Libération n’est pas délivrance. On sort du bagne, mais non de la condamnation.
Il y a une manière d’éviter qui ressemble à chercher.
Il erra deux jours en liberté dans les champs ; si c’est être libre que d’être traqué; de tourner la tête à chaque instant; de tressaillir au moindre bruit; d’avoir peur de tout, du toit qui fume, de l’homme qui passe, du chien qui aboie, du cheval qui galope, de l’heure qui sonne, du jour parce qu’on voit, de la nuit parce qu’on ne voit pas, de la route, du sentier, du buisson, du sommeil.
N’est-ce pas là tout, en effet, et que désirer au-delà ? Un petit jardin pour se promener, et l’immensité pour rêver. À ses pieds ce qu’on peut cultiver et recueillir; sur sa tête ce qu’on peut étudier et méditer; quelques fleurs sur la terre, et toutes les étoiles dans le ciel.
Le suprême bonheur de la vie, c'est la conviction qu'on est aimé; aimé pour soi-même, disons mieux, aimé malgré soi-même, ...
Son cerveau était dans un de ces moments violents et pourtant affreusement calmes où la rêverie est si profonde qu’elle absorbe la réalité. On ne voit plus les objets qu’on a devant soi, et l’on voit comme en dehors de soi les figures qu’on a dans l’esprit.
On n’empêche pas plus la pensée de revenir à une idée que la mer de revenir à un rivage. Pour le matelot, cela s’appelle la marée, pour le coupable, cela s’appelle le remords.
Nous avons beau tailler de notre mieux le bloc mystérieux dont notre vie est faite, la veine noire de la destinée y reparaît toujours.
Que voulez-vous dire? reprit l'évêque.
-Je veux dire que l'homme a un tyran, l'ignorance. J'ai voté la fin de ce tyran-là. Ce tyran-là a engendré la royauté qui est l'autorité prise dans le faux, tandis que la science est l'autorité prise dans le vrai. L'homme ne doit être gouverné que par la science.
-Et la conscience, ajouta l'évêque.
-C'est la même chose. La conscience, c'est la quantité de science innée que nous avons en nous.