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Critique de JG55


Balzac est un de mes auteurs favoris. Depuis l'adolescence, il y a donc plus de cinquante. Je ne me souviens plus si le Père Goriot fut le premier. Disons qu'il fut un des premiers de la longue liste des romans De Balzac que j'ai lus et relus. Un de ceux qui m'avaient subjugué. C'est pourquoi, il me parait normal de commencer par ce roman.

En effet, dans la fameuse et tentaculaire "Comédie Humaine", le roman "le père Goriot" me semble tenir une place un peu plus centrale dans la mesure où on retrouvera la plupart des personnages dans d'autres romans dont l'action est parfois antérieure, parfois postérieure ou même contemporaine au roman.
De plus, la description minutieuse de la pension Vauquer traitée avec un certain second degré, une certaine impertinence et un luxe de détails rendant la description vivante y compris de nos jours est une merveille.
Cette description est longue, certes, mais il faut imaginer le cheminement d'une caméra qui passe d'une pièce à l'autre, de la cour à la salle à manger, d'un personnage à l'autre, qui s'attarde sur un détail, passe à autre chose puis revient en arrière pour capter une autre impression : un régal.
On sent presque les mauvaises odeurs de la crasse ...
Je suis certain qu'il existe encore des pensions de ce type où les gens un temps désargentés peuvent s'y réfugier pour y trouver un gite et un couvert, peut-être pas ragoûtant mais toujours mieux que la rue.
Outre Madame Vauquer, accorte cinquantenaire, patronne de la pension, on y trouvera donc des étudiants d'origine provinciale qui n'ont pas le sou mais ont l'ambition de réussir (Rastignac, Bianchon) , des gens qui sont là par souci de discrétion (Vautrin), une jeune fille mise à la rue par son frère pour une sordide histoire de droits de succession (Victorine Taillefer) et bien entendu le Père Goriot.
Ce mélange détonant va évidemment conduire à des jalousies, des amourettes (ou des tentatives de), des discussions enflammées, des suspicions, bref tout ce qu'un petit monde en vase-clos peut produire.
Mais il est temps de parler du personnage principal. Monsieur Goriot est veuf, avait fait fortune dans la fabrication de vermicelle et a deux filles qu'il adore sans concession et sans limite, Delphine et Anastasie. Son unique objectif dans la vie, sa seule vraie ambition, son bonheur ont été de bien marier ses deux filles dans des familles aristocratiques (Restaud) ou bourgeoises (Nucingen) sans rien demander en échange qu'un mot gentil, une visite, un retour de l'adoration qu'il leur porte :
"Je n'ai point froid si elles ont chaud, je ne m'ennuie jamais si elles rient. Je n'ai de chagrins que les leurs"
Mais les deux filles ne connaissent plus leur père que pour lui soutirer de l'argent de façon à tenir le rang, à assouvir des "besoins", des "fantaisies", payer des dettes. Tout ceci sous l'oeil avide ou perplexe de la mère Vauquer qui avait des vues sur Goriot tant qu'il semblait y avoir de l'argent mais aussi des autres pensionnaires dont notamment l'ambitieux Rastignac. Et la fortune de Goriot s'effiloche peu à peu et lorsqu'on raclera les fonds de tiroir, les filles dédaigneront leur père et les visites se feront de plus en plus rares. Seul, Rastignac, écoeuré par toute cette noirceur et qui commence à connaître les milieux où évoluent les filles Goriot, le soutiendra jusqu'au bout bien qu'il ait, lui aussi son côté sombre en ce qui concerne sa propre famille...
Comme tout le monde le sait, le roman se termine magnifiquement par un "à nous deux, maintenant" de Rastignac qui part ainsi à la conquête de Paris et de ses salons. Mais ce sera le sujet de bien d'autres romans.
Il y a de tout dans ce roman,
- de l'émotion (très forte et poignante), on l'a déjà deviné
- du suspense avec cette histoire de forçat en rupture de ban qui se cache dans la pension Vauquer et qui se fera pincer mais qu'on retrouvera sous bien des noms dans d'autres romans
- et même de l'aventure et de l'amour ! Parce que, quand même, les filles de Goriot sont certes bien mariées à de hautes personnalités mais ça ne les empêche nullement de draguer le petit jeune (de préférence étudiant plein d'avenir), de l'entretenir (il faut bien que l'argent de Goriot serve à quelque chose) et d'avoir des amants, comme toutes les autres femmes de la haute société (là, on parle des femmes mais les hommes de la haute ne s'en laissent pas non plus conter pour entretenir des grisettes, bien sûr)…
- et de l'argent, car sans lui, le monde ne serait plus monde ...
Bref, nous sommes bien chez Balzac avec de très beaux personnages mais aussi de moins beaux dans un roman qu'on prend et qu'on ne lâche plus.
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