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Critique de Marc129


« Quand on a que l'amour. » (d'après Jacques Brel)
Le titre court et puissant de ce roman « Anéantir » n'augure rien de bon. «Houellebec est reparti», vous pensez, et vous vous préparez à une énième série de coups amères contre notre société moderne. En effet, ce livre se lit comme une anthologie de thèmes typiques de l'oeuvre de cet écrivain à la fois célèbre et vilipendé : l'existence solitaire et nihiliste de l'homme moderne, le capitalisme de consommation encouragé par le néolibéralisme, l'envie sexuelle imposée par l'évolution mais émotionnellement insatisfaisante, la terreur du woke-isme, l'infériorité des Arabes et de l'Islam, etc. Et de temps en temps, on peut y retrouver ses fragments rances qui sont sa marque de fabrique. Seulement : dans ce roman, tout est beaucoup plus dépouillé et étalé sur moins de pages que dans les précédents.
D'abord Houellebecq induit le lecteur en erreur en se concentrant dans un premier temps sur les menaces et les attentats terroristes qui émergent (l'histoire se déroule en 2027) et sur les élections présidentielles imminentes. Son personnage principal, Paul Raison (le nom de famille est significatif), est issu d'une branche des services secrets français et est un proche collaborateur de l'un des hommes les plus puissants de France. Assez intéressant, mais au cours du roman, cela disparaît complètement de la vue, sans explication. Peu à peu l'attention se tourne vers les réflexions de Paul sur les liens familiaux, l'amour, la littérature, la religion et finalement la mort. le roman se termine même de manière plutôt mélodramatique avec le message implicite que l'amour triomphe de tout. Cela ressemble donc plus à une histoire d'amour, et plutôt sympa en plus.
Pour de vrai? Est-ce Houellebecq a écrit tout cela? Une quantité infinie d'encre a déjà été dépensée sur la manière exacte dont nous devrions estimer cela. Déjà dans ses romans précédents, il y avait un changement subtil mais perceptible vers une attitude légèrement plus douce. L'écrivain est-il devenu sentimental dans sa vieillesse ? Peut-être. J'ai lu l'explication la plus satisfaisante dans une critique d'une de mes précieuses amies littéraires: selon elle, Houellebecq est fondamentalement un romantique à l'ancienne, qui lutte contre le désespoir inhérent au mode de vie occidental. En d'autres termes, il semble être un homme inoffensif avec lequel on peut sympathiser. Je ne suis pas exactement sûr, mais je suis vraiment curieux de savoir comment cela va se terminer.
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