Citations sur Lebenstunnel, tome 3 : Pénitence (17)
C'est à ce moment précis que je décide de me reprendre en main. Je ne peux pas continuer à subir comme une vulgaire victime, je veux être actrice de ma vie. Je vais quitter cet endroit.
Morte ou vive.
Mais encore une fois, je me suis trompée. Je me suis beaucoup trompée, ces derniers temps. Je devrais peut-être arrêter de réfléchir et me laisser porter par la vague, même si c'est une vague de désespoir.
"Nous avons tous été créés avec un coeur et une âme, mais j'ignore pour quelles raisons, certains ne semblent pas en faire usage. J'imagine que c'est quelque chose qui ne s'explique pas. La cruauté fait partie de chaque être humain."
Je ne sais pas ce qui se passe à ce moment, mais un malaise me saisit. Le genre de faiblesse physique qui vous pousse à vous coucher par terre pour que cesse cette impression de tourbillon dans lequel on tombe. J’ai mal à la tête et mes jambes flageolent.
Une génération de fort éliminera les faibles. Faire pénitence, c'est se sacrifier pour la science.
Je contracte les mâchoires en même temps que les poings. Je ne veux pas faire pénitence et je ne veux pas me sacrifier pour la science, parce que je ne me considère coupable de rien.
- La prochaine fois que tu t'avises de répliquer, je te le ferai regretter bien plus que ça.
Il n'y aura pas de prochaine fois, vous pouvez en être sûre, rétorque une voix sèche à l'intérieur de moi. Une voix qui est claire avec elle-même, mais une voix en miettes, tout comme mes mains.
Je me rends compte qu'il ne suffit finalement même pas d'avoir la peau ou les yeux d'une couleur différente, d'avoir une culture ou des croyances autres, pour se retrouver tout en bas de l'échelle. non, il suffit de ne plus rentrer dans le moule. La leçon magistrale que j'apprends pourrait être drôle si elle n'était pas aussi cruelle.
Que ferait Élias s'il était à ma place? songé-je tout à coup.
Si sa pensée me noue le ventre, je me force à me remémorer tous les moments agréables passés avec lui. Nos discussions, alors que nous étions supposés dormir, son regard planté dans le mien, sa main dans la mienne, son odeur, ses lèvres. Je pose mon index sur les miennes et le fait glisser dessus. Peut-être qu'en fermant les yeux, je pourrais me souvenir du goût de ses lèvres. J'aimerais le sentir à mes côtés. J'aimerais entendre sa voix tandis qu'il me crierait que ma mort ne servirait à rien.
C’est comme si nous formions une armée. Une armée composée uniquement de femmes qui n’ont plus, dans leur regard, cette étincelle de mort que j’ai vue lors de mon arrivée. L’espoir, la rage de vaincre, tout ça forme un éclat puissant chez chacune d’elle.
Ce sont des guerrières.
Et j’en suis une, moi aussi.
Détruire sans tuer n’est pas possible parce qu’ils reviendront. Ils rebâtiront cet enfer pour torturer à nouveau des Aryennes rebelles. C’est un véritable dilemme pour moi. J’emboîte le pas à Dina dans l’espoir, malgré tout, de la tempérer selon qui se trouvera en face de notre groupe.