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Critique de topocl


Voila un petit "roman" poignant comme la vie quand elle grippe, que le bonheur vous est refusé, et refusé simplement parce que c'est vous. Etre soi pour Christophe Honoré, c'est être gay : déjà qu'il revendique le droit à la différence, ne voila t'il pas qu'il revendique aussi le droit au bonheur, quel culot!

Christophe Honoré aime la drague et le sexe. Il n'a jamais pensé que cela interdisait d'avoir des enfants, c'est pourquoi il a fait une fille avec une amie hétérosexuelle, une petite fille délurée et tendre qui a 10 ans maintenant. Elle
partage son temps entre ses parents, et part en vacances avec eux deux. Ils ont une relation pleine de vivacité, de respect, un attachement qui vient des tripes, parce qu'un père aime son enfant, tout simplement, et que là ça a été un combat particulier, cette paternité, et ça ne peut que magnifier les émotions.

Seulement un jour, quelqu'un se mêle de lui faire savoir que ça le contrarie, cette paternité pour un homme gay, que ça outrepasse l'acceptable, que c'est un non-droit. Et ce quelqu'un le dit de façon anonyme, et odieuse, et le répète.

Christophe Honoré raconte la grande ambiguïté de sa réaction face à cette agression. Prendre à la légère, négliger, rigoler : se réfugier derrière l'habituel "Ce n'est rien", habitué qu'il est depuis toujours à affronter cette discrimination "ordinaire" ? Tout remettre en question comme si le droit était de l'autre côté, se laisser phagocyter par le point de vue haineux de l'autre? Ou au contraire laisser ressurgir cette peur tapie qui ne l'a jamais vraiment quitté (et qui inclut sa fille, cette fois), se laisser envahir, démolir, submerger par la tristesse et la colère (une colère rageuse parfois à la limite de l'infantile). Il va de l'un à l'autre, il erre, et finalement refuse de laisser cette manipulation malveillante souiller son heureuse intimité personnelle familiale.

C'est virulent, intime, débordant d'émotion, mêlant habilement la douceur et l'horreur. A travers ce réquisitoire révolté transparaît (rayonne, plutôt) l'histoire pleine de tendresse de cette filiation, qui ne devrait normalement qu'être ordinaire. C'est souvent maladroit et sincère, comme semble l'être Christophe Honoré dans la vie, et il en ressort un charme de résistance finalement joyeuse.
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