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Critique de keria31


Un assez bon livre.
On retrouve le style Houellebecq inchangé, fidèle à lui-même. C'est un des auteurs qui a su au mieux exprimer le caractère désabusé, désenchanté, quasi dépressif de notre époque. Dans les Particules élémentaires, l'homme dans la société capitaliste se vit comme un être mineur, sans consistance, à la fois acteur et spectateur d'une vision matérialiste qui n'offre que peu de perspectives. Attaché au sexe, à la nourriture, il use et abuse des plaisirs physiques pour tenter de combler un vide existentiel dont il ne peut se départir. Sa carrière lui offre une activité à laquelle il peine à croire lui-même, dépourvu de passion et ramenée au stade du seul intérêt pour l'argent, le confort d'un statut.

Dans Soumission, on retrouve le pessimisme de Houellebecq face à un monde de décadence. François, le nouveau narrateur de cette histoire est un professeur de littérature qui lui, assiste impuissant à la montée de l'Islam dans son pays, un islam politisé sous la forme d'un parti qui gagne les élections et impose ses réformes. D'abord, indifférent à la politique, puis inquiet au point de fuir la capitale pendant la campagne présidentielle, François va finir par s'accommoder de ce nouveau régime qui, loin de le maltraiter, lui offre au contraire des avantages, titres, reconnaissance plus marquée, salaire plus important. Les changements profonds se passent en douceur sans heurt à l'image d'une société qui n'est plus capable de se battre pour défendre des valeurs. Molle dans sa vision, elle se laisse d'autant plus séduire qu'elle abuse des compromis qui rassurent son goût du confort.

Au fond, le seul inconvénient pour François, se situe dans ses rapports avec les femmes. Avant, il ne parvenait pas à s'engager, fuyait les relations approfondies, ne vivait que pour le plaisir du sexe, désormais, il sera bel et bien engagé, marié, mais il le sera avec des femmes soumises dont il aura la charge. Sauf que François, ne vivant pas encore cette nouvelle condition, se fait des illusions à la fin du roman et croît que les filles choisies, se sentiront "dignes d'être aimées" quand lui de son côté, parviendra "à les aimer" (p.299). C'est vraiment méconnaître la réalité de ces femmes dont il n'a d'ailleurs pas recueilli le témoignage puisqu'il a seulement parlé avec un directeur d'école, Rediger, qui est pro-islam. On peut rire ou s'indigner aussi des arguments dérisoires qui sont mis en avant pour justifier la polygamie, un régime social qui serait à l'image de la sélection naturelle. N'importe quoi : déjà, dans la nature, il existe des rapports sexuels différents selon l'appartenance à une espèce. Si le lion est polygame et a son harem, les inséparables, eux sont monogames et fidèles quand les ours, eux, restent avec leur partenaire quelque temps avant de reprendre leur route solitaire... pas de schéma préétabli. J'ajouterais aussi que la polygamie selon la tradition religieuse, implique que l'on ne prenne pas plus de 4 femmes et que l'époux, seul, subvienne à leurs besoins. C'est lui qui ramène le salaire, les nourrit, les loge, bref répond à l'ordre des nécessités. Or, en Afrique, continent converti à l'Islam, ce sont les femmes qui travaillent, font les travaux des champs, vont chercher l'eau pour couvrir les besoins de leur famille et non, les hommes. Alors, on s'arrange quand même beaucoup avec la Tradition, prenant ce qui nous plaît et laissant de côté les aspects plus contraignants.

En fait l'homme à la différence de l'animal a bel et bien une raison, un sens plus ou moins développé du langage, sauf qu'il utilise aussi pour assouvir son instinct : celui du désir de domination sur des êtres inférieurs qu'il veut soumettre à son seul profit. Et de ce côté là, je crois que le capitalisme et l'islam qui affichent leur opposition, sont pourtant d'accord dans le fond.
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