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Critique de Corboland78


Nick Hornby, né en 1957 à Redhill (Comté de Surrey), est un écrivain anglais. Il a étudié à l'université de Cambridge puis y a exercé en tant que professeur. Il a également été journaliste pour The Literary Review et The Sunday Times. C'est à la fin des années quatre-vingts qu'il commence à se consacrer à la littérature et plusieurs de ses romans ont été portés à l'écran. Nick Hornby vit et travaille à Highbury, au nord de Londres. Funny Girl, son dernier roman, vient de paraître.
Londres, années 60. La jeune Barbara, récente Miss Blackpool, a quitté famille et province pour réaliser son rêve, décrocher un rôle comique dans un feuilleton de la BBC, Barbara (et Jim).
Le roman de Nick Hornby remonte le temps (pour certains, comme moi) et nous plonge dans les milieux de la télévision d'alors avec enregistrements des feuilletons en public et diffusion en direct. Au coeur de ce microcosme s'affaire une petite troupe de couples : Barbara (nom d'artiste Sophie Straw, jouant le rôle d'un personnage nommé Barbara ! Situation freudienne ?) devenue vedette cathodique et Clive (jouant Jim), Dennis (le producteur) et Edith sa femme intello, les scénaristes Tony (marié) et Bill (célibataire) à la sexualité flottante, mais aussi plus tard dans le récit, Sophie et sa mère qui avait quitté le foyer familial.
Bien vite les péripéties du feuilleton interfèrent avec les vies des acteurs, à moins que ce ne soit l'inverse, en une savante mise en abîme. S'agit-il de Barbara et Jim ou bien de Sophie qui en fait est la vraie Barbara et Clive ? Fiction et réalité se chevauchent, « Dans la série vous êtes mariés. Dans la vraie vie, ce n'est pas le cas. Nous ne vous demandons pas de faire un bébé. » Mais comment réagir quand la célébrité vous prend sous sa coupe, « Barbara et Jim n'étaient plus des personnages de fiction. Leur popularité et tout ce que le public projetait sur eux les avaient rendus réels… » de leur côté, Tony et Bill, tâcherons à la peine, se livrent et se découvrent indirectement dans leurs textes, tandis que Dennis et Edith réalisent qu'un fossé intellectuel les sépare.
Le roman prend parfois des allures de pièce de théâtre de boulevard avec des dialogues percutant et des répliques qui fusent comme dans un film de Billy Wilder, ça pétille et j'adore. La forme est le plus souvent souriante, drôle même, Nick Hornby ne déroge pas à son style, sauf que dans ce roman j'y ai vu une envergure ou une ambition supérieure à celle de ses précédents romans. Sous l'écriture légère, tout fait sens et donne une épaisseur inattendue au texte. Car si l'écrivain traite du divertissement à la télévision, miroir de notre société, et de ses opposants pour qui « la comédie était l'ennemi. Ils ne voulaient pas que les gens rient ; ils voulaient le leur interdire » (Voir le Nom de la rose ?) - face émergente de l'iceberg -, il me semble que son véritable sujet est la révolution sexuelle en cours, ce tournant primordial des sixties, servant de toile de fond à ce roman : libéralisation des moeurs, évolution du couple, divorce, homosexualité…
Et Nick Hornby adhère au propos de l'un de ses personnages déclarant « qu'on pouvait exprimer tout ce qu'on voulait dans une série, aussi longtemps qu'on n'oubliait pas d'y inclure des gags, des personnages et des dialogues accessibles aux mamies… » Séries ou romans, même combat. On peut faire du populaire et du divertissant sans être abrutissant, tout est dans la manière. Une manière que l'écrivain maitrise parfaitement puisque son bouquin regorge de choses intéressantes sur le pouvoir et les buts des comédies télévisées, « fédérer les gens (…) tu rigoles de la même blague que ton patron, ta mère, ton voisin… », les réactions des acteurs face au succès ou à l'échec ainsi qu'à l'oubli du public consécutif au temps qui passe et efface, l'écriture et les écrivains...
Peut-être bien le meilleur roman de Nick Hornby à ce jour par l'ampleur du champ des sujets abordés et son ton recouvrant toute la gamme des sentiments, du souriant à l'émouvant.
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