Intégrée à la Comédie française depuis bientôt trente ans, la comédienne Florence Viala joue dans "La Cerisaie" de Tchekhov, mise en scène par Clément Hervieu-Léger, et dans "Guermantes", dernier film de Christophe Honoré... L'occasion de revenir sur une longue carrière à jouer la comédie.
"Plus j'excitais mes sens, plus je m'impatientais à être père. Et quand j'ai admis, qu'à mes yeux, l'homosexualité tait l'aventure la plus excitante, jamais je n'ai attaché à ce constat le renoncement à la paternité. Jamais je ne me suis résigné à ce que ça soit le prix à payer."
- On ne peut jamais rien te proposer, tu refuses tout.
- J'ai pas besoin de toi.
- Je sais.... Je dis quoi à ma mère pour le cinéma?
- Dis-lui d'aller se faire foutre.
- Je vais essayer de trouver des mots plus délicats.
- Du genre?
- Je lui dirai que tu as d'autres projets pour samedi.
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Il s'est avancé à quelques centimètres de mon visage. J'ai pensé qu'il allait me mettre un coup de boule. Il m'a embrassé sur la bouche.
- Puisqu'on parle d'intelligence, est-ce que quelqu'un autour de cette table peut m'expliquer ce que c'est la beauté? j'ai demandé.
- C'est tout l'inverse de ce que tu aimes, a répliqué immédiatement ma soeur et, avant même que mes parents commencent à s'énerver, elle a ajouté que bon, ça va, c'était une blague, on a encore le droit de blaguer, non?
Tu es toujours honteuse de tes fautes, mais tu recommences toujours !
De toute façon, je crois que dans ma tête, je resterai toujours un enfant de pauvres, même si un jour, je suis vraiment riche. Je ferai toujours partie des gens qui hésitent à dire « oui » au bon côté des choses. Je resterai méfiant.
Un hiver, nous avons cassé un carreau et craint la prison et décidé de nous ranger, nous faire oublier. le printemps suivant, nos parents ont commencé à nous acheter des mobylettes.
Pourtant, tu t'en souviens, nous avions pris ça [ les premières manifestations contre le "mariage pour tous" ] à la légère. Tu étais sur mes épaules quand nous avons marché de Denfert à Bastille. Ils ne nous effrayaient pas, nous nous sentions du bon côté, celui de l'avenir joyeux. Nous avons cru leur échapper, mais non. Ils nous ont dénichés, encerclés, assoiffés. Et le manque d'espoir dont je me sens souffrant et épris, dit la victoire de ce malheur.
On minimise énormément ce qui se passe. Pas au niveau concret, bien sûr, du comptage macabre des morts et de la lutte contre la maladie. Mais au niveau intime de ce qui nous blesse, de ce qui nous ruine dans cette période. Je crois en effet qu’il y a une incapacité à voir le tragique, à envisager ce qui est en train de se détruire en nous. Je suis convaincu que quelque chose se détruit, ce qui ne veut pas dire qu’on ne pourra pas le surmonter. Mais ce n’est pas parce qu’on est indemne que tout va bien.
(Le Monde)
On ne devient pas pauvre du jour au lendemain, mais c'est du jour au lendemain qu'on décide qu'il faut faire attention à l'argent. Je ne comprenais pas grand-chose à l'argent quand j'avais huit ans. [...] J'ai appris. Quand je dis que j'ai appris, ça signifie principalement, j'ai appris à dire ''non''.