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Citations sur Proses philosophiques (34)

   Rien n’est solitaire, tout est solidaire…


   Rien n’est solitaire, tout est solidaire. L’homme est solidaire
avec la planète,  la planète est solidaire avec le soleil,  le soleil
est solidaire avec l’étoile, l’étoile est solidaire avec la nébuleuse,
la nébuleuse, groupe stellaire, est solidaire avec l’infini. Ôtez un
terme de cette formule, le polynôme se désorganise, l’équation
chancelle, la création n’a plus de sens dans le cosmos et la démo-
cratie n’a plus de sens sur la terre. Donc, solidarité de tout avec
tout, et de chacun avec chaque chose. La solidarité des hommes
est le corollaire invincible  de la  solidarité des univers.  Le lien
démocratique est de même nature que le rayon solaire.
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Presque tous les penseurs qui se recueillent et méditent aperçoivent en eux-mêmes (c’est-à-dire dans l’univers, l’homme étant un microcosme) une sorte de vide d’abord terrible, toutes les hypothèses des philosophies et des religions superposées comme des voûtes d’ombre, la causalité, la substance, l’essence, le dôme informe de l’abstraction, des porches mystérieux ouverts sur l’infini, au fond, une lueur. Peu à peu des linéaments se dessinent dans cette brume, des promontoires apparaissent dans cet océan, des fixités se dressent dans ces profondeurs ; une sorte d’affirmation se dégage lentement de ce gouffre et de ce vertige.
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Le Goût

Définir le goût, impossible. Qui l’essaie échoue. Le goût est-il tenu d’être d’accord avec la morale ? Non. Ou vous excluez Boccace, Arioste, la reine de Navarre, Brantôme, cent autres. Avec la politesse ? non. Rien n’est moins poli que la comédie grecque. Avec la raison ? non. Pindare est peu « raisonnable ». Avec le progrès ? non. Les Nuées outragent Socrate. Avec la vérité ? non. Quel menteur que Virgile aux pieds d’Octave ! Avec la réalité ? non. Tout le vaste rêve mythologique est accepté par le goût avec enchantement. Avec la pudeur ? non. Lisez le Cantique des Cantiques. Avec la conscience ? non. Lisez Machiavel.

Le goût se concilie avec la férocité, voyez les versets exterminateurs de la Genèse, avec la bestialité, voyez Léda et le cygne, avec la sodomie, voyez Corydon, avec toutes les infamies possibles, voyez Aristophane.

L’art a une effronterie lumineuse. Fécond sujet d’étonnement, que ces affinités des grossièretés avec les élégances ! Affinités constatées par la Grèce qui offre Lysistrata à côté de l’Anthologie, par la renaissance qui encadre Tasse avec Rabelais, par le siècle d’Auguste et par le siècle de Louis XIV qui ont, l’un Horace et l’autre La Fontaine, esprits exquis et obscènes, combinant dans leur poésie ces deux pôles, la délicatesse et le cynisme.

Qu’est-ce donc que le goût ? qu’est-ce donc que cette chose étrange qui, on vient de le voir, peut exister et existe en dehors de la morale, de la raison, de la politesse, du progrès, de la vérité, de la réalité, de la pudeur, de la conscience, se concilie avec la férocité, consent à la bestialité, accepte Sodome, et qui, avec toutes ces facultés d’être le mal, fait partie du beau ?

Est-il donc possible d’être à la fois le beau et le mal ?
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La grande chose de la démocratie…


La grande chose de la démocratie, c’est la solidarité.
La solidarité est au-delà de la fraternité : la fraternité
n’est qu’une idée humaine, la solidarité est une idée
universelle ; universelle, c’est-à-dire divine ; et c’est
là, c’est à ce point culminant que le glorieux instinct
démocratique est allé. Il a dépassé la fraternité pour
arriver à l’adhérence. Adhérence avec quoi ? avec Pan ;
avec Tout. Car le propre de la solidarité, c’est de ne
point admettre d’exclusion. Si la solidarité est vraie,
elle est nécessairement générale. Toute vérité est
une lueur de l’absolu.
...
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L’intuition est à la raison ce que la conscience est à la vertu : le guide voilé, l’éclaireur souterrain, l’avertisseur inconnu, mais renseigné, la vigie sur la cime sombre. Là où le raisonnement s’arrête, l’intuition continue.
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L’intuition, comme la conscience, est faite de clarté directe ; elle vient de plus loin que l’homme ; elle va au delà de l’homme ; elle est dans l’homme et dans le mystère ; ce qu’elle a d’indéfini finit toujours par arriver.
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Les apparences marines sont fugaces à tel point que, pour qui l’observe longtemps, l’aspect de la mer devient purement métaphysique ; cette brutalité dégénère en abstraction. C’est une quantité qui se décompose et se recompose. Cette quantité est dilatable ; l’infini y tient. Le calcul est, comme la mer, un ondoiement sans arrêt possible. La vague est vaine comme le chiffre. Elle a besoin, elle aussi, d’un coefficient inerte. Elle vaut par l’écueil comme le chiffre par le zéro. Les flots ont comme les chiffres une transparence qui laisse apercevoir sous eux des profondeurs. Ils se dérobent, s’effacent, se reconstruisent, n’existent point par eux-mêmes, attendent qu’on se serve d’eux, se multiplient à perte de vue dans l’o obscurité, sont toujours là. Rien, comme la vue de l’eau, ne donne la vision des nombres.
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[La Mer et le Vent]

