. Et dans le vent qui tourbillonne à la suite des panaches en flèche, des refrains qui ribouldinguent, car les cavaliers chantent leurs joies, le sol, le ciel, l'amour, la beauté de leurs chevaux.
Le délié de ses reins, le charbon de ses crins, l'arc ébène et brasillant de son col hissé d'un foulard de soie pourpre, de volupté, vous faisaient fondre. Sous lui, le plancher tagadoumait de ce rythme à trois temps inversé que ses sabots administraient, quatre lames bleu nuit, maîtresses de toutes les horloges de l'univers. A l'envers, il galopait vers la nuit, s'y fondait, jetait sur nous le grand manteau de son ombre, le néant soudain, interrompu par le marteau d'un forgeron sur l'enclume!
Au départ, face à l’homme, il se croit le plus fort. Physiquement, il n’a pas tort. Bien vite, il admet notre « supériorité », en cela il démontre un brin de perspicacité.
L’acteur Steve McQueen, au demeurant excellent cavalier, disait : « Quand un cheval apprendra a commander du Martini, j’apprendrai à aimer les chevaux. »
Le Cheval me projette dans les nues. A son approche, un trouble m’étreint, un vertige. Dès qu’on se renifle, je m’enivre. Tous ces museaux d’amour plongés dans ce qu’il reste de vert ici-bas me chavirent. Leurs grands yeux d’eaux noires aux étoffes brunes et fauves, célestes, entre terre et ciel me sont nécessaires, et s’ils décidaient de s’envoler, cela ne m’étonnerait pas, aujourd'hui encore.
Ludique, parfois un brin cornichon, le cheval anglo-arabe a beaucoup de personnalité. Du caractère qui lui vaut souvent une fausse réputation de cabochard et fait de ce cheval tout-terrain une figure attachante et complexe. Il a le culot des enfants et mérite de temps en temps une fessée cul nu. Mais c’est un courageux, un habile, aussi impétueux que volontaire, il est en demande constante, ne supportant pas l’ennui, gourmand d’oxygène et de chaleur. Il est le fruit de deux races pures : l’Arabe et le pur-sang anglais.
Chevaucher par monts et par vaux, voilà la liberté, la joie, le vent, la lumière, l’ivresse du centaure,cœur dans ce miel en feu, basalte onctueux, suave obsidienne, union sacrée.
Le Cheval a changé ma vie. Il l’a bouleversée, tissée, sauvée, mise en danger, protégée, enluminée, inspirée… Chaque fois que je doute ou sommeille, il est là pour me remettre dans le berceau de son dos, être qui m’éclaire, à l’origine de mes espérances et de mes éveils. Il est mon intercesseur vers le merveilleux. Je lui dois tout, absolument tout, et suis son créancier pour l’éternité.
J’aime tous les chevaux, avec une affection toute particulière pour les plus beaux et les plus rapides d’entre eux, les pur-sang anglais, âpres forces du sang pur. Ils sont la colonne vertébrale de mon être, et ma perpétuelle quête d’amour est née de ce jour où je fus bercé, en selle, par les staccatos de leur cœur. Ils sont la chair de ma chair, mon essence, mon identité.