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Critique de michfred


Nos Espérances est un roman générationnel  dont la trame est tissée de ces trois fils entrecroisés :  Hannah, Lissa, Cate.

Trois femmes, comme dans le Chagrin des Vivants.   Nous sommes à  Londres, en 1990. Hannah, Cate et Lissa ont la vie devant elles, tout le temps de devenir ce qu'elles seront. Pendant 15 ans, le roman les suit, les approche, les mêle, les perd, les retrouve.

Tout les unit: leur âge, leur milieu, leur ville,  leur époque, et par dessus tout, leur amitié.
En même temps que tout les divise: les enfants qu'on désire et qui ne viennent pas pour Hannah, ou qui viennent sans qu'on les désire pour Cate, le succès  professionnel d' Hannah,  les promesses toujours déçues d'une carrière artistique en dents de scie pour Lissa,   les frustrations d'une vie par trop domestique pour Cate.

Et aussi, bien sûr , les petites rivalités, les sombres jalousies, les  amours qu'on envie ou qu'on tait, les tentations auxquelles on cède ou qui soudain perdent leur attrait, les trahisons qui font mal, les brouilles,  les chagrins, les morts.

Tout cela serait d'une grande banalité sans le talent d'Anna Hope pour croiser les fils, en véritable  Arachné du tissage romanesque!

Un point à  l'envers, un point à l'endroit, l'aiguille d'Anna ne fait pas bêtement un sage ourlet pour coudre ensemble les pans juxtaposés des trois vies de ces femmes.  Un roman choral linéaire serait bien pesant et ennuyeux.

Elle plisse le tissu, ouvre des jours , brode un motif puis le défait.  La composition est habile, agile même et nous force à corriger une impression par-ci, un a priori par -là,  à  corriger un portrait, à revoir un caractère, bref, à comprendre en profondeur ces trois amies, sans les juger, à  voir les petites différences familiales, éducatives, les accidents de parcours qui éclairent leur histoire individuelle et commune.

Et comme toute bonne lissière , à  l'instar de la Reine Mathilde qui savait qu'une histoire n'était vivante, sur le métier, que si l'époque aussi vivait, Anna Hope sait, discrètement, habilement, évoquer ces années pas si loin des nôtres et pourtant tellement plus insouciantes, plus légères, m'a-t-il semblé....la musique, la politique, l'émancipation des femmes, tout vibre autour des trois héroïnes et les illumine comme les feux de la rampe pour des comédiennes.

On lit, on fait de la gymnastique temporelle et mnémonique, on ne s'ennuie jamais, on s'émeut,  on s'étonne, on s'irrite.

Et quand le livre s'achève, on regrette qu'Anna Hope  ne soit pas une Pénélope qui,  pour faire durer le temps,  défaisait le soir ce qu'elle avait tissé le matin...
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