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Citations sur Voyages vers les Pyrénées (7)

Je voue mon esprit à contempler le monde et à étudier le mystère. Je passe ma vie entre un point d'admiration et un point d'interrogation.
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Doit-on se croire insensé parce qu'on a dans le coeur le sentiment de la pitié universelle?
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C'est un instinct des femmes dans tous les pays d'ajouter la coquetterie à la nature. La nature leur donne la chevelure, cela ne leur suffit pas elles y ajoutent la coiffure; la nature leur donne le cou blanc et souple, c'est peu de chose, elles y attachent le collier; la nature leur donne le pied fin et petit, ce n'est point assez, elles les rehaussent par la chaussure. Dieu les a fait belles, cela ne leur suffit pas, elles se font jolies.
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LETTRE XXXIX (suite)
Lausanne, 22 septembre, (1839) 10 heures du soir.

C’est à Lausanne, cher Louis, que j’achève cette interminable lettre. Un vent glacial me vient par ma fenêtre ; mais je la laisse ouverte pour l’amour du lac, que je vois presque entier d’ici. Chose bizarre, Vévey est la ville la plus chaude de la Suisse, Lausanne en est la plus froide. Quatre lieues séparent Lausanne de Vévey ; la Provence touche la Sibérie. (...) Lausanne n’a pas un monument que le mauvais goût puritain n’ait gâté. Toutes les délicieuses fontaines du quinzième siècle ont été remplacées par d’affreux cippes de granit, bêtes et laids comme des cippes qu’ils sont. L’Hôtel-de-Ville a son beffroi, son toit et ses gargouilles de fer brodé, découpé et peint ; mais les fenêtres et les portes ont été fâcheusement retouchées. Le vieux château des baillis, cube de pierre rehaussé par des mâchicoulis en briques, avec quatre tourelles aux quatre angles, est d’une fort belle masse ; mais toutes les baies ont été refaites ; (...) La cathédrale est un noble édifice du treizième et du quatorzième siècle ; mais presque toutes les figures ont été soigneusement amputées ; mais il n’y a plus un tableau ; mais il n’y a plus une verrière ; mais elle est badigeonnée en gris de papier à sucre ; mais ils ont pauvrement remis à neuf la flèche du clocher de la croisée, et ils ont posé sur le clocher du portail le bonnet pointu du magicien Rothomago. (...) Dans l’intérieur, je me trompais, il reste un vitrail, celui de la rosace. Ils ont respecté aussi un charmant banc d’œuvre de la transition, mêlé de gothique fleuri et de renaissance (...).

Quand je suis sorti de l’église, la nuit tombait, et j’ai encore pensé à vous, mon grand peintre (...). J’étais sur l’esplanade de l’église, devant le portail, et pour ainsi dire sur la tête de la ville. (...) Vous avez remarqué comme moi que, le soir, les nuées refroidies s’allongent, s’aplatissent et prennent des formes de crocodiles. Un de ces grands crocodiles noirs nageait lentement dans l’air, vers l’ouest ; sa queue obstruait un porche lumineux bâti par les nuages au couchant ; une pluie tombait de son ventre sur Genève ensevelie dans les brumes ; deux ou trois étoiles éblouissantes sortaient de sa gueule comme des étincelles. Au-dessous de lui, le lac, sombre et métallique, se répandait dans les terres comme une flaque de plomb fondu. Quelques fumées rampaient sur les toits de la ville. Au midi, l’horizon était horrible. On n’entrevoyait que les larges bases des montagnes enfouies sous une monstrueuse excroissance de vapeurs. Il y aura une tempête cette nuit.
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Vous savez, mon ami, que, pour les esprits pensifs, toutes les parties de la nature, même les plus disparates au premier coup d'oeil, se rattachent entre elles par une foule d'harmonies secrètes, fils invisibles de la création que le contemplateur aperçoit, qui font du grand tout un inextricable réseau vivant d'une seule vie, nourri d'une seule sève, un dans la variété, et qui sont, pour ainsi parler, les racines mêmes de l'être. Ainsi, pour moi, il y a une harmonie entre le chêne et le granit, qui éveillent, l'un dans l'ordre végétal, l'autre dans la région minérale, les mêmes idées que le lion et l'aigle entre les animaux, puissance, grandeur, force, excellence.
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On voit ainsi apparaître des types d'habits ou de bagages inconnus au siècle précédent. Pour les déplacements d'une durée de quelques jours, la règle est de s'encombrer le moins possible. Le voyageur n'emporte qu'une paire de culottes très souples qui ne représente, une fois pliée, qu'un petit volume, une paire de bas de soie, deux chemises très fines, deux ou trois cravates, trois mouchoirs, une paire d'escarpins dans lesquels on loge une petite trousse contenant un rasoir, du fil, des aiguilles et des ciseaux.
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Lettre XXXIX Vevey-Chillon-Lausanne
Vevey, 21 septembre 1839
A Monsieur Louis B. (au peintre Louis Boulanger)

