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Critique de Soleney


Quel choc, ce livre ! Quelle nausée que de se retrouver dans la peau de ces femmes qui n'ont aucune prise sur leur destin. Soumises à un père, à un mari, à un frère, elles vivent dans une société extrêmement hiérarchisée qui les place tout en bas, à peine au-dessus des animaux.
Je me suis indignée en suivant le parcours de Mariam, l'amertume de sa mère, l'hypocrisie du père, la douleur de ce mariage non consenti et la violence de ces presque trois décennies aux côtés d'un époux mauvais, mesquin, violent et si plein d'un orgueil insensé. Un homme qui, je l'espère, est une exagération et non pas un archétype. Il cumule les défauts sans que je ne puisse lui citer une seule qualité. Pourvu, grands dieux, pourvu que ce ne soit qu'un personnage de papier !

Au cours de cette lecture, je me suis sentie pleine de désespoir en voyant la situation s'empêtrer et les conditions de vie se dégrader. Car l'Histoire est en marche : le régime communiste est sur le point de s'effondrer, déchirant sur son passage toute la stabilité politique de l'Afghanistan. Livrant le pays à des rapaces qui se disputeront sa carcasse. Laissant les extrêmes religieux prendre le pouvoir et réduire à rien le peu de droits que les femmes ont réussi à obtenir.
Désespoir de savoir que ces situations-là sont réelles, que ces femmes sans liberté existent vraiment, que des maris monstrueux exercent sur elles une hideuse toute-puissante.

Un récit capital, touchant, révoltant, bouleversant… J'ai été bousculée de bien des manières.

Cependant, les quatre parties qui composent le roman ne sont pas égales à mes yeux :
- La première se concentre sur l'enfance de Mariam, près d'Herat, et je l'ai trouvée très réussie. L'auteur dépeint une jeune fille attachante et pleine d'espoir qui ne demande qu'à donner et recevoir de l'amour, mais que la dure réalité de sa condition de femme ne tarde pas à rattraper ;
- La seconde nous présente la petite Laila, qui vit à Kaboul avec ses parents. Je me suis beaucoup moins attachée à ce personnage un peu trop parfait (belle, intelligente, courageuse, etc.), j'avais juste hâte de revenir à la vie de Mariam ;
- La troisième rassemble les voix de ces deux protagonistes pour n'en tisser qu'une seule histoire, pleine de dangers, de guerres et d'injustices ;
- Et la dernière… eh bien, je ne vous en dirait rien.

Et on en vient au point le plus crucial de cette critique : je vous conseille (mieux : je vous supplie) de ne lire que la moitié de la quatrième de couverture. Chères éditions Belfond, sachez que votre résumé dévoile les trois quarts de l'intrigue ! Pourquoi avoir ôté le plaisir de la surprise à votre lectorat ? C'est d'une tristesse…

Pour moi, le point fort du récit était les personnages féminins, pour qui il est difficile de ne pas avoir de compassion – à commencer par Mariam. En nous la faisant connaître depuis l'enfance, l'auteur nous montre sa psyché en construction, ses souffrances, la honte de sa naissance, ses épreuves et sa nature généreuse. Laila m'a moins touchée, mais le lien magnifique qu'elle tisse avec Tariq, son ami d'enfance, son frère d'adoption, m'a profondément émue. Et comment ne pas parler de Farida et de la douleur d'être mère, d'Aziza et de la douleur d'être fille, de Nana et de la douleur d'être maîtresse ?

Mais les points faibles, c'est le manque de nuance de certains personnages masculins – à commencer par Rachid, l'exécrable mari. À l'inverse, Tariq cumule toutes les qualités du monde et je suis bien en peine de citer un seul défaut (hormis son handicap, dont il s'accommode fort bien).
J'ai cependant été fascinée par Jalil, le père de Mariam, bien plus complexe qu'il n'y paraît.

Mais je dois vous avouer que lors de la troisième partie, j'ai été fatiguée de la litanie d'horreurs, de brimades et de douleurs, et que je n'attendais qu'une chose : que l'histoire avance. C'était peut-être un peu too much – et je ne pensais pas dire cela un jour.

Mais je comprends l'engouement autour de ce roman, et j'ai malgré tout trouvé la plume de Khaled Hosseini très belle, et le sujet passionnant.

P.S. : cette histoire est d'autant plus sombre que je la découvre en 2022, soit vingt ans après qu'elle se soit terminée (j'ai d'ailleurs plus ou moins l'âge d'Aziza et je me suis sentie fort en empathie avec elle). Je n'ai pas pu résister : je me suis renseignée sur l'état actuel de l'Afghanistan et j'ai été désespérée de voir que rien n'avait changé, que le pays est toujours déchiré et que sa population continue de souffrir...
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