Je le réalisais à présent : je ne m’étais pas suffisamment battue pour faire en sorte de trouver le bonheur
- Vous êtes ma prisonnière, et à ce titre vous recevrez le gîte et le couvert. Vous serez autorisée à vivre sous mon toit et...
- Et il faudra que je vous remercie, en plus.
- Une personne qui a un peu de jugeote est toujours plus dangereuse. D'autant plus si c'est une femme, se contenta-t-il de dire avant de croiser ses deux mains devant lui comme la veille.
Je pris cela malgré tout comme un compliment.
Que faire, que penser quand une folle nous a kidnappée, que vous avez failli mourir noyée dans un lac et
que vous vous trouvez à présent entre les mains de trois hommes à la mine patibulaire ? Surtout que vu
l'état dans lequel j'étais, ils pouvaient me faire tout ce qu'ils voulaient de moi. J'aurais été bien incapable
de ne serait-ce que crier, si tant est que d'autres fussent venus à mon secours.
– Il est hors de question que je ne vous permette de rejoindre votre mère pour que vous puissiez développer vos pouvoirs. Vous serez ma prisonnière aussi longtemps que je vivrai !
Finalement, vaut peut-être mieux qu'ils pensent que je suis folle. Que risquent les gens fous à cette
époque ? Ça vaut peut-être le coup que je tente ça à défaut de mourir.
– De l'autre côté de quoi ?
– Du brouillard, par-delà le lac qui isole Avalon du reste du monde.
– Autrement dit, elles ont abandonné leurs petits pour rester ici, résumais-je en fronçant les sourcils.
– Elles ont fait ce choix, oui, comme d'autres qui ont préféré quitter la communauté. Nous sommes libres,
ma dame.
Je me sentais bien parmi elles, comme apaisée. C'était d'autant plus étrange d'éprouver cela au vu de la
situation.