Moi, je suis à Vévey, jolie petite ville, blanche, propre, anglaise, confortable, chauffée par les pentes méridionales du mont Chardonne comme par des poêles, et abritée par les Alpes comme par un paravent. (...). Vévey n’a que trois choses, mais ces trois choses sont charmantes : sa propreté, son climat et son église. ― Je devrais me borner à dire la tour de son église ; car l’église elle-même n’a plus rien de remarquable. Elle a subi cette espèce de dévastation soigneuse, méthodique et vernissée que le protestantisme inflige aux églises gothiques. Tout est ratissé, raboté, balayé, défiguré, blanchi, lustré et frotté. C’est un mélange stupide et prétentieux de barbarie et de nettoyage. Plus d’autel, plus de chapelles, plus de reliquaires, plus de figures peintes et sculptées ; une table et des stalles de bois qui encombrent la nef, voilà l’église de Vévey.
Je m’y promenais assez maussadement, escorté de cette vieille femme, toujours la même, qui tient lieu de bedeau aux églises calvinistes, et me cognant les genoux aux bancs de M. le préfet, de M. le juge de paix, de MM. les pasteurs, etc., etc., quand, à côté d’une chapelle condamnée où m’avaient attiré quelques belles vieilles consoles du quatorzième siècle, oubliées là par l’architecte puritain, j’ai aperçu dans un enfoncement obscur une grande lame de marbre noir appliquée au mur. C’est la tombe d’Edmond Ludlow, un des juges de Charles Ier, mort réfugié à Vévey en 1698. Je croyais cette tombe à Lausanne. Comme je me baissais pour ramasser mon crayon tombé à terre, le mot depositorium, gravé sur la dalle, a frappé mes yeux. Je marchais sur une autre tombe, sur un autre régicide, sur un autre proscrit, Andrew Broughton. Andrew Broughton était l’ami de Ludlow. Comme lui il avait tué Charles Ier, comme lui il avait aimé Cromwell, comme lui il avait haï Cromwell, comme lui il dort dans la froide église de Vévey. ― En 1816, David, en fuite comme Ludlow et Broughton, a passé à Vévey. A-t-il visité l’église, je ne sais ; mais les juges de Charles Ier avaient bien des choses à dire au juge de Louis XVI. Ils avaient à lui dire que tout s’écroule, même les fortunes bâties sur un échafaud ; que les révolutions ne sont que des vagues, où il ne faut être ni écume ni fange ; que toute idée révolutionnaire est un outil qui a deux tranchants, l’un avec lequel on coupe, l’autre auquel on se coupe ; que l’exilé qui a fait des exilés, que le proscrit qui a été proscripteur, traînent après eux une mauvaise ombre, une pitié mêlée de colère, le reflet des misères d’autrui flamboyant comme l’épée de l’ange sur leur propre malheur.
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