Quand la mer veut, elle est gaie. Aucune joie n’a l’apparence radieuse de la mer. L’océan est un épanouissement. Rien ne lui fait ombre, que le nuage, et cette ombre, d’un souffle il la chasse. Â ne voir que la surface, l’océan c’est la liberté ; c’est aussi l’égalité. Sur ce niveau tous les rayonnements sont à l’aise. L’hilarité grandiose du ciel clair s’y étale. La mer tranquille, c’est une fête. Pas d’appel de sirène qui soit plus doux et plus charmant. Pas de marin qui ne soit tenté de partir. Rien n’égale cette sérénité, et toute l’immensité n’est qu’une caresse, et le flot soupire, et le récif chante, et l’algue baise le rocher, et les gabiers, les mouettes et les pintails volent, et les molles prairies de mer ondulent de lame en lame, et sous les nids d’alcyons l’eau semble une nourrice, la vague semble une berceuse, pendant que le soleil couvre d’une éclatante épaisseur de lumière ces formidables hypocrisies du gouffre.
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Qui sait s’il n’y a point un pollen des étoiles ?
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L’ombre apparaît comme l’unité.

Dans cette unité qu’y a-t-il ?

L’homme a sondé, d’abord avec la prunelle, puis avec le télescope, puis avec l’esprit.

Cette unité, qu’est-ce ?

C’est la noirceur, c’est la simplicité épouvantable, c’est l’immanence morte du gouffre, c’est le désert, c’est l’absence. Non. C’est la fourmilière des prodiges. C’est la Présence.

Chacune des trois sondes de l’homme a rapporté quelque chose.

L’œil a vu six mille étoiles, le télescope a vu cent millions de soleils, l’esprit a vu Dieu.

Qui, Dieu ?

Dieu.

Au Dieu Inconnu de saint Paul, l’aréopage opposait le Dieu Inconnaissable.

Le Dieu inconnaissable est le Dieu incontestable.

Les puissances occultes de la création, les effluves de l’illimité ont une rencontre. Elles se heurtent, s’accostent, s’amalgament, s’entrecroisent, forgent l’une sur l’autre, créent. L’étincelle de ce choc est le soleil.

Les effluves étant infinies, l’étincelle est éternelle.

Pas de raison pour que la rencontre s’interrompe.

Partout où vous voyez une étoile, il y a une de ces rencontres-là.

L’immanence infinie produisant le renouvellement indéfini ; tel est le phénomène de la vie universelle.

Essence et substance ; de cet androgyne sort le monde.

Dans la création, telle que nous la voyons, tout est combustion. Vivre, c’est brûler. L’homme brûle.

Nous voyons une création, nous en devinons une autre.

La création visible peut être inextricablement amalgamée de créations invisibles.

Elle doit l’être. L’infinitude patente implique une infinitude latente.

Par création invisible, nous n’entendons pas cette portion de la création matérielle, prolongement indéfini du monde télescopique et du monde microscopique, qui se dérobe à notre perception par l’éloignement ou par la petitesse, la petitesse étant un éloignement. Par création invisible nous entendons une création mêlée à nous-mêmes qui nous enveloppe et nous touche mystérieusement, inaccessible à nos sens, saisissable seulement à notre esprit ; monde inexprimable, vie profonde et inconnue, d’où l’on sort par le berceau et où l’on rentre par la tombe. La création invisible n’a pour l’homme que ces deux ouvertures.

Nous étudions, et nous constatons, dans la mesure de notre possible, la loi de la création visible ; la loi des créations invisibles nous échappe.

Il ne nous est donné que d’affirmer ceci :

Toutes les créations, la visible comme l’invisible, sont concentriques à Dieu.
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