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Citations sur Les Enquêtes de la Commissaire Crystal, tome 1 : La Sur.. (2)

Tu vois, la méthode du commissaire, c'est justement de ne pas suivre de méthode, de ne pas subir le système, de rester humain, un humain proche des autres humains car même si les crimes qu'il doit traiter sont des actes essentiellement inhumains, il reste qu'il a toujours affaire à des humains, qui ont réagi sur un mode, disons, mal humain.
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Dès qu'il la voit débarquer dans la pièce, il s'en veut d'avoir accepté une visite qui lui laissera sans doute bien des regrets.
- Enfin derrière les barreaux ! lâche-t-il. C'est bien ce que vous pensez tout haut, non ?
Le tailleur rouge a fait place à un ensemble gris, veste à manches longues et à col tailleur recouvrant le haut d'une longue jupe à coupe cintrée et à l'aspect fripé : cette terne harmonie desservirait n'importe quelle femme, même un modèle de mode, mais Antigona Krestaj, par sa prestance et plus encore par sa façon très féminine et élégante de se mouvoir, pourrait porter de vieilles hardes rapiécées et continuer à en imposer ; elle pourrait être nue, d'ailleurs...
- Ne pensez pas à ma place, répond-elle, apparemment mal à l'aise.
- Enfin, je le tiens, mon assassin ! continue-t-il à la contrefaire, sur un ton qu'elle jugera sans doute provocateur.
Tant pis ! C'est sa manière à lui de garder la distance, de leur montrer à tous deux qu'ils ne se conjugueront jamais au futur.
- Comment expliquer alors, ma chère enquêtrice, cet air renfrogné ?
- C'est ma mine habituelle, à vous en croire. Avant tout, je ne suis pas aussi convaincue que vous de votre culpabilité.
- Pourtant, vous les avez obtenus, ces aveux que vous espériez depuis notre premier entretien, je me trompe ? 
- Je sais que vous couvrez quelqu'un, Morlans : dites-moi qui !
Si elle croit qu'il va lui répondre ! Maintenant qu'on en est là !
En adoptant une attitude toute d'indifférence, il pensait achever de l’écœurer, lui faire quitter la pièce, et sa vie à jamais, mais au contraire, elle s'assied en face de lui ; elle pose ses mains sur la table, les relève aussitôt, comme si elle s'était brûlée à ce contact, les repose délicatement : si elle voulait lui montrer qu'elle n'avait pas d'alliance, elle procéderait autrement ! Mais alors, à quel jeu s'adonne-t-elle ?
- Ne vous méprenez pas sur mes intentions : je ne suis pas venue jouer les aumônières ! Je sais bien que c'est vous, l'auteur du dernier crime.
Enfin ! Il l'a entortillée, sa petite aumônière !
- Dites-moi au moins pourquoi vous l'avez étranglée après l'avoir poignardée.
Quelle abomination ! Son fils, capable de telles horreurs !
- Le Ministère Public pense, à cause de ce... détail, que vous aviez un associé et...
- Pas d'associé. J'étais seul. Mais j'avais promis à cette chienne de l'étrangler, alors...
- ...Une promesse est une promesse, c'est ça ?
Que doit-elle penser de lui, à présent ? Déjà que ce n'était pas brillant jusque là... Après tout, c'est lui, le responsable de tout ce qui était arrivé. Le coupable. Il assumera.
- Je dois vous apparaître comme un monstre.
- Un monstre menteur, oui ! Celle que vous dites avoir poignardée puis étranglée, j'ai l'avantage de vous apprendre qu'elle est morte d'une overdose d'héroïne.
Piégé ! Le dupeur dupé ! Au sentiment de honte succèdent coup sur coup le soulagement, puis l'inquiétude, celle de ne plus faire un meurtrier crédible !
- Monsieur Morlans, vous n'êtes pas un monstre, pas même un criminel, j'en suis certaine, mais, je vous le répète, vous couvrez quelqu'un.
Vraiment, elle n'a rien compris de lui, elle ignore tout de sa noirceur : il se doit de la lui révéler et de la décourager, définitivement. Mais il ne peut s'empêcher, puisque c'est la dernière fois, de lui faire, avant cela, un autre aveu.
- De toute façon, mon pire crime n'est pas celui qui me vaut votre visite, charmante, par ailleurs.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Que toute cette enquête n'aura pas réussi à rompre le charme.
- À quel crime faites-vous allusion ?
- Vous avez dû l'apprendre lors de votre enquête : à un forfait si terrible que toute la justice des hommes ne pourra pas m'aider à l'expier.
Elle ne répond pas, sans doute désorientée par cette nouvelle confession; il convient désormais d'en finir, de lâcher le mot qui brûle depuis si longtemps ce qu'il lui reste de conscience.
- Par-dessus tout, reprend-il, je suis un impostueur.
- Un imposteur ?
- Non, un im-pos-tu-eur
Il martèle ce néologisme, plantant chaque syllabe aux quatre coins de son esprit ; crucifié sur sa chaise, il meurt de honte, face à la seule femme qu'il aurait pu aimer après Natalie. Il avait prévu une salve d'accusations contre sa propre personne, un réquisitoire définitif, mais plus un mot ne veut sortir de sa bouche pour succéder à celui-là. Comme il se voit fondre en larmes, pour conserver au moins cette dignité naïve et ridicule, David se lève avec brusquerie, gagne à grands pas la porte vitrée et quitte le parloir.
Il rejoignit sa cellule et s'effondra, cette fois, sans pudeur.
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