AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Silvere25


Michel Houellebecq est aujourd'hui un personnage disruptant dont chaque instant de vie est commenté et jugé. Cet homme ne peut être qu'aimé ou haï si l'on s'arrête aux articles littéraires et mondains à son sujet. C'est sûrement vrai.
L'auteur me semble pourtant être beaucoup moins provoquant ou dérangeant que sa réputation le laisserait entendre. Certes son propos est parfois décalé, mais n'est-ce pas ce que l'on attend d'un écrivain qu'il nous propose un regard sur le monde différent du notre ou de notre société ?

La carte et le territoire est à mon sens son livre le plus abouti, car Houellebecq offre pour la première fois une forme classique et digeste à un de ses romans, ce qui le rend lisible par le plus grand nombre, et donc donne accès à chacun aux idées qu'il recelle... et c'est peu dire que ce roman n'en manque pas (la destinée, l'héritage, l'art...), et dans le même temps il n'aborde pas une thématique polémique qui par essence ferme des portes.
J'avais donc été rebuté par les romans précédents (l'impossibilité d'une île, les particules élémentaires, etc.), n'arrivant pas à rentrer dedans. Celui-ci m'a ouvert les portes de son univers, et permis par le suite de mieux apprécier l'auteur, sa langue, sa méthode narrative.

C'est aussi un roman charnière pour l'écrivain qui au travers de son écriture va peu à peu abandonner la rhétorique complexe du philologue-philosophe pour étudier concrètement un sujet, une époque, une société.
Le thème du territoire et de sa carte, sa représentation imag(in)ée, lui permet de développer une réflexion duale et riche entre notre attachement occidentale à la terre, à sa possession, et dans le même temps notre méconnaissance, voire désintérêt, pour ce qu'elle est et devient.
Je me permets ici un aparté concernant la sensibilité de l'auteur à identifier les sujets qui feront l'actualité quelques années plus tard: nous étions en 2010, si l'écologie était déjà un sujet politique sérieux, le monde ne s'était pas encore ouvert aux conséquences du changement climatique. Même si le roman n'est pas bâti autour de cette idée, elle transparait au travers de quelques odes naturalistes et donc de son thème titre.

Je vous recommande vivement la lecture de la carte et le territoire, au delà des guerres de chapelles et commentaires que peut soulever son auteur !
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}