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Critique de KateMoore


Livre lu dans le cadre du club de lecture de mai 2017 - Librairie L'Attrape-Mots.

Epigraphe :
Remplace-le par moi
Remplace mon gin par du Coca.
Remplace ma mère,
Qu'au moins ma lessive soit faite.

Peter Townshend (guitariste et compositeur du groupe de rock The Who)


Claire est psychiatre à New York. Elle a réussi sa carrière et a une famille adorable : un mari aimant et deux garçons épanouis. Elle se persuade que sa nouvelle patiente, Jody, est la fille qu'elle a abandonnée vingt-cinq ans plus tôt. Simple coïncidence ou pas, Jody est née à quelques jours près, dans la même maternité que Claire et adoptée à sa naissance. Claire n'avait pas eu le choix : elle était mineure.


Ce geste la hante et la ronge depuis. D'où cette idée folle émergeant, dans le cerveau De Claire, lors de la première consultation avec Jody.

"Si elle avait une fille, si sa fille était là, elle serait revenue à la maison avec Claire. Elle se serait glissée dans le lit de sa mère et y aurait passé l'après-midi, à lire des magazines et à boire des granités de yoghourt. Si sa fille était là, elles prendraient la voiture et iraient courir les magasins, les antiquaires et les brocantes de Sag Harbor. Elles sortiraient déjeuner et laisseraient Sam et les garçons se débrouiller seuls." (page 244).


Entre les deux femmes se noue une relation toxique. Et le lecteur découvre que la plus névrosée n'est pas celle qu'il pourrait supposer.

"La perpective de revoir Claire l'angoissait. Ce qui s'était passé entre elles avait été roboratif, mais la fin de leur relation l'avait soulagée. La passion dont Claire s'était prise pour son cas était presque inquiétante. Mais elle se conduisait d'une façon si naturelle que Jody se trouvait mesquine et se reprochait son sentiment de malaise." (page 334).


La relation devient addictive, de plus en plus nocive, du côté De Claire.

"La lettre lue, Claire téléphona aussitôt à Jody. Elles eurent une longue conversation, rirent beaucoup. Jody lui appartenait, même si elle était à Los Angeles. Elle lui appartiendrait toujours.
Claire prit l'habitude de téléphoner à Jody une ou deux fois par semaine, entre les séances, pour se détendre et se remonter le moral." (page 276).


Cette idée devient tellement obsessionnelle qu'elle est prête à sacrifier sa famille. Elle est à la limite de la folie.

"Claire s'arrêta sur le bord de la route, à côté de l'allée. Elle n'avait plus envie de montrer la maison à Sam. Elle avait l'impression qu'il allait la lui prendre.... Claire pleurait pour de bon. Sur Sam, la maison, Jody. Sur tout. Un désert, sans rien, sans personne, voilà ce qu'elle désirait. (Elle) réfléchissait au moyen de reprendre les rênes de sa vie. Se débarrasser de Sam, des enfants, de l'appartement. Oublier Jody. Se prendre un studio en ville, ou en banlieue, aucune importance." (page 379).


Ce que veut nous dire l'auteur (à mon avis) est que Claire est trop névrosée pour exercer le métier de psychiatre. Elle n'a pas encore réglé son propre traumatisme (l'abandon de sa petite fille à la maternité). Comment pourrait-elle être efficace pour soigner ses propres patients ?


Un autre thème est abordé en filigrane : les liens familiaux réels ou fantasmés. Ceux-ci peuvent être très problématiques et, pourtant, nous ne pouvons pas nous en départir. Jody s'entend assez mal avec sa mère biologique. Claire a des difficultés à éduquer ses deux garçons.

"- Vous (Jody) éprouvez des difficultés à parler de votre famille ?
- Pas du tout. C'est comme Hollywood Chewing-Gum. "La fraîcheur de vivre !"" (page 113)

" Lorsque Jody la pria de demander une couverture à l'hôtesse, elle la regarda, bouche bée. Jody la détesta. Elle détestait cette mère, car elle se révélait incompétente, et ne pouvait ou ne voulait l'aider en rien." (page 303).

" - On est comme deux amies, non ?
- Des amies, j'en ai, dit Jody. Sois ma mère." (page 339).


A.M. Homes (Amy Michael Homes) s'attaque, dans son roman, à la condition féminine, à la maternité et à la psychanalyse. Elle a été elle-même abandonnée par ses parents biologiques. Elle ne les a rencontrés qu'à l'âge de trente et un ans.
Ce qui explique, entre autre, l'oeuvre d'A.M. Homes ; peuplée par les questions sur les rapports entre parents et enfants ; sur l'identité aussi.
A.M. Homes vit à New York. "Mauvaise mère" est son premier roman, paru en 1997.
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