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Critique de Yaena


Dans Quatrevingt-Treize Victor Hugo nous parle d'un pan de l'histoire de France, de cette guerre civile qui ne dit pas son nom et qui opposa les Chouans, paysans royalistes principalement bretons et les républicains. Cette dualité est personnifiée par dCimourdain pour les républicains et le marquis de Lantenac pour les royalistes. Cela permet à Victor HUGO d'exposer les idéaux des deux parties de manière assez manichéenne. Les personnages deviennent ainsi l'allégorie de ces deux visions du pouvoir qui s'opposent radicalement. Ces deux hommes jusqu'au-boutistes me sont apparus comme personnifiant ce qu'il y avait de plus pervers à pousser une idéologie à l'extrême.

Entre ces deux hommes il y a Gauvain, un Républicain mais avant tout un homme. Il représente pour moi l'être humain, celui qui fait passer sa conscience et son coeur avant les idées qu'elles qu'elles soient. Il agit en son âme et conscience plus que par conviction. Il fait ce qui lui semble juste d'abord et avant tout. Il fait écho à Tellmarch aussi appelé le caimant qui lui n'est ni Royaliste, ni Républicain. Il veut juste faire ce qui est bien.

J'ai trouvé que Victor HUGO prêtait parfois à ses personnages une grandeur d'âme qui relève plus de l'idéal que de la nature humaine.

Je reste par exemple sceptique quant à la réaction du matelot Halmalo qui fait preuve de beaucoup de magnanimité vis à vis de Lantenac. On peut se dire que Lantenac a su le convaincre mais là non plus je ne suis pas convaincue. de même je m'interroge sur l'attitude, presque sainte, de Tellmarch vis à vis de Lantenac. Attitude dont il se mordra les doigts et qui l'amènera à une grande introspection. Une occasion de plus pour l'auteur de décortiquer la nature humaine, ce qu'il affectionne tout particulièrement.

Un HUGO parfois grandiloquent et extrêmement bavard. C'est un euphémisme de dire qu'il y a des longueurs car l'auteur aime se perdre dans les méandres de l'âme humaine et dans le labyrinthe des tiraillements de l'esprit humain. Toutefois je dois bien reconnaître que c'est fait avec classe et l'écriture dénote d'un esprit affûté et terriblement érudit. Je n'aurais jamais saisi toutes les allusions faites sans les précieuses notes de bas de page. le texte regorge de références, de clins d'oeil autant historiques, mythologiques que littéraires. Pour autant Victor HUGO ce n'est pas que ça, c'est aussi un homme de convictions qui manie l'ironie et la critique avec une aisance déconcertante.

S'il se sert de ses personnages comme les porte-lances d'une idéologie c'est très différent avec les personnages historiques. Ainsi nous assistons au fin fond d'un café parisien, à des passes d'armes entre Marat, Robespierre et Danton dont on pourrait croire que HUGO fut le témoin et même le scribe. Victor HUGO s'en sert pour mettre en avant les personnalités différentes de ces trois figures de la Terreur tant et si bien qu'à la fin je ne savais plus lequel était le plus inhumain et le plus imbu de lui même. Il poursuit les portraits de ces hommes en nous relatant des échanges officiels dans des lieux de pouvoir et nous montre ainsi leurs différentes facettes. C'est aussi révélateur de la tension qui régnait à l'époque où le moindre faux pas pouvait vous conduire à l'échafaud. Ces hommes sont tous des équilibristes qui tout en tentant de rester sur leur fil tentent de faire tomber leurs concurrents. Luttes de pouvoirs et d'égos qui en disent long.

Et puis l'histoire dans tout ça ? Et bien elle dit toutes ce que les histoires de Victor HUGO nous racontent ; que ce sont toujours les pauvres qui en bavent le plus, que ce sont eux qui sont en première ligne, que finalement que l'on parle d'aristocrate ou de bourgeois c'est du pareil au même pour les gens du peuple : ils sont toujours un cran en dessous. Royalistes ou Républicains ceux qui tombèrent en première ligne, ceux qui souffrirent le plus, ce sont les gens du peuples, pas ceux qui ont pris les décisions et ont prônés des idéaux. Victor HUGO nous offre une fin poignante laissant finalement percer l'homme sous le représentant des idées, qu'il s'agisse de Cimourdain ou de Lantenac. Preuve s'il en fallait vraiment une qu'il est fort le bonhomme !

Une lecture exigeante, intéressante, qui demande qu'on lui accorde du temps et de la disponibilité d'esprit. Une lecture qui, tantôt m'a emportée, tantôt m'a laissé sur le bord de la route. J'avoue avoir était beaucoup moins séduite que par Les Misérables ou le dernier jour d'un condamné par exemple mais le propos est très différent.

Merci aux copains qui ont fait la LC Victor HUGO avec moi même si nous avons lu des livres différents les échanges ont été enrichissants. Particulièrement ceux avec berni chou puisque nous lisions le même livre. D'ailleurs copain j'attends ton étude comparative entre ce que papi HUGO nous a raconté des Bretons et la vérité historique !